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chrischambers86
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5,0
Publiée le 12 avril 2011
Les six dernières annèes de la vie du grand Kenji Mizoguchi furent particulièrement riches en chefs d'oeuvre, en tête desquels il faut placer "La vie d'O'haru, femme galante", qui contient de grandes beautès! Superbement photographiè, Mizoguchi filme en miniaturiste et prouve dèfinitivement qu'il est l'un des maîtres du cinèma japonais, où il met admirablement en scène les aventures de O'Haru, descendante d'une noble lignèe de samouraïs, devenue courtisane, avec ses malheurs et ses persècutions! Dans le rôle de cette femme qui finira de la manière la plus misèrable, Kinuyo Tanaka est inoubliable! il faut ici accepter la lenteur et l'absence de progression dramatique pour pouvoir adhèrer à ce diamant brut du cinèma japonais qui reçut en 1952 un prestigieux Ours d'argent au festival de Berlin...
Ardant défenseur de la cause des femmes. Mizoguchi dépeint un Japon médiéval ou règne l'injustice des hommes. Construit sur un grand flash-back le film captive par le beauté de sont noir et blanc et par la précision implacable de ses cadres. Le réalisateur sait donner à l'histoire une intensité poignante.
Film japonais poignant s'il en est ! Une femme commet un acte inqualifiable dans le Japon féodal : avoir une relation avec un homme de caste inférieure. Une lente descente aux enfers commence alors pour elle. Tous ceux qu'elle rencontre la traitent en fonction de leurs intérêts égoïstes et immédiats : donner un héritier à une illustre famille et la chasser dès que l'objectif est atteint, coucher pour quelques pièces, se sentir grandi en l'humiliant publiquement... La société patriarcale hyper codifiée du Japon est irrespirable de rigidité, de bigoterie, de code d'honneur perverti et de jalousie mal assumée. L'accumulation de malheurs que traverse O'Haru donne le tournis et parait même parfois un peu artificielle. Mais le jeu des acteurs et la mise en scène font de ce film bercé par une musique japonaise aussi jolie que triste une œuvre féministe à voir.
Histoire intéressante d'une femme, de sa vie, de ses amours, de ses combats. Mais au delà de cela, Mizoguchi, en sa qualité de formidable metteur en scène, réalise une magistrale peinture de la société japonaise d'antan. L'amour est bani; au point que le monde se transforme en chaos inimaginable : pas de pitié, on ne peut plus sortir sans se faire assassiner, pas de justice, l'argent plus fort que tout, les parents qui protistuent leurs enfants. La mise en scène est d'une qualité incontestable selon toutes les composantes (gestion du mouvement, acteurs, plans, sons et musiques). Celle-ci donne au scénario toute sa valeur et à la réflexion toute son émotion. Petite réserve, on préférera tout de même "Les contes de la lune vague après la pluie", " =L'intendant Sansho" ou "Les contes des chrysanthèmes tardifs" Excellent film qui pourrait bien se voir accorder le titre de "Coup de maitre". (15.5/20)
Lorsque Mizoguchi vint à Venise pour présenter «La vie d'Oharu, femme galante» (1952), on l'y congratula en lui disant que ses films étaient aussi beaux que ceux de William Willer. Surpris, Mizoguchi répondit qu'il ne connaissait pas le réalisateur américain, sur quoi on l'invita à découvrir, le soir même, un film de Willer dans une salle de la ville. Mizoguchi accepta et, le soir venu, au sortir de la salle, il affirma de manière lapidaire à son scénariste qui l'interrogeait sur ses impressions: «ça va, je n'ai rien à craindre!»... Prétentieux, diront certains. Peut-être. Mais surtout lucide et ... tellement vrai. À mes yeux, Mizoguchi est en effet l'un des dix plus grands réalisateurs de l'histoire et «La vie d'Oharu» en est une éclatantes illustration, ... parmi tant d'autres. Le film, qui raconte comment une jeune fille de petite noblesse connaît une déchéance progressive jusqu'à devenir une prostituée de bas étage, constitue l'une des plus violentes dénonciations de la condition de la femme dans le Japon traditionnel, l'un des thèmes favoris du réalisateur. La thèse de celui-ci est en effet que, dans le Japon féodal, l'homme, qu'il soit le père, le seigneur, le mari, l'amant, le client, voire le fils, traite toujours la femme comme une marchandise et la ravale, ce faisant, au rang d'esclave ou de prostituée. Et la thèse est ici défendue dans une splendide tragédie lyrique qui mobilise toutes les ressources de l'art du réalisateur. Composition du plan, mouvements de caméra, montage, photographie, musique, tout ici est parfait! On retiendra, en guise d'exemple, les deux séquences dans le temple aux mille Bouddhas, qui servent de prologue et d'épilogue; et en particulier, la seconde, où Oharu et ses compagnes constatent en riant que les visages des Bouddhas ont l'expression de tous ces hommes qu'elles ont connus et qui les ont humiliées: charge finale de Mizoguchi contre le ciment religieux de la structure patriarcale qu'il dénonce! Inoubliable!
