"Et puis un beau jour, j'ai eu 27 ans, l'âge qu'avait Pola quand elle était à Auschwitz. La distance m'est soudain apparue vertigineuse : je suis une femme vivant à Paris, qui n'a jamais connu la faim, le froid, la peur. Et elle, à mon âge, elle vivait sa shoah. Et là je me suis rendue compte de mon erreur : je ne savais rien. J'avais beau être née avec tout ça, j'avais beau avoir vu plein de films et lu plein de livres, j'étais profondément incapble de me représenter en toute conscience et en émotions, ce qu'avait vécu Pola quand elle avait 27 ans. Incapable de m'y identifier. (...) Faire un film c'était ça, au départ : scruter Pola au présent, pour voir où se cachait ce lourd passé."
Pola à 27 ans a failli s'appeler Mein Kind, "mon enfant" en allemand. Ce mot devait désigner la mère de la réalisatrice, à qui le film est dédié, et que Pola avait confié à un couple de Varsovie peu de temps avant d'être emmenée à Auschwitz. Pendant tout le temps où elle fut enfermée, elle s'accrocha à la pensée de celle qu'aujourd'hui encore, elle ne peut appeler autrement que mein kind.