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ClashDoherty
234 abonnés
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5,0
Publiée le 8 juin 2007
Fellini voyait en son "Satyricon" un film de science-fiction. Soit. En tout cas, ce n'est pas un péplum, ni un film historique, c'est clair, bien qu'il se passe à l'Antiquité romaine. Vrai chef d'oeuvre du maître italien, un de ses plus grands films. La scène du minotaure est sublime, ainsi que le reste. Juste que les amateurs de blockbusters décervelés risqueront fort de ne pas apprécier...
Désolé, mais Fellini ou pas, ce film est une purge. À la toute fin des années 1960, le maestro italien revisitait Pétrone et la Rome antique, réalisant par la même l'un de ses films les plus connus "Satyricon". Et l'on se surprend même à constater que le maître a pu se laisser aller à la facilité. La première demi-heure frise déjà la pantalonnade, où entre empereur, danseuses et poètes grassouillets s'ouvre en réalité le signe majeur sous lequel sera placé le film : la lourdeur. Les deux tiers restant ne sont guère plus réjouissants, la farce infantile laissant désormais la place à la somnolence. Entre les deux, très franchement, on ne saurait que choisir ! Alors on ne tarit pas d'éloges sur le visuel certes soigné mais au service de quoi au final ? D'un ensemble complètement désincarné, dont l'unique leitmotiv consiste à faire défiler toute une série de protagonistes déjantés, afin de savoir qui effectuera la grimace la plus ridicule. Sans queue ni tête, "Satyricon" ressemble en effet davantage à un agrégat d'images plutôt qu'à un panel artistique véritablement maîtrisé. Mentant de surcroît sur la marchandise, Fellini n'organise au fond qu'une fausse orgie cinématographique dont l'avalage ne produit absolument aucun effet si ce n'est celui de nous écoeurer. Assommant d'ennui et de prétention.
En 1969, Frederico Fellini s'était depuis quelques années déjà attiré les louanges d'une certaine partie de la critique et du public et réalisait une oeuvre dont le titre portait son nom : "Fellini-Satyricon". Deux heures de démesure et d'excès plus qu'assumés par le cinéaste qui laisse au spectateur le choix de voir ce long-métrage en tant qu'historique, moderne ou futuriste. Effectivement, la décadence du monde est intemporelle et c'est ce qui fait la plus grande force de "Satyricon" clairement engagé dès les premières secondes dans une succession de séquences à la limite de l'abstraction mais ayant toutes en commun les thèmes de débauche et de destruction. Le metteur en scène filme avec une grande maîtrise les orgies et autres soirées illicites mélangeant beuveries, excès alimentaires, sexe et violence avec un goût de la complaisance (de la part des protagonistes concernés j'entends bien) consternant. La culture et les sciences appartiennent au passé de ce monde se délectant de l'oubli et du néant intellectuel, souhaitant seulement vivre de la manière la plus dépravée possible. Une "Grande Bouffe" avant l'heure finalement, toutefois nettement mieux réalisée dans les choix de cadres, de montage, l'utilisation des couleurs et des corps... Pourtant, dans le fond, "Satyricon" donne parfois lui aussi des impressions de néant : on en reste toujours aux remarques du départ et jamais vraiment l'analyse ne se voit vraiment entamée. Le film tourne en rond, peut-être à cause de son absence de fil rouge permettant à d'autres reprises un échappatoire mais renfermant ici au contraire dans ce qu'elle avait évoquée au début une oeuvre superficielle, certes soignée visuellement mais ne proposant pas grand-chose de plus que son synopsis. Le travail de Fellini devient très souvent plat et vain dans la mesure où l'on se désintéresse petit à petit de ces belles peintures qu'il a mis en place. L'ennui se présente alors devant une tentative audacieuse ne parvenant pas à se renouveller.
Fellini avait décrit son sublime "Casanova" comme une transposition de "La Dolce Vita" au XVIIIème siècle. On peut sans doute voir "Satyricon" de la même façon : "La Dolce Vita" transposée dans l'Antiquité romaine. Après tout, qu'importe l'époque : ces sociétés renfermées sur elles-mêmes, livrées à une futile recherche du plaisir - ou plutôt à une fuite de l'Ennui - que nous dépeint le Maestro dans ces trois films ont beau être situées dans trois contextes historiques différents, elles restent les mêmes. Faisant fi de tout discours politique, Fellini s'en prend directement à la nature humaine et en fait une satire des plus amères.
