Un roi sans divertissement est d'abord un roman de Jean Giono, publié en 1947, et faisant partie des "Chroniques romanesques". Dans le décor majestueux des Alpes, dans les environs de Grenoble, l'auteur retrace les traques d'un loup et d'un tueur en série, que le Capitaine Langlois va tenter de démasquer. Sous les dehors du polar, le livre est avant tout une réflexion métaphysique. C'est Jean Giono lui-même qui signe le scénario du film, qui devait d'abord s'intituler Un loup qui s'ennuie.
Le passage de l'écrit à l'écran a été une cure de jouvence pour les personnages : ainsi, Clara, prénomée Saucisse dans le roman, n'y est pas âgée de 20 mais de 60 ans ! L'histoire qui se nouait entre elle et Langlois avait d'autant plus de sens qu'ils étaient tous deux âgés -Langlois a en effet 56 ans dans le roman. Mais pour la version cinématographique, Jean Giono a choisi de rajeunir ses personnages, et d'intégrer entre eux une réelle tension amoureuse.
Très impliqué dans l'adaptation de son livre, Jean Giono s'est offert un rôle très... impressionnant : c'est lui qui prête sa voix aux monologues intérieurs, en voix-off, de l'assassin.
Le tournage a eu lieu durant l'hiver 1962, dans l'Aveyron, sur le plateau d'Aubrac, et plus précisément dans le village Les Hernaux. Les conditions de tournage en extérieur ont souvent été rudes : les températures avoisinaient le plus souvent zéro.
Jean Giono a tenu à ce que la forme visuelle du film soit fidèle à son roman. Aussi la couleur rouge -qui a une importance toute particulière dans le roman- ne pouvait-elle apparaître que sur certains détails : la cape de l'enfant qui accompagne le procureur, le point de cadastre qui marque l'emplacement exact du hêtre, le sang de l'oie sur la neige, la tache sur la table de Clara (de la grenadine), le sang de Langlois sur la neige... Hormi ces quelques points de couleurs, l'auteur voulait que le film soit presque en noir et blanc, avec le blanc de la neige et le gris des décors. Les pierres rouges des maisons ont ainsi été dissimulées par de la boue et de la neige et les joues des acteurs, rosies par le froid, ont été recouvertes d'un maquillage verdâtre, pour avoir une couleur pâle à l'écran.
Lors de sa sortie en 1963, le film a été un réel échec. Le public s'attendait en effet à trouver une adaptation fidèle du roman de Jean Giono. Pour essayer de redonner un souffle au film, il a été rapidement rebaptisé La Poursuite, mais le succès n'a pas suivi pour autant. Au bout de trois semaines, le film n'était plus à l'affiche.