Le film, de facture classique, jouit d'une mise en scène solide et d'une très solide interprétation, avec Paul Newman, Frederic March et Martin Balsam. L'histoire est l'attaque d'une diligence convoyant des personnages divers, qui ont tous en commun dêtre à la croisée des chemins et de vouloir changer de vie. On pense donc passer un très bon moment et admirer encore une fois les paysages magnifiques de l'Arizona. Le problème est que le film est tourné en 1967, et que le programme proposé est le pretexte à un pamphlet humaniste et un plaidoyer pour les minorités indiennes opprimées, très à la mode à cette période de grande contestation de la guerre du Vietnam et de la nouvelle société de consommation qui se met en place. Si ce discours a eu beaucoup de succés à ce moment là, et pendant plusieurs années après (et pas seulement aux Etats-Unis), force est de constater qu'il a beaucoup vieilli. Les poncifs proférés ont perdu de leur nouveauté, et leur naïveté font aujourd'hui sourire. Le scénario servant à illuster ce discours désuet et simpliste va alors accumuler les invraisemblances et les situations improbables. Les personnages deviennent tous monolithiques et caricaturaux, et sont destinés à subir l'oprobe (le docteur symbole du système fédéral corrompu et cynique), ou forcer l'admiration (la tenancière aux idées humanistes). Le film perd alors toute sa crédibilité et le final achève la leçon de morale. Lorsque l'idéologie prend le pas sur la création, on aboutit a des films, qui malgré de solides qualités, sombrent inévitablement dans le ridicule, puis l'oubli. Les critiques, chargés de véhiculer l'idéologie bien pensante pour conforter chacun dans rôle dans la société, et surtout légitimer la classe dominante, a bien entendu encensé ce film, non pas pour ces qualités esthétiques ou scénaristiques, mais pour le message qui les conforte dans leur fausses certitudes.