Le Costume : les secrets du tournage

Le réalisateur Bakhtiar Khudojnazarov décrit son long métrage comme "une tragi-comédie" sur la notion du paraître, notion particulièrement présente chez les jeunes russes. "Mes trois héros, par cette obsession du paraître symbolisée par le costume, sont en quête de paillettes, de superficialité à cause desquelles ils sont à deux doigts de verser dans le banditisme", explique le cinéaste d'origine russe. "On a tous connu ce besoin d'être bien habillé, or ce besoin passe, en Russie, par des marques forcéments importées car, quelle que soit la qualité de la production nationale, elle ne représente rien dans l'imaginaire des jeunes."

Pour Le Costume, qui traite du passage délicat à l'âge adulte chez de jeunes russes, le réalisateur Bakhtiar Khudojnazarov n'hésite pas à citer François Truffaut comme l'une de ses principales influences. Pour lui, Truffaut est l'un de ces artistes "abordant cet âge de la vie et décrivant des existences misérables, mais néanmoins radieuses. Parallèlement à ces films, j'avais envie de montrer des choses que j'avais vécues moi-même adolescent et que je retrouve aujourd'hui chez les jeunes, même si le cinéma russe que je vois ne rend guère la vie et les attentes de cette génération."

Le Costume est le premier long métrage que Bakhtiar Khudojnazarov tourne en dehors du Tadjikistan, son pays d'origine. Quand on lui demande d'expliquer les raisons de ce changement, le cinéaste met en exergue la situation géopolitique de ce petit pays de l'Est : "Tout d'abord, il est devenu extrêmement difficile de tourner là-bas, mais surtout je ne m'y sens plus en sécurité. Quels que soient les arguments qu'on m'avance pour que j'y retourne, je ne le souhaite pas pour l'instant. J'ai donc tourné ce film en Crimée, au bord de la mer Noire, car je trouve dans les paysages de cette presqu'île une ressemblance très forte avec ceux que j'ai connus dans mon pays."

Le Costume a été présenté à la Berlinale 2003 dans la sélection officielle Panorama. C'est la seconde fois que le cinéaste Bakhtiar Khudojnazarov voit l'un de ses films projeté à la manifestation allemande : en 1991, Bratan, le frere avait concourru au Forum du Festival de Berlin.