Dans la carrière de Madonna et de la construction de sa persona de l'époque, ce film, réalisé par Uli Edel et sorti en 1993, a du sens. Mais alors sinon...
Effectivement, venant de sortir son album "Erotica" accompagné du fameux livre "SEX", Madonna est alors en plein période érotique, voire pornographique selon les avis, mais surtout dans la provocation ! Rien de plus normal alors de la voir dans un ersatz de "Basic Instinct" (la comparaison est inévitable mais on y reviendra) dans lequel on la voit nue frontalement en plein ébat sexuel avec un vieux riche qui meurt dès les premières minutes. Car oui, il est question ici d'une femme accusée de se servir de son corps (le titre du film nous met sur la piste en même temps...) pour faire mourir de vieux hommes fortunés d'une crise cardiaque. Comme scénario, il y a quand même plus subtil ! Mais justement, à l'image de la persona de Madonna du début des années 90, le film n'est pas là pour faire dans la subtilité. Sans mauvais jeux de mots, il fait constamment du rentre-dedans. À tel point que ça en devient souvent ridicule, comme cette scène dans le parking ou encore la scène avec la bougie dans lesquelles Madonna, à l'image de son alter-égo de l'époque, Dita (en référence à l'actrice allemande Dita Parlo), pratique du sado-masochisme. Alors j'avoue que, personnellement, j'apprécie surtout le fait que Madonna joue très bien ! Eh oui, Madonna a fait beaucoup de navets notamment à cause de son jeu aléatoire (mais surtout à cause de la qualité globale des films) mais quand les films correspondent à la persona qu'elle se construit ("Recherche Susan désespéramment" au milieu des années 80, "Un couple presque parfait" au début des années 2000), elle joue bien et est convaincante car elle joue des personnages qu'elle connait très bien et qu'elle a déjà rodé, à travers ses albums mais également ses clips ou son image publique (l'interview catastrophique mais rigolo de Madonna chez Letterman de 1994 est d'ailleurs un très bon complément au film). Mais pour en revenir au film lui-même, bin c'est un thriller érotique un peu chiant quoi. La comparaison à "Basic Instinct" est inévitable car sorti un an auparavant mais également car Madonna voulait avoir son "Basic Instinct", devenir la nouvelle Sharon Stone, la nouvelle icône du sex-symbol. Mais dans un scénario écrit à l'arrache, c'est compliqué. Car ce qui fonctionne autant dans le film de Paul Verhoeven, c'est sa subtilité, l'entretient du mystère lié aux scènes de sexe crues et violentes, la complexité des personnages et de leurs interactions. Ici, tout est pataud, tout est montré frontalement, l'érotisme laisse sa place à de la provocation et la fin, hautement prévisible, est d'une platitude sans nom.
Non, pour vraiment apprécier "Body", il faut avant tout apprécier Madonna et son image sulfureuse des années 90.