Only the strong survive a été présenté en 2002 à la Quinzaine des Réalisateurs, au Festival de Cannes. La même année, il a été projeté au Festival de Sundance.
Le point de départ du film est un concert-événement qui a eu lieu en 1999, à Memphis. Il s'agit d'un show caritatif organisé par le label High Stacks Records (dont le nom est tiré de deux fameux labels de soul Hi et Stax), afin d'aider le chanteur Luther Ingram, qui devait faire face au coût très élevé d'une opération de transplantation du rein. Plusieurs grands artistes de soul, de Rufus Thomas à Ann Peebles, se sont succédé sur scène pendant douze heures ! "C'était un vrai Woodstock de la soul du Sud", résume le producteur Roger Friedman. "Il y avait tant d'artistes et de prestations incroyables, qu'il a été difficile de n'en choisir que quelques-uns pour le long métrage..."
Only the strong survive est de nouveau le fruit de la collaboration entre D. A. Pennebaker et son épouse Chris Hegedus, tous deux documentaristes. Lorsqu'ils tournent à une seule caméra, c'est Pennebaker qui est derrière l'objectif, et Hegedus qui enregistre le son. Ensemble, ils ont créé la société de production Pennebaker Hedgus flms. Par ailleurs, le film est coproduit par Frazer Pennebaker, le fils de D. A. Pennebaker.
D. A. Pennebaker et Chris Hegedus ont déjà consacré d'autres longs-métrages à la musique. Ensemble, ils ont ainsi signé Searching for Jimi Hendrix à propos d'artistes qui reprennent le repértoire du guitariste légendaire, ainsi qu'un film consacré au groupe Depeche mode. En 2000, ils ont réalisé en compagnie de Nick Doob un documentaire intitulé Down From the Mountain, sur les musiciens qu'on entend dans O'Brother de Joel et Ethan Coen. Ils ont également réalisé les videos clips d'artistes tels que Suzanne Vega ou Randy Newman. Le film le plus célèbre de D. A. Pennebaker est Don't Look Back, qui suivait la tournée anglaise de Bob Dylan en 1965, mais il a aussi filmé une autre légende rock, David Bowie, dans Ziggy Stardust & The Spiders From Mars en 1973.
Only the strong survive est le titre d'une chanson composée en 1969 par Kenny Gamble, Leon Huff et Jerry Butler, qui l'a chanté sur son album The ice man cometh, sorti en 1969. Le titre est sorti à l'époque en single et s'est vendu à plus d'un million d'exemplaires. Ce morceau a également été chanté par Elvis Presley. Dans le film de Pennebaker et Hegedus, on entend Butler interpréter cette chanson lors d'un concert.
C'est Roger Friedman, connu aux Etats-Unis comme journaliste spécialisé dans le cinéma et le spectacle, qui a suggéré aux réalisateurs de s'intéresser à ces artistes mythiques de la musique soul. Il est le producteur du film.
Only the strong survive sort en salles trois mois après un autre documentaire sur la musique soul, Motown : la véritable histoire de Paul Justman, consacré aux Funk Brothers, et quelques semaines avant La Route de Memphis, de Richard Pearce, dans lequel on retrouvera Rufus Thomas.
L'un des moments forts du film est la réunion sur scène de Rufus Thomas et de sa fille Carla. Ils interprètent la chanson Night time is the right time. La réalisatrice Chris Hegedus se souvient : "C'était merveilleusement émouvant de les voir ensemble à nouveau, et de savoir que nous pouvions enfin les filmer, les rendre immortels pour les yeux et les oreilles du public d'aujourd'hui et de demain." Mais Rufus Thomas, décédé le 18 décembre 2001, juste après la fin du tournage, n'a jamais vu le film, qui lui est dédié.
Roger Friedman voue une admiration particulière à Jerry Butler, l'un des protagonistes du film : "Jerry a toujours été un peu mon héros. Ce que j'aimais chez lui, c'est qu'il travaillait toute la semaine dans la politique à Chicago, et que le week-end, il enfilait son smoking et partait donner des concerts dans tour le pays. je le voyais comme une sorte de Superman, se changeant dans sa cabine et s'envolant pour aller distraire les gens", s'enflamme-t-il.
L'équipe du film appréhendait la rencontre avec le grand chanteur de R&B Wilson Pickett, ainsi que l'explique le producteur Roger Friedman : "Nous étions nerveux : il courait sur lui toutes sortes de bruits, on disait qu'il avait tenté de tuer les Isley Brothers dans une cabane de chasse, qu'il avait été expulsé de l'Etat du New Jersey... Il a eu de gros problèmes de drogue dans les années 80. Les apparences étaient contre lui." Mais la cinéaste Chris Hegedus en garde finalement un bon souvenir : " Nous aurions parfaitement pu faire un film rien que sur lui. Découvrir le gospel selon Wilson Pickett aurait été très amusant, ce dont on se rend bien compte dans le film..."