Une fois de plus, le réalisateur utilise la même structure narrative, qui caractérise si bien son oeuvre : c'est-à-dire une structure quasi-inexistante, éclatée, où chaque scène semble perdue dans un chaos narritif, et dont la grandiloquence serait comme une négation désespérée de l'insignifiance des êtres qui s'y meuvent. On y suit - entre autres - les divagations du jeune citoyen romain Encolpe recherchant, à l'instar du monde qui l'entoure, la jouissance par tous les moyens. Le film n'aboutira toutefois à rien, ne débouchant sur aucune finalité - du moins dans le sens classique du terme. Car la conclusion présente un intérêt majeur pour une éventuelle lecture du film : il s'agit d'une "simple" séance de cannibalisme (on notera que cette scène ne surprendra pas tellement, après tout ce que le spectateur aura vu avant ...), qui renvoie une fois de plus inévitablement à cette recherche du plaisir : recherche qui mènera finalement à une véritable réïfication de l'Autre, au simple désir de posséder. Cette basesse, ce niveau d'humanité proche de zéro - pour qui toutefois continue de croire un tant soit peu en l'Homme - fait encore une fois ressortir la vision pessimiste qu'a le cinéaste de la nature humaine (Pasolini ira encore plus loin dans cette optique, réalisant le film ultime sur le sujet).
Visuellement, "Satyricon" reste sans doute l'opus fellinien qui, par ses excès géniaux et ses plans d'une ampleur parfois picturale, impressionne le plus. Il est également intéressant de constater que quand le cinéaste filme la Rome antique, elle est déjà en ruines ; comme si tout le spectacle grotesque et stupéfiant livré au regard du spectateur hantait encore aujourd'hui ses décombres - conférant presque au film une dimension spectrale.
Hallucinant est sans doute le mot qui me viendrait d'abord à l'esprit. En effet, on ne peut être dès le départ qu'impressionné devant l'incroyable non-conformisme de Fellini, tant ce dernier repousse les limites à tous les niveaux. Décors stupéfiants dans leur représentation, couleurs ahurissantes... Il y a dans ce "Satyricon" une véritable envie de créer, de regénérer le cinéma que l'on ne peut être qu'emporté par tant de folie visuelle, sublimé par des idées fusant toutes les minutes, nous transportant alors dans un univers unique. Hélas, la deuxième partie ne tient pas totalement ses promesses, et il est vrai qu'on a même une légère tendance à s'y ennuyer. Toutefois, malgré ces faiblesses, l'oeuvre reste (et cela dans son ensemble) un épanouissement rare pour un cinéphile, tant on est impressionné par tant de recherches et d'harmonie devant un univers pourtant quasi-apocalyptique, au bord de l'implosion. Si bien qu'au final, aucun doute : ce "Satyricon", même s'il ne plaira pas à tous, loin s'en faut, n'en demeure pas moins une expérience assez inoubliable.
Du grand art cinématographique, au-delà de tout stéréotype ou convention de genre, entre actualisation mythique, récit picaresque et visions oniriques. Tout passe par des décors impossibles, vertigineux, des physiques et des maquillages monstrueux et leur contraste avec la beauté des personnages centraux, des rythmes hypnotiques. Le seul qualificatif ordinaire qui pourrait être pertinent est psychédélique. Dans mon souvenir le livre de Petrone était plus paillard et joyeux, l’Antiquité de Fellini est plus morbide, crépusculaire, décadente pour tout dire. Je peux témoigner qu’on est presque davantage admiratif et passionné à la troisième vision du film : question d’attention et de maturité sans doute.
Un très grand film, qui sort des éloges de la Rome antique, qui montre justement la décadence de la société romaine (et italienne). Des scènes d'orgies, des banquets, des meurtres monstrueux, d'horribles maquillages et des personnages dégueulasses. On suit deux frères, qui partent... Faire quoi? Aucun idée. Il n'y a aucune ligne narrative, on a plein de petite quête secondaire, reliée entre eux par le personnage blond. Il évolue dans tous les sens, montrant plein de personnages de cette société cruelle, il passe de riche à esclave, de dominant à soumis. Je m'attendais à voir des scènes explicites comme dans "Caligula", mais non, tout est suggéré par des cris, ce qui frappent encore plus. C'est effrayant, fascinant et philosophique (poète, religion vs. Philosophe), on se demande comment on a pu être comme ceci. Mais voyant le "Salò" ou "Eyes Wide Shut" ça reste encore très récent. C'est beau, décors énorme, bref un régal.
