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chrischambers86
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4,5
Publiée le 21 juillet 2019
L'un des grands films de Robert Bresson, analyse implacable de la sociètè paysanne française des sixties! Second cycle d'oeuvres du cinèaste commencè avec "Au hasard Balthazar" où un âne recueilli va mourir à petit feu par de mauvais traitements! Le titre lui même vient de la devise des comtes de Baux qui se disaient descendants du roi mage Balthazar, nom biblique par excellence, toute d'humilitè et toute de saintetè! Orgueil, avarice, sensualitè et le besoin de faire souffrir! Au hasard des maîtres entre les mains desquelles passe l'âne et dont il pâtit avant la mort! Premier film d'une immense actrice au visage gracieux qui a tournè avec les plus grands noms, Anne Wiazemsky! Et un regard fait pour le cinèma d'auteur! On n'oubliera pas de citer ègalement l'inoubliable musique de "Au hasard Balthazar" où l'âne, hèros du film, est symbolisè par le thème du mouvement lent de la « Sonate en la » de Schubert! Une sonate qui souligne d'èmouvantes sèquences avec l'âne victime où la mort chez Bresson revêt toujours un cèrèmonial exceptionnel...
Profondément chrétien, Robert Bresson âgé de 65 ans et parvenu au mitan d'une carrière qui l'a vu être reconnu comme l'un des maîtres du cinéma français malgré une œuvre âpre et confidentielle, livre sans doute avec "Au hasard Balthazar" (référence à l'hymne des comtes de Baux qui se disaient descendants du roi mage Balthazar) suivis de "Mouchette" (1967), ses films les plus amèrement lucides sur la nature de l'homme. Il y a en effet un immense fossé entre la sagesse proférée dans les écrits de l'homme, notamment dans les livres saints, et la réalité quotidienne de ses agissements. Trois siècles après Voltaire qui faisait voyager Candide à travers le monde pour constater la dangereuse illusion de la philosophie optimiste prônée par son maître Pangloss (référence au philosophe Leibniz), le cinéaste français entend rappeler à une génération de l'Après-Guerre illusionnée par les Trente Glorieuses triomphantes que non décidément : "Tout n'est pas pour le mieux dans le meilleur des mondes". C'est dans le règne animal qu'il choisira son Candide, avec Balthazar un âne qui n'aura pas besoin de faire le tour du monde mais seulement celui d'une vallée pyrénéenne pour découvrir à travers les souffrances infligées à son corps, l'étendue de la sauvagerie humaine. De ses premières années passées avec sa jeune maîtresse Marie (Anne Wiazemsky,petite fille de François Mauriac), il ne lui restera pas grand-chose une fois qu'il sera devenu en âge de travailler, passant de maître en maître pour servir de défouloir à leurs vices et à leurs frustrations. En la matière, l'éventail choisi par Bresson toujours fidèle à ses acteurs non-professionnels est varié. spoiler: De Gérard l'apprenti boulanger petit ami de Marie, cruel au point de torturer l'animal en lui enflammant la queue, jusqu'à un marchand cynique et cupide en passant par Arnold le vagabond abruti par l'alcool puis des forains pour qui l'animal n'est qu'un accessoire de spectacle (scène sublime où Balthazar pénètre dans la ménagerie d'un cirque et fait face aux animaux sauvages emprisonnés dont les sanglots lui laissent entrevoir qu'il n'est pas seul et peut-être pas encore le plus à plaindre) . Toujours stoïque et sans aucune capacité à se défendre, Balthazar assiste à la bêtise humaine. Souvent frappé, il est le témoin muet, celui qui est sans le vouloir le plus accusateur face à des humains comme lui privés de communication à défaut de parole. Ce récit picaresque funeste nous laisse pantois face aux ressources infinies développées par l'homme pour choisir si souvent le mal comme exutoire à une condition de mortel que Balthazar sans doute ignore. Marie la compagne des débuts retrouvera Balthazar à plusieurs reprises mais sa passivité et sa résignation ne seront d'aucun secours au pauvre animal qui finira son parcours terrestre sur un chemin de contrebande, frappé par une balle perdue. Qu'il est loin le temps de l'éden où l'homme était en complète harmonie avec la nature semble nous dire Bresson qui par ce cri d'alarme symbolisé par les braiments plaintifs de Balthazar nous conjure de reprendre notre vraie place sur Terre : celle d'un être vivant parmi les autres. Les démonstrations les plus simples sont souvent les meilleures, Bresson au cinéma épuré à l'extrême et souvent raillé pour la platitude du jeu de ses acteurs, nous en apporte la plus brillante démonstration. Seulement cinquante ans sont passés depuis le chef d'œuvre de Bresson et nous en sommes aujourd'hui réduits à organiser des conférences mondiales pour sauver notre planète. Balthazar peut toujours braire, plus personne ne l'entendra.
