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Emmanuel Cockpit
60 abonnés
925 critiques
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4,0
Publiée le 4 octobre 2024
La réussite et le pouvoir sont traités dans ce film noir de manière machiavélique, interprété par un Michel Piccoli glacial, odieux et perfide. L’ascendant violent d’un patron qui remplace un père absent nous emporte dans une histoire malsaine où l’employé est hypnotisé et met en péril sa relation amoureuse. Le film a 50 ans, il est cependant toujours d’actualité.
Tiré d'un roman de Jean Marc Roberts, très populaire dans les années 80 le film est plutôt réussi. Le face à face : Piccoli , Gérard Lanvin est efficace, avec comme d'habitude Piccoli parfait en homme cynique et cruel. Lanvin est bien dans son rôle d' homme soumis. Nathalie Baye fait une bonne prestation , Un bon film.
Michel Picoli incarne à la perfection ce patron maitre dans l’art de déployer ses mécanismes d’emprise et de cannibalisation sur ses employés. Mais ne soyons pas naïf, tout sadique trouve ses proies, elles-mêmes vulnérables et volontaires pour se mettre dans une position de masochisme. La subordination aveuglée de Louis, pris dans le délire névrotique de reconnaissance pour se faire une place dans le clan des loups dominants, est magistralement joué par Gérard Lanvin. Ce film est une démonstration de ces organisations d’entreprises, où le pouvoir irrigué d’une idéologie capitaliste patriarcale, qui subsiste toujours à grande échelle de nos jours, s’exprime par le cynisme, la manipulation, la perversion, les comportements délirants de ces patrons. Ces puissants pervers narcissiques usent de leur domination de part leur pouvoir dans l’échelle sociale, obsédés par le profit et toujours en quête d’expériences qui fassent gonfler leur ego déviant. Ces prédateurs (directeur, manager…) savent s’entourer de béni-oui-oui et de larbins se prosternant avec reconnaissance aveugle, intéressés, vaniteux, s’étant convaincu eux mêmes servir leur dieu vivant (leur patron) dans un dévouement illimité. Nathalie Baye incarne le discernement, la lucidité, l’intelligence féministe, l’agir par son libre arbitre, nous offrant ainsi la bouffée d’oxygène face au délire des hommes encravatés. Un film métaphore du Père ravage, tyrannique et machiavélique. Un film unique à montrer dans toutes les formations de psychologie du travail et à regarder absolument par ceux et celles qui veulent se sortir de l’emprise de leur patron.
Louis Coline (Gérard Lanvin) est le mari de la charmante Nina (Nathalie Baye) et travaille comme agent publicitaire dans une entreprise. Sa vie professionnelle est confortable mais terne...jusqu'à ce que débarque le nouveau patron : le redoutable Bertrand Malair (Michel Piccoli) accompagné de ses deux bras droits (Jean-Pierre Kalfon et Jean-François Balmer). Coline est aussitôt fasciné par ce personnage énigmatique et charismatique qui le prend sous son aile et va bientôt faire de lui une sorte d'esclave consentant. Tombé sous l'emprise de ce pervers narcissique, le jeune homme bascule dans une dépendance affective destructrice...Sorti en 1981 et réalisé par Pierre Granier-Deferre, "Une étrange affaire" est une réussite remarquable. Outre l'étude surprenante d'un cas pathologique et une réflexion pertinente sur le monde du travail (assimilé à une secte), ce film baigne dans une atmosphère particulièrement étrange (le titre ne ment pas), à la fois malaisante et feutrée, pleine de sous-entendus et de zones d'ombre. Plusieurs points restent d'ailleurs sans explication : qui est la troublante Salomé ? On sent bien qu'elle est elle aussi une victime de Bertrand Malair, mais son rôle et sa présence restent nimbés de mystère. Quant au personnage interprété par JP Kalfon, il est presque aussi inquiétant que son employeur qu'incarne Michel Piccoli avec une subtilité parfaite. Plus de quarante ans après sa sortie, "Une étrange affaire" s'impose comme une œuvre marquante du cinéma français et européen, non seulement sur le plan artistique mais également en tant qu'analyse psychologique et sociétale.