Les aventures de deux étudiants lubriques, tantôt amants, tantôt ennemis, dans un empire Romain en pleine décadence. Le "Satyricon" ne plaira pas à tous, d'abord parce que sa structure narrative est volontairement éclatée (le roman de Pétrone est lui-même fragmenté). On saute d'une situation à une autre sans réel fil conducteur. Ensuite, parce que le style visuel de Fellini est simplement démentiel. Entre les couleurs, maquillages, ou décors baroques de la première partie, et les situations surréalistes de la seconde, le film évoque un cauchemar se déroulant dans un univers post-apocalyptique. Impression renforcée par le récit picaresque et les idées très originales de mise en scène, dont Fellini ne semble jamais à court. La sauvagerie des personnages et la sexualité omniprésente finissent de rendre cette histoire d'amour loufoque et fantaisiste. A découvrir.
Une fresque inoubliable, nous plongeant dans une société décadente où rien n'a de sens, où tout n'est que débauche, vulgarité, perdition... Une peinture dérangeante et profondément réaliste de l'homme, quand il se perd, quand il se laisse aller... Et de la société, toujours a l'image de ceux qui la dirigent. Un film d'une grande beauté visuelle, les décors y sont tres originaux et laissent sans voix, une utilisation subtile de la couleur, de magnifique paysages, de grandes pieces froides... Un film a l'esthétique impressionnante, et au fond minutieusement étudié. Un chef d'oeuvre.
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3,0
Publiée le 10 mai 2011
Un "Satyricon" qui ressemble à un film de science-fiction! Distinguez la part de fantastique, de poèsie et de science-fiction! Chez Federico Fellini n'est certes pas tâche aisèe, et on laissera aux spècialistes le soin de trancher en la matière! Dans cette libre adaptation de l'oeuvre de Pètrone, Fellini retrace les aventures sexuelles de deux ètudiants vagabonds dans la Rome antique! Une approche plus poètique qu'archèologique qui brosse le portrait d'un monde fantasmagorique et dècadent avec une luxuriance barbare! Une vision très fellinienne du monde antique et une fable morale sur l'amour et les moeurs à travers les èpoques! Pour la petite anecdote, Fellini avait tentè de faire accepter un rôle à Mae West dans ce film mais l'actrice à la sensualitè provocante prèfèra tourner dans "Myra Breckinridge" de Michael Serne! Dommage, on aurait aimè voir ce sex-symbol dans le baroque fastueux du "Satyricon"...
Deuxième vision du film, deuxième tentative infructueuse. Ce n'est pas que ce Fellini m'ennuie mais disons que je suis indifférent, pas du tout intéressé, par ce qui défile sur l'écran. Je n'ai rien contre l'absence, ou presque, de structure narrative mais peut-être que cette dernière étouffe tout le côté picaresque de l'histoire qui aurait pu rendre intéressante cette oeuvre. A part deux courts moments, à savoir la séquence du corps du mari qui sert à sauver la vie de l'amant et celle du couple qui se suicide, rien de véritablement captivant malgré l'imagination foisonnante du réalisateur dans les décors, accessoires et costumes, que l'Empire romain ne manque de vraiment inspirer à ce niveau-là, dans n'importe laquelle des scènes du film.
Ce long-métrage déconcerte par le fait qu'il ne présente aucune suite logique dans son histoire mais une multiplication de scènes dans lesquelles les héros Encolpe et Ascylte évoluent... Fellini fait preuve d'une bonne dose d'audace à maintes reprises... Les décors de son film sont époustouflants... L'ensemble tient bien la route même s'il laisse perplexe et n'évite pas certaines longueurs... A découvrir...
Sans aucun doute le meilleur film de Fellini, de très loin. Un film qu'il faut regarder au moins 3-4 fois avant de pleinement l'apprécier, car on peut être frustré de l'absence de continuité narrative (même si l'on a à l'avance accepté ce postulat). Fellini a su tirer le maximum de la relative médiocrité de l'interprète principal (un grand acteur n'aurait pas du tout convenu pour ce rôle). Sans doute parmi les plus grands films (affirmation pompeuse certes, mais je ne vois pas vraiment quels films, mis à part "Les Enfants du Paradis", pourraient rivaliser en beauté avec celui-ci). Toutes les scènes sont époustouflantes, spoiler: spécialement celle du Minotaure . Amarcord est beaucoup moins convaincant, Casanova m'a plus plu, car plus dans la lignée du Satyricon. Je n'ai pas encore visionné Fellini-Roma. Satyricon, une oeuvre intemporelle (avec en plus une utilisation moderne et assez séduisante de la musique). Que Terry Gilliam et JP Jeunet aillent se rhabiller, ils n'atteindront jamais ces hauteurs. Jodorowsky aurait pu, s'il s'était pris un peu plus au sérieux. Courez donc voir ce film!
En deux mots... C'est nul! Rien d'autre à dire, si ce n'est une pauvreté affligeante, une misère de scénario, d'histoire, de décors et d'interprétation. Eh oui... Fellini n'a pas fait que des bons films.