"Narc" n'est peut-être pas le polar de l'année comme le mentionne la jaquette. Mais sans aucun doute, un vibrant hommage assez réussi aux films policiers bien sombres façon 70's, qui vaut le coup d'oeil, surtout si on s'ennuie devant les thrillers faussement obscurs de la machine hollywoodienne. Ne serait-ce que pour découvrir un jeune réalisateur du nom de Joe Carnahan, qui se révèle être assez talentueux. Sa mise en scène possède plusieurs qualités, dont celles d'être nerveuse et brut de décoffrage. Il revisite les codes du polar avec brio et une classe bien froide. Souvent caméra à l'épaule, il filme au premier degré et à fond la caisse pour rien ne nous épargner. A savoir que très récemment, ce-dernier a mis en boîte l'adaptation cinéma de "L'agence tous risques". Ne serait-ce également pour voir à l'oeuvre deux acteurs (trop) rares. En flics torturés, Jason Patric et Ray Liotta donnent le meilleur d'eux-mêmes, habitent vraiment leurs personnages. Le premier, hanté par une bavure, se demande ce que sa vie pourrait être si son métier de policier continue tant à le bouffer de l'intérieur. Le second, lui aussi tourmenté par un difficile passé, est déjà usé par ce que sa vie a était. Les traits de nos deux inspecteurs sont parfaitements dessinés. En mettant les pieds dans cette enquête épineuse et douloureuse, ils réveillent leurs vieux démons. Du côté des bons points, n'oublions pas aussi de citer la photographie bien grisâtre, collant parfaitement à l'esprit des classiques du film noir. Mais, car oui il y a un mais, le scénario se perd un peu dans les méandres des fausses pistes dont il accouche. Tout n'est pas toujours très clair, un peu cafouillé, et la réalisation tourne à l'exercice de style, pêchant parfois dans le trop travaillé, le trop saturé, le trop génération MTV en gros, et manque très légèrement de maîtrise de sa complexitude par instant. Surtout lors du final, à la fois très intense et brutal, mais bizarrement à la limite du grotesque aussi. Les très bonnes dispositions prises par Canahan au niveau du rythme très soutenu ne tiennent pas toujours la distance, et par endroit, la tension cale avant de repartir. Et oui, c'est bien balaud tout ça, car les amoureux des polars, des vrais, des purs et durs, dont je fais très allègrement parti, auraient pu penser tenir une nouvelle perle disponible à ce rayon. Si il n'est donc pas l'ultime oeuvre ténébreuse et crasseuse, il est, c'est certain, un honnête et sémillant petit film policier qui n'a pas à rougir devant ses références.