Ce film est un film culte pour les professionnels de la psychiatrie et de la psychologie sérieuse.C'est exactement la description du pervers narcissique au vrai sens du terme à l'inverse de l'image populaire galvaudée par les médias ,notamment les magazines féminins.Picolli offre une interpretation magistrale d'une précision clinique.Non pas démodé,intemporel.
4 541 abonnés
18 103 critiques
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4,0
Publiée le 23 octobre 2021
Ce film est timide un de ceux sur lesquels vous tomberez par une nuit d'insomnie sur une obscure chaîne de télévision. Et vous vous trouverez attiré par son ambiance et ses personnages maladroits vérifiez la performance de Jean Pierre Kalfon qui est étonnante ici. En vérité Une étrange affaire est un chef-d'œuvre étrange et je n'ai pas honte de dire qu'il aurait pu être un film de Kubrick dans la façon dont il dépeint extrêmement précisément la relation entre un roi et sa cour et le comportement des disciples de la cour à l'esprit tordu et comment cette relation peut fonctionner aujourd'hui dans une démocratie. Piccoli est à son meilleur de même que Balmer et Kalfon (deux acteurs français très sous-utilisés) et c'est probablement le meilleur film de Lanvin (si vous êtes un de ses fan). Le film est cruel et montre avec quelle facilité un homme peut se faire tordre le cou que ce soit par un PDG ou dans le contexte d'une grande entreprise ou par n'importe qui à n'importe quel niveau supérieur et combien les moyens à utiliser sont faibles et bon marché. En cette nuit d'insomnie essayez de rester éveillé regardez le et vous ne le regretterez pas...
Encore très marqué par la manière du cinéma français des années 70, ce film de Granier-Deferre entretient une atmosphère étrange (comme l'indique si justement son titre) autour d'une relation patron-employé finissant par devenir une espèce de relation père-fils des plus malsaines. Dans l'ensemble, les acteurs du film s'en sortent plutôt bien, les finesses d'écriture sont nombreuses, seul le style très feutré et lancinant de la mise en scène accuse le poids des années. D'autres, en ce temps-là, en auraient tiré la matière d'un polar efficace, mais cette comédie dramatique tire quand même son épingle du jeu.
Une étrange affaire est un vieux film ennuyeux , normal c'est avec Michel Piccoli, qui avait le don de rendre tous les films ennuyeux encore plus ennuyeux. La seule emprise du film, pusique c'est le sujet, est l'emprise de l'ennui. A réserver aux personnes qui aiment s'ennuyer.
Tiré du roman de Jean-Marc Roberts, un drame psychologique troublant qui dresse le récit fascinant de la relation ambiguë et malsaine entre un nouveau patron et son employé, portée par l’excellente interprétation d'un Michel Piccoli en gourou tyrannique face à Gérard Lanvin parfait, bien secondé par un casting séduisant.
Ce film est envoutant, envoutant dans le mauvais sens du terme. C'est une spirale infernale vers l'enfer de la relation entre un pervers narcissique mégalomane et un jeune ambitieux en recherche d'une figure paternel.
C'est Magnifique d'interprétation. Les acteurs sont d'une justesse surprenante. Piccoli est au sommet de son art.
Scénario : 3,75/4 Mise en scène : 1,75/2 Montage: 0,75/1 Musique: 1/2 Photo/effets : 1,75/2 Casting: 2/2 Jeux d'acteurs : 1/1 Coup de coeur : 5,5/6 Total: 17/20
Une histoire très originale, trouble et troublante. C'est l'histoire d'une fascination, d'une vampirisation et d'une disparition. Fascination d'un jeune homme, avide de reconnaissance, pour un père putatif, ou fascination homosexuelle latente, on ne sait trop. Vampirisation de l'individu par le monde de l'entreprise. Disparition à soi-même dans l'acceptation d'une soumission totale et disparition aux autres (épouse, famille) au profit d'une relation exclusive. Au final, c'est l'histoire d'un homme qui, désireux d'être quelqu'un, finit par n'être plus personne… Formidable richesse thématique pour ce film qui est l'adaptation d'un roman de Jean-Marc Roberts, "Affaires étrangères". Gérard Lanvin et Nathalie Baye y sont très bien, tandis que Michel Piccoli atteint un sommet dans sa carrière, en patron-gourou, monstre d'ambiguïté déstabilisante, de subtilité retorse, d'audace désarmante, de perversité soyeuse, de mystère inquiétant... Le scénario est parfaitement construit autour de lui. Seule la réalisation est sans surprise, hélas. Ce qui n'empêche pas l'ensemble de marquer fortement l'esprit.
