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Un visiteur
4,0
Publiée le 7 septembre 2008
un scénario original sur le thême de la manipulation et de l'assujetissement d'un petit cadre ambitieux, assez délicat car si on n'entre pas dans le film on peut rapidement décrocher mais la réalisation est bonne et l'interprétation de Piccoli énorme.
Le meilleur film d'un excellent artisan du cinéma français. Magistralement écrit et interprêté, cette ETRANGE AFFAIRE nous plonge dans les enfers de la manipulation et de la fascination. Où comment travail et ambition alliènent jusqu'à la destruction un cadre moyen (Gérard Lanvin dans l'un de ses meilleurs rôles). Grinçant et sarcastique, le ton décallé introduit le trouble dans un univers sage, et ose dans la dernière partie de vraies scènes profondément malsaines, où, nu, le Gourou se mesure à sa victime consentante à l'intimité détruite. Ames damnées, Jean François Balmer et Jean Pierre Kalfon se surpassent. Quant à Piccoli, magistral, exceptionnel, il trouve là son rôle le plus grand. Une très belle oeuvre, à voir et à revoir
Sur un vague air de Claude Sautet, Pierre Granier-Deferre signe «Une étrange affaire» (France, 1981). Dans le quotidien morne de Louis, jeune publicitaire (Gérard Lanvin), l’arrivée d’un président (Michel Piccoli) vient bousculer ses habitudes. De ce postulat, Granier-Deferre extrait un film plus profond qu’il n’y semble. Entre les plans aux allures de nature morte, le cinéaste développe l’intrigue d’un homme dont le travail devient pour lui plus intime que son couple. S’il en vient à perdre sa fiancée, c’est qu’il devient moins réticent au corps nu de son patron qui se rase qu’au corps dénudé et excitant de sa femme. Ce qui, dans le film, fait sa profondeur, c’est le processus engagé par le milieu du travail qui s’opère comme un mystère. L’interprétation, parfaite faut-il le dire, de Michel Piccoli renferme un délire, une sorte d’hallucination. Son personnage apparaît comme le messie d’un murmure, dont l’apparence ne se fait qu’après en avoir tant parlé. La curiosité de son personnage s’accroit à mesure que Louis se corrompt dans son métier, perd la notion des valeurs et se plonge dans son œuvre davantage que dans sa vie. Il y a dans la relation quasi-paternelle des deux hommes, une sorte de vampirisation. Plus le jeune publicitaire s’assujettit au volonté du vieux patron, plus il s’affaiblit. Et une fois le travail pompé, le patron disparait. De lui ne restera plus qu’un halo furtif dans un appartement vide. La pâle tiédeur avec laquelle Granier-Deferre met en image ce monde où les valeurs s’intervertissent voire s’écroulent ankylose quelque peu le film. La valeur politique de l’étrange affaire du film le soutient suffisamment. Mais c’est cette apparente nonchalence formelle qui obstrue l’œuvre. Toutefois a qui sait percevoir le rapport moribond qui lie Louis à son patron, «Une étrange affaire» saura révéler sa vertu politique, peut-être avec plus de poésie qu’un film de Chabrol.
Une petite merveille de psychologie ; Piccoli est souverain, flanqué de ses deux collaborateurs Kalfon et Balmer, tous deux excellents ; Lanvin est très touchant, fasciné par ce père de substitution aussi séduisant que pervers. Mon film préféré.