Un film atypique sur les défauts de l'être humain à travers l'histoire d'un âne souffrant de la méchanceté de ses maîtres. Oeuvre cruelle aux dialogues froids et dépouillés. Magnifique !
Voila un film que seul Bresson aurait pu réussir. Obsédé par la grâce, ecrasé par le vice, il filme ce qui n'est pas filmable et surtout d'une façon inimaginable, dans les interstices si l'on peut dire, avec un mélange de distance et d'intimité, de pudeur et de mise à nu. C'est proprement bouleversant. Dans l'oeil triste d'un âne, l'humanité des hommes n'a rien de rassurant.
Fable terrible et sublime où l'on voit tout le malheur du monde se réfléchir dans le regard d'un âne, «Au hasard Balthasar» est l'un des sommets de l'oeuvre de son auteur! Bresson, le chrétien, y contemple l'humanité pécheresse avec une lucidité rare, mais aussi avec une pointe de dépit qui ne laisse point trop de place à l'espoir. Figure de la sainteté (laquelle, quoique toujours offerte, semble pour une fois inaccessible à l'homme), Balthasar, l'âne de la crèche ou de l'entrée à Jérusalem, d'ailleurs innocemment baptisé par Marie et par Jacques, supporte tout, assume tout et témoigne du mal qui ronge secrètement l'humanité jusque dans ses moindres recoins, pour finalement en mourir. Film profondément pudique, mais aussi terriblement clairvoyant, «Au hasard Balthasar» n'a pas son pareil pour sonder les coeurs et les reins et pour dévoiler les mouvements les plus secrets de l'âme. Mais, extrêmement concis et même elliptique, il exige du spectateur une attention de tous les instants, une sensibilité à la moindre inflexion des visages, des gestes, des attitudes ou des voix. On le sait, le réalisateur concevait le cinématographe comme une «mise en ordre», par quoi il demeure à mes yeux l'un des rares à avoir compris l'essence créatrice du septième art. Mettant remarquablement «en ordre» les images merveilleuses, les sons et la musique (sonate n° 20 de Schubert) qui constituent son matériau, «Au hasard Balthasar» en est l'une des démonstrations les plus abouties. Une perle rare dans l'écrin du cinéma mondial...
Une merveille signée Robert Bresson. Sans doute son meilleur film avec le "Procès de Jeanne d'Arc". Avec ce film, Bresson remet l'homme à sa juste place, créature parmi les créatures... Quant à l'âne Balthazar.. La fin est bouleversante !
«au hasard balthazar» (France, 1966) de Robert Bresson est une uvre purement cinématographique. Pur car la caméra alanguie encadre le réel dans une image et un son dune splendide netteté, et cinématographique car les images parlent delles mêmes, comme si Bresson ne sétait pas chargé de commenter ce quil décrit. Les images se suffisent, déclarant un affreux dialogue sur les hommes à partir dune petite communauté contadine. Mais Bresson est là, à lintérieur même de son film. Balthazar lâne est Bresson. Dans les multiples plans où la caméra filme lil de Balthazar, il faut y voir Bresson sy regarder. Ainsi laffection honteuse qui lie Marie à lâne est celle du réalisateur avec son actrice. Cependant, si Balthazar peut-être leffigie fictionnelle de Bresson, il est aussi un personnage à part entière, un personnage cinématographique par essence, car hormis quelques braiements de lâne, cest un personnage muet, qui nexiste que par limage et se pose très souvent en témoin ( comme Bresson ) mais aussi en acteur. Supportant livrogne Arnold avant son décès, servant à tous les personnages du film, il est un vecteur aux évolutions. La musique successivement classique et moderne caractérise elle aussi lévolution des murs et le conflit entre les jeunes voyous et la vieille génération impuissante. La vie des hommes échappe à lâne, elle se fait damour et de rage et de hasard. Témoin du malheur des hommes, lâne en est aussi linterprète de par lutilisation dont il est victime. Mais cet âne de Balthazar est toujours lobjet des hommes, si bien quà la conclusion du film où lâne sapprête à décéder, il senfuit se réfugier au sein dun troupeau de moutons comme si enfin il avait trouvé sa place au sein des bêtes, un retour à sa nature, réintégrant la sérénité des animaux, fuyant la folie des hommes, des hommes qui semblent, daprès la fuite de Marie et la mort de son père, incurables.