Mizogushi n'a pas toujours de la chance avec les versions numérisées de ses œuvres, qui paraissent souvent sous-exposées (cf. les amants crucifiés) et c'est malheureusement le cas ici. D'où l'impression d'une nuit ou d'un crépuscule perpétuel et grisâtre. Ceci étant c'est incontestablement un grand film avec une structure un peu bizarre: exposition, retour en arrière pour les trois quarts du film avec des scènes successives un peu comme au théatre, séparées par des "fondus au noir" et sans lien entre elles, si ce n'est que cela suit la chronologie. puis retour au début et finale extraordinaire. Il y a des moments où ce n'est pas évident à suivre! L'actrice principale manque un peu de charisme.
Le destin de cette femme se résume dans cette scène avec la vieille dame qui chante. O'haru écoute dépitée, adossée à la colonne: "mon être n'est que lamentation, la vie peut l'abandonner". Terrible prémonition pour la jeune fille humiliée et repoussée tant de fois, sur qui le malheur s'acharne, qui ne peut se révolter dans le Japon de cette époque et qui doit subir sa destinée sans broncher. Vraiment très beau et émouvant. Pour ceux qui voudraient aller plus loin, on peut le comparer avec le sublime mélo "Madame X" avec la non moins sublime Lana Turner
Mizoguchi aura changé plusieurs fois de studio au début des années cinquante pour parvenir à adapter "Une femme de plaisir" du poète Saikaku Ihara. Le succès mondial de "Rashomon" d'Akira Kurosawa (Lion d'or à Venise et Oscar du meilleur film étranger en 1951) rend les choses possibles pour le réalisateur au sein de la société Koi Production. La vue du film nous fait aisément comprendre l'acharnement de Mizoguchi à vouloir porter cette œuvre à l'écran. On y retrouve toutes les préoccupations du réalisateur et la possibilité pour lui d'offrir un écrin somptueux au talent de Kinuyo Tanaka son actrice favorite qui trouve ici le rôle de sa vie. Au XVII ème siècle, O'Haru (Kinuyo Tanaka) vieille prostituée entrée dans une église où lui font face d'innombrables statues de Bouddha lui rappelant la multitude de ses clients, se remémore son douloureux parcours de jeune fille de la petite noblesse devenue prostituée des quartiers miséreux. Un peu à la manière d' "Au hasard Balthazar" de Robert Bresson qui en 1966 décrira l'ignorance et la méchanceté des hommes à travers les portraits des différents propriétaires d'un âne au sein d'une vallée pyrénéenne, Mizoguchi dépeint via le parcours d'O'Haru, la prédestination des femmes japonaises à être l'objet des hommes. Quelques soient les rencontres d'O'Haru, père, patron, amant, mari, fils ou client, c'est au statut d'esclave que sa condition de femme la renvoie sans coup férir. La comparaison de prime abord un peu osée avec l'animal ne parait pas si incongrue. Comme pour l'âne Balthazar, les rares moments de bonheur sont rapidement réprimés pour permettre à la grande roue du malheur de se remettre en mouvement. Mizoguchi dont la sœur avait été vendue comme geisha par son père alors qu'il avait cinq ans n'aura de cesse de mettre en scène des héroïnes dont le parcours sera sans fin entravé par la domination impitoyable de l'homme. O'Haru portée par une Kinuyo Tanaka à son sommet représente sans aucun doute la somme de toutes les femmes mizoguchiennes, celle qui resterait s'il fallait n'en retenir qu'une. Toujours fidèle au plan-séquence qui installe une certaine distance, Mizoguchi n'entend en rien souscrire à un pathos larmoyant qui risquerait d'amoindrir un tant soit peu la dignité de son héroïne. Le film rencontrera un succès d'estime à la Mostra de Venise en 1952 (International Award partagé avec "Europe 51" de Roberto Rossellini et "L'homme tranquille" de John Ford), annonciateur du Lion d'argent pour "Conte de la lune vague après la pluie" un an plus tard.
