Sorti au printemps 1970, Borsalino remporte un triomphe en salles, avec plus de 4 700 000 entrées. Au sommet de leur gloire, Alain Delon et Jean-Paul Belmondo qui avaient pratiquement débuté ensemble dans Sois belle et tais-toi et qui s'étaient également croisés dans Paris brûle-t-il ?, souhaitaient depuis longtemps trouver un projet suffisamment ambitieux pour tourner ensemble. Après leur succès respectif l'année précédente pour Le Clan des Siciliens et Le Cerveau, les deux acteurs étaient donc enfin réunis. Pour sa suite, quatre ans plus tard, il n'en reste plus qu'un, le personnage de Capella interprété par Belmondo ayant été assassiné à la fin du film. Borsalino&co est donc l'histoire d'une vengeance exécuté par celui qui reste, Siffredi, campé une nouvelle fois par Delon.
Le triomphe de Borsalino fut à l'époque terni par un conflit juridique qui opposa les deux principaux protagonistes du film, Alain Delon et Jean-Paul Belmondo. Le second reprochant au premier de faire apparaître par deux fois son nom sur l'affiche, comme acteur et comme producteur, et de plus avant le sien. Belmondo porta l'affaire devant les tribunaux et gagna le procès. La presse de l'époque profita naturellement de l'occasion pour broder sur la rivalité entre les deux stars, ce qui servit finalement le succès du film. Réconciliés depuis lors, les deux comédiens ont à nouveau croisé le fer, 28 ans plus tard, sous la direction de Patrice Leconte et avec Vanessa Paradis comme complice, dans Une chance sur deux.
Ayant envisagé une suite à Borsalino dès la fin du tournage de celui-ci, Alain Delon organise une coproduction avec l'Italie et l'Allemagne et confie une nouvelle fois les commandes du film à Jacques Deray. C'est l'un des deux fameux interprètes de Sacco et Vanzetti, Riccardo Cucciolla qui campe Volpone, l'adversaire de Siffredi et on retrouve à nouveau le célèbre thème musical composé par Claude Bolling . Borsalino&co est une manière de western marseillais où la vengeance tient une place centrale et où la tonalité sombre qui l'enveloppe est en parfait contraste avec l'ironie subtile et insouciante du premier opus. Avec le thème de l'homme confronté à un passé qui ne revient jamais apparaît pour la première fois une des constantes les plus récurrentes des personnages interprétés par la suite par Delon.
Jacques Deray a dirigé Alain Delon à neuf reprises dans des films à tonalité essentiellement policière : La Piscine (1969), Borsalino (1970), Doucement les basses (1971), Borsalino & Co (1974), Flic story (1975), Le Gang (1977), Trois hommes à abattre (1980), Un crime (1993) et L'Ours en peluche (1994).