Body est un film qui a une plutôt mauvaise critique, et à vrai dire cela se comprend relativement bien.
Coté acteur je dois dire que ce n’est pas franchement génial compte tenu des interprètes. Le rôle titre revient à Madonna, et elle s’en tire pas mal. Elle livre une prestation sobre, soignée, et correcte, même si elle sombre curieusement presque trop dans la fadeur. Elle aurait du apporter plus de piquant, de venin à son personnage, et du coup elle donne l’image d’une actrice appliquée mais trop timorée sur ce coup. A ses cotés Dafoe m’a paru un peu à coté de la plaque. Il est très loin de ses meilleures prestations, livrant une interprétation molle, sans conviction, et vraiment peu enthousiasmante. Sur ce coup c’est la déception du film. Reste autour de ces deux là quelques acteurs secondaires plutôt solides. Joe Mantegna, Anne Archer font parti du lot, et on notera les apparitions de Julianne Moore, qui n’apporte pas un vrai plus value ici, étant confiné à un rôle de seconde zone.
Le scénario est très problématique. Il part sur une bonne idée, mais le souci, c’est que l’on ne verra rien de cette fameuse scène, et que le métrage va se contenter d’enchainer pendant 1 heure 40 des scènes de procès digne d’un Perry Mason, et des scènes érotiques se voulant osées mais tellement timides que