Pierre Granier-Deferre réalise une direction d'acteurs et une mise en scène sans faille pour cette Comédie dramatique à la progression traumatique constante. La noirceur psychologique est tellement bien montrée qu'elle en devient difficilement supportable. Si le scénario donne une ambiance malsaine au film, la réalisation nous propose fort heureusement un casting de choix : il nous offre une belle composition de Gérard Lanvin, et une très belle prestation de Nathalie Baye à juste titre Césarisée pour ce second rôle. Jean-Pierre Kalfon et Jean-François Balmer ne déméritent pas non plus, dans cette liste de remarquables personnages annexes. Quand à Michel Piccoli, lui aussi honoré à Berlin pour ce rôle, il éclate de prestance dans sa compostions d'odieux charmant.
Je ne dirais pas comme d'autres qu'il s'agit du meilleur film de Granier-Deferre (je lui préfère Adieu Poulet), mais ce film crée une ambiance profondément malsaine et nous fait réfléchir de façon métaphorique sur les perversités du monde de l'entreprise. C'est grâce à cette approche métaphorique que le discours éminemment politique passe bien. Dénoncer ces mêmes phénomènes de façon directe serait pénible. Là on navigue presque dans un rêve qui nous mène par l'absurde à mieux saisir l'ambivalence des relations de travail dans un contexte où l'humain est caressé dans le sens du poil afin de mieux le mobiliser. Outre le grand Michel Piccoli et la belle prestation de Gérard Lanvin, parfait de lâcheté, ainsi que de Nathalie Baye, la prestation de Jean-François Balmer (à l'époque encore mal reconnu) et surtout celle de Jean-Pierre Kalfon, plus fou encore qu'en d'autres occasion, donnent au film une épaisseur psychologique et accroît le malaise si salutaire lorsque l'on aborde certains sujets.
Osons le dire : ce film a beaucoup vieilli. Certes, il ne cache rien, jusqu'à la caricature, de ce que peuvent être les relations maitre esclave dans une entreprise mais la réalisation est vraiment molle et l'interprétation pas franchement satisfaisante, à l'exception de Jean-Pierre Kalfon.
J’avais vu ce film au cinéma à sa sortie… Et il était déjà dérangeant. Quarante ans plus tard - il vient de repasser à l'occasion du décès de Michel Piccoli -, on se rend compte qu’il fallait le voir comme une anticipation, une mise en garde. On est en 81. La crise est là depuis moins de dix ans, ses conséquences sociales sont présentes mais on se laisse encore bercer par un discours politique ouaté. Auteur et metteur en scène avaient cependant très bien perçu, analysé et montré la nature des choses qui allaient se mettre en place dans les entreprises au cours des années suivantes et qui allaient conduire aux drames : compétitivité pour la compétitivité, paternalisme malsain, harcèlement moral (on y évoque le suicide de salariés virés...), manipulation, cynisme (désinvolture et jugements émis par Jean-Pierre Kalfon), déshumanisation, déstabilisation permanente et négation du libre arbitre ("On est bien d'accord vous et moi ?"), négation de la vie privée (ça, pas besoin de le décrire, c'est tellement évident), stérilisation du travail ("On vend mieux les choses qu'on ne connaît pas", la scène du ventilateur du ventilateur en panne pour dire que ce n'est pas la production qui compte - on s'en moque, c'est une péripétie qui se gère avec le service client -, mais les rapports de pouvoir… Tout y est ! On se demande même si le patronat n'a pas pris le personnage de Malher au pied de la lettre pour l’imiter à l'envi.