Sur le papier, "Au hasard Balthazar" intrigue. Raconter la vie d'un âne en une heure et demie pour sonder l'âme humaine, surtout dans ce qu'elle a de pire: autant dire que j'ai vu des projets moins excitants. Problème: si les défauts de Bresson sont bien présents, notamment dans sa direction d'acteurs (Philippe Asselin, qui interprète le père de Marie, tutoie le ridicule sans difficultés), on peine à retrouver ses qualités, notamment dans une mise en scène à laquelle il manque la radicalité de "Pickpocket" et qui n'a donc rien de transcendant (oui, les puristes vont me lyncher). Le film n'est par ailleurs pas toujours très subtil, en témoigne cette réplique prononcée par une femme dans le film: "c'est un saint" dit-elle à propos de l'âne. Ah, merci Robert, comme ça, si ceux qui n'avaient pas compris que tu racontais une histoire lourdement religieuse, eh bien, maintenant, ils l'auront remarqué ! Sans être une purge interminable (le film n'est finalement pas si ennuyeux), cette oeuvre souffre de personnages inintéressants, d'une progression dramatique égale au néant et d'une absence de sensations, d'idées ou de trouble provoqués. Une poignée de bonnes idées (le face-à-face entre l'âne et les autres animaux au cirque) n'a jamais fait un grand film, en voici une bonne illustration.
Les premières minutes sont d'une beauté absolument époustouflante, ce passage avec ces enfants, cette promesse d'amour, cet âne, j'en redemande. Le reste du film n'en est pas moins bon, mais cette ce début de film qui m'a le plus touché, le reste du film est "juste" excellent. Anne Wiazemsky est sublime, Bresson a décidément un style particulier que j'adore, il y a quelque chose de sublime et de divin dans ce film, quelque chose qui est d'une beauté profonde.
Un mot pourfend le sylphe. « Balthazar, je te baptise ». Le reste est magie, ballet sublime, tant gestuel que verbal. Ils sont déjà là où léphémère voisine avec léternel, où lon se cache pour mieux se découvrir. Plus précisément, je pense à la fille alitée qui tend un morceau de sucre à lânon, celui-ci le prend et effectue un léger mouvement de tête, laissant apparaître derrière lui le corps dune infirmière assise sur le banc du jardin, sapprêtant à son tour à tendre une cuillère à linfirme. Les plans défilent au sein dun montage très serré, sans que nous ayons le temps den contempler la plasticité. Quelque chose de sibyllin se passe, dans et entre ces regards, ces gestes, ces voix, donnant lieu à de véritables faisceaux de sensations. Mais ce que la caméra a lair de cueillir, à lextrémité des objets et des êtres, cest toute lénigme et la profondeur de lhomme. Robert Bresson a bâti, en treize long-métrages, une entreprise cinématographique sensible et humaniste, une déclaration damour faite à lhomme, dans ce qui le meut et lémeut, dans la simplicité de son expérience comme dans sa confrontation avec ce qui le transcende et le pervertit.
Au hasard Balthazar est selon moi le plus beau film de l'histoire du cinéma tout court. Utilisant comme à son habitude des acteurs amateurs et donc leur raideur d'une manière qui lui est propre, Bresson parvient à émouvoir ici par un biais très particulier, celui de la métaphore. Seul Kenji Mizoguchi approche peut être la même maîtrise de cette technique. Le film suggère plus qu'il ne dit, mais avec une insistance si insidieuse qu'au terme du film il parvient à toucher au religieux. L'âne c'est l'être humain plus humain que tous car il symbolise l'innocence sacrifiée. Le mal est partout le sacrifice de l'âne semble vain, mais témoin de celui-ci nous en pourvoyons le rachat. On est bien au-delà du cinema, du spéctacle, de toute forme de narration habituelle. Chapeau bas maître..
