Comédie dramatique, écrite et réalisée par Diane Kurys, dont c'est le premier long-métrage, Diabolo Menthe est un très joli film. L'histoire débute à la fin de l'été 1963 et nous fait suivre Anne, treize ans, et sa grande sœur Frédérique, quinze ans, qui rentrent en train de vacances de chez leur père pour retourner vivre chez leur mère et commencer leur année scolaire dans un lycée parisien pour jeunes filles. Ce scénario nous fait donc tout simplement suivre leur quotidien durant toute une année scolaire pendant sa durée d'un peu plus d'une heure et demie. Le récit est d'une simplicité sans nom, ne possède pas vraiment d'intrigue, ni d'enjeu, mais parvient tout de même à être prenant grâce aux thématiques qu'il aborde à travers ces scènes alternants cours collectifs et tracas individuels. Car oui, le métrage parle avant tout de l'adolescence avec justesse mais également de sujets d'actualités permettant de façon intelligente au récit de s'ancrer dans son époque. Le ton est très particulier puisqu'il mêle maturité et candeur, lui permettant d'être aussi amusant que touchant. L'équilibre étant très bien trouvé entre aspect comique et dramatique. Si on prend tant de plaisir à visionner cet apprentissage tourmenté, c'est en grande partie grâce aux deux jeunes filles particulièrement attachantes et très bien interprétées par Éléonore Klarwein et Odile Michel, aux visages aussi angéliques que malicieux. Anouk Ferjac incarne pour sa part une mère inquiète, protectrice et aimante. Le reste de la distribution comporte beaucoup de noms entre les professeurs autoritaires tournés en dérision et les camarades de classes des deux sœurs. Tous ces rôles entretiennent des relations d'une belle sincérité, procurant beaucoup d'émotions, aussi bien tristes que joyeuses. Des échanges soutenus par des dialogues d'une grande authenticité. Sur la forme, la réalisation de Diane Kurys s'avère assez académique. Cependant, sa mise en scène évolue dans des lieux ayant une véritable personnalité entre un bâtiment scolaire fourmillant de chahuts et un appartement familial plus intime et calme. Surtout, la période pendant laquelle se déroule l'histoire est très bien retranscrite à l'écran. Ce visuel empreint de mélancolie est superbement accompagné et aidé par une b.o. elle aussi pleine de nostalgie entre ses magnifiques notes touchantes et ses titres aux paroles qui raisonnent en accord avec le propos. La chanson de fin signée Yves Simon est pour sa part tout simplement mémorable et donne une âme musicale encore plus personnelle au métrage. Une fin qui s'avère simple mais appréciable, à l'image de cette œuvre. Car oui, Diabolo Menthe est la carte postale d'une époque, une ode au désir et à l'émancipation réjouissante, et pour tout cela, est un film méritant grandement d'être visionné.