Comment une courtisane a-t-elle pu tomber au plus bas de l'échelle sociale ? La Vie d'O'Haru femme galante, l'un des plus pathétiques de Mizoguchi, ne repose pas tant sur le fatalisme que sur l'incohérence des mœurs de la société japonaise médiévale, où une femme n'a le droit que de se taire (c'est un honneur donné par le grand Seigneur qu'O'Haru soit sa mère !), et où l'amour entre les classes est tabou : la descente aux enfers a commencé dès qu'un homme a posé son regard sur O'Haru (le bal des malheurs s'ouvre sur une romance aux accents tragiques avec Toshirō Mifune). Entre le déshonneur, les pires humiliations, O'Haru perd sa fierté (elle qui, dans une scène mémorable, jetait l'or d'un client à sa figure en y joignant le mépris le plus cinglant, finit des années plus tard à s'agripper au moindre passant, potentiel client, et accepte l'argent d'un vieux qui l'insulte). Cette fierté est parfois ambiguë, O'Haru ne manquant pas d'une certaine hypocrisie : elle lève la tête devant son patron pour tomber à ses genoux une minute après et quand la situation tourne à son avantage, elle ne se prive pas de rehausser le menton. Mais la succession des échecs aura raison de sa superbe. Pour marquer profondément la déchéance, Mizoguchi la narre en flash-back : c'est d'autant plus impressionnant de voir à quel point elle peut remonter (elle devient grande concubine et se fait renvoyer dès qu'elle a rempli le job de donner un héritier, se marie avec le meilleur des hommes qui se fait assassiner peu après etc.) et chuter à chaque fois que sa condition précédente se fait connaître. Mizoguchi, virtuose de la composition des plans, ne fait que renforcer par de violents plans-séquences (le choix d'une concubine par le messager s'effectue comme une revue pour l'achat d'un cheval ou le contrôle de vulgaires marchandises) ou bien suggère par des plans larges l'isolement du personnage au milieu de ruines humaines.
Encore une merveille à la Maison de la Culture du Japon à Paris. Encore une merveille due au grand Kenji Mizoguchi, totalement fascinante. Qui nous fascine, malgré un certain nombre d'imperfections, qui à la revoyure, sautent aux yeux: Le mélo poussé à son extrême car, chaque fois que la pauvre O'haru croit s'en sortir, une nouvelle catastrophe s'abat sur sa tête.... Le manque de caractérisation psychologique de O'haru, dont on ne sait rien, finalement: elle n'est qu'un archétype, l'archétype de la femme victime, exploitée.... L'empilement de trois "fausses fins" Le jeu théâtral, assez artificiel, des acteurs. Malgré tout cela, on est envoûtés. Et quelle dénonciation de la condition féminine au Japon! En quelle période, au juste? Sous l'ère Edo, certainement, puisqu'on mentionne les relations familiales entre le seigneur local et le shogun Tokugawa. J'y ai relevé aussi une pointe d'anticléricalisme: quel manque de compassion chez la nonne bouddhiste auprès de laquelle O'haru espère retrouver la paix..... Il y a également une scène fulgurante où O'haru, vieillie, pénètre dans un temple et, devant l'alignement de tous ces bienheureux, crie à ses compagnes de déchéance: "ça, des saints? regardez les! ils ressemblent aux hommes, à tous ces hommes qui sont passés dans nos vies......" O'haru est courtisane à la cour de Kyoto. Toute jeune, elle n'a pas vingt ans sans doute. Et elle tombe amoureuse d'un homme de basse classe. Cela se sait, et elle est chassée de la cour, à la grande fureur de son père. Mais une autre merveilleuse éventualité se présente à elle: la belle épouse du seigneur local ne peut lui donner d'enfant. Un fonctionnaire parcourt les villages pour trouver une jeune fille qui corresponde exactement aux désirs, très précis, du seigneur: c'est juste O'haru! La voilà s'imaginant mener la vie de luxe d'une première concubine, d'autant plus qu'elle accouche d'un fils. Hélas! les ministres trouvent que leur maître prend trop de plaisir avec O'haru, épuisant ses réserves vitales. la voilà renvoyée..... là, son père qui a évidemment échafaudé des plans sur la comète, est fou de rage. Une scène poignante montre O'haru, mendiant au bord d'une route, regardant passer l'enfant devenu un bel adolescent, dans un riche palanquin.... Entre temps, essayant de s'employer comme servante, elle est persécutée par ses patrons et finit par tomber dans la prostitution la plus sordide. O'haru, c'est Kinuyo Tanaka. J'ai vu passer au générique l'inévitable Toshirô Mifune..... mais n'ai pu l'identifier!! Oui, cinéma profondément humaniste, féministe, et envoûtant.....
Un cadrage ultra minutieux, une mise en scène précise. Une histoire poignante mais quelques longueurs qui alourdissent le rythme. Et le jeu des acteurs comme d'hab dans le cinéma de mizogushi est très théâtral.
Le meilleur film de Mizoguchi (avec Intendant Sansho). Un drame si bien écrit et réalisé ! Que dire du personnage principale si attachante où l'on veut son bonheur. Une claque !
Le destin tragique , d'une fille de bonne famille qui passera de fille indigne envoyé , elle et sa famille dans la campagne profonde à la génétrice du futur prétendant au trone du royaume , pour terminé sa vie comme prostitué puis mendiante . L'un des films phare de ce réalisateur , la vie d'Oharu est aussi un pamphlet sur la condition de la femme et de sa liberté , au milieu de famille aservi par le pouvoir et l'argent . Remplie de poèsie mais aussi de mélancolie , constitué de beaux plans et de mouvements de caméra interréssant et accompagné d'une bande musicale traditionnelle , ce film est considére par beaucoup comme un chef d'oeuvre , terme qu'il lui va comme un gant soyeux
Derrière la forme d'un pur mélodrame historique, Mizogushi brocarde une nouvelle fois la nature humaine. Enième portrait de femme, encore une fois soumise au diktat social et contrainte à la prostitution. Le cinéaste n'épargne que peu les personnages masculins, quasiment tous lâches, interessés et libidineux, O'Haru étant même vendue comme courtisane par son propre père. La scène, filmée en travelling arrière, où le messager du daimyo passe en revue toutes les courtisanes de Kyoto, les rend rend même grotesques. La description de la déchéance sociale progressive du personnage permet à Mizogushi d'offrir de nouveau une vision à charge d'une société japonaise culturellement très phallocratique et patriarcal. La multiplication des épreuves et des humiliations qu'endure le personnage sont ainsi toutes provoquées par soucis du conformise, de la bienséance, par malentendu, jalousie ou vengeance. Cette tendance culmine avec la terrible scène ou un prêtre expose O'Haru à un groupe d'hommes, faisant d'elle un exemple de ce qu'une vie de débauche peut provoquer comme ravages. Révoltante en elle-même, cette séquence, située à la fin du film, prend encore plus de force pour le spectateur qui connait le parcours de l'héroïne et les circonstances qui l'on amené à se prostituer.
Kenji Mizoguchi est un immense réalisateur qui, tout au long de sa carrière, n'a eu de cesse de dénoncer la condition des femmes dans la société japonaise, un thème malheureusement universel et intemporel, à l'image de la réalité actuelle (le film date de 1952). « La vie d'O'haru, femme galante » est un film captivant, sublimé sa photographie soignée et sa mise en scène délicate. Il nous plonge dans le Japon médiéval pour suivre le parcours tragique d'O'Haru, une femme issue de la noblesse, tombée en disgrâce et totalement à la merci des événements qu'elle ne peut contrôler ; dépouillée de son libre arbitre. La performance de l'exceptionnelle Kinuyo Tanaka qui incarne O'haru touche profondément, illustrant la descente inexorable d'une femme au sein d'une société impitoyable où l'amour est banni et la survie un combat de chaque instant. En acceptant sa lenteur narrative sublimée par la musique envoutante de Ichirō Saitō, j'ai découvert un diamant brut du cinéma japonais, récompensé d'un Ours d'argent à Berlin, interrogeant avec acuité la condition féminine. Ce film n'est pas juste une tragédie lyrique, mais une réflexion sur l'injustice et la résilience humaine face aux adversités d'une structure patriarcale rigide voire cruelle. WHITE FINGERS : LA PISTE SYSKIYOU (TOME 1) et LE CIMETIERE DES SQUAWS (TOME 2) (Amazon Kindle).