Sommet de l'oeuvre ascétique de Robert Bresson, «Au Hasard Balthazar» constitue une métaphore chrétienne et désespérée de la vie humaine. Comme avec «Mouchette», Bresson réalise là une parabole sur la noirceur d'âme de certains et la bienveillance inébranlable d'autres. Evidemment, ce sont ces derniers qui subissent les pires tourments : l'âne Balthazar, l'innocence même, et sa maîtresse Marie. Toute l'oeuvre de Robert Bresson est parcourue par ces personnages purs, ces saints extrêmement vulnérables qui affrontent sans se défendre la méchanceté des hommes, comme si ces monstres à visage humain étaient jaloux de ne pouvoir atteindre une telle abnégation, une telle grâce, comme si la bonté leur était insupportable. Mais au delà de cette vision très pessimiste, Bresson demeure incontournable par la perfection de son art. Il était le cinéaste préféré du génial Andreï Tarkovski, ce qui veut tout dire. D'une grande subtilité, son cinéma était en effet caractérisé par la recherche de l'absolu, par l'utilisation interdépendante des images et des sons afin d'en tirer l'essence même. Bresson parlait de « cinématographe » : pour lui tout ne devait être que suggestion, dépouillement, les acteurs ne devaient pas « jouer » mais « être » leurs personnages. Il s'agissait donc d'un artiste d'une grande rigueur mais aussi d'une grande clairvoyance. Sans conteste l'un des plus grands maîtres du 7ème art. [4/4] http://artetpoiesis.blogspot.fr/
Un film "prout-prout" qui sacrifie le plaisir sur l'autel du symbolisme. J'apprécie l'analogie âne-Christ (même s'il faudrait rappeler à certains que l'âne auprès du petit Jésus est apocryphe). Je trouve que l'idée de se servir de cette bestiole comme fil rouge est excellente. J'ai ressenti de l'émotion dans la partie finale. Mais... Je me suis emmerdé comme jamais. Les personnages ne m'ont pas touché. J'ai trouvé certaines allusions trop grosses, par exemple les deux voitures qui vont dans le fossé juste après que le petit merdeux dise "C'est beau la modernité" (ou un truc du genre). Je crois vraiment que je suis hermétique au cinéma de Bresson.
Encore un film de Bresson plus que spéciale et c’est d’une lenteur !!!Cette histoire d’âne est bien gentille mais terriblement pénible, elle a l’effet d’un somnifère. Je suis bien d’accord que l’âne incarne un personnage religieux qui peut être un roi mage du nom de Balthazar, cependant cette vision est trop lente, pas assez prenante. L’âne passe de la souffrance à l’amour. La souffrance passe par les hommes qui se servent de lui pour obtenir quelque chose, leur cruauté est innée, elle représente les penchants destructeurs de l’homme qui ne se soucie pas d’un animal, ils ne pensent qu’aux profits et intérêts qu’ils pourraient en tirer. L’âne Balthazar qui passe de maître en maître est maltraité, il fait l’expérience de tous les comportements cruels possibles et imaginables des hommes. L’âne est un être de pureté par excellence, le doux meunier de la fin du film qui voit d’ailleurs en lui le saint réincarné. Le film a une structure simple et chronologique mais il est bourré de références théologiques surtout venant de la religion Catholique. L’âne véritable bête de somme et une fille Marie ont la même existence, ils sont rejetés par des êtres d’une grande méchanceté. L’âne souffrira d’ailleurs tellement qu’il finira par en mourir. Un film en aucun cas moralisateur, on souffre juste pour l’âne, on se met à sa place, sa vie n’est pas gaie. Une vision que, j’ai trouvé quand même terriblement pessimiste mais elle est quand même véridique. L’homme pense souvent à ses intérêts et ça ne le dérangera pas de faire souffrir les autres. Certains actes sont méchants car ils permettent d’en tirer profit, ils ne sont pas anodins. Une œuvre qui comporte un vrai contenu, on en retire quelque chose. Par contre, le film n’est pas plaisant, la photo n’est pas sublime, le noir et blanc rend le film encore plus sombre qu’il ne l’est déjà. Le brin de sexualité qu’il est présent n’est qu’une sexualité dans la souffrance. Un film tragique et terriblement pessimiste.
À l'instar de films comme "À bout de souffle" ou "Hiroshima mon amour", "Au hasard Balthazar" invente un nouveau cinéma. L'ambition de Bresson est de se focaliser sans cesse sur l'instant et sur la pluralité d'émotions qu'il peut véhiculer. Comment, par la mise en scène, exprimer le désir, la peur ou l'amour, tout en faisant progresser de façon plus large une dimension tragique représentative d'un discours pessimiste sur la nature humaine, c'est la grande idée qui traverse le film. Une idée qui procure des scènes tout à fait incongrues et parfois magistrales, en particulier quand le cinéaste utilise la sonate 20 de Schubert, qui transcende à elle-seule l'image. Mais le film comporte deux grandes limites, fonctionnant dans une relation de cause à effet : l'hermétisme d'un certain nombre de scènes qui ne parvient jamais à fasciner ou à attiser une quelconque curiosité mais qui, au contraire, fait ressentir une lenteur assez exaspérante. Je ne suis également pas toujours convaincu par la direction d'acteurs de Bresson, qui atteint ici une singularité extrême, indéfendable à certains moments. Le film peut donc me passionner par ses réflexions menées et m’envoûter par son atmosphère austère, mais aussi réellement m'ennuyer dans ses passages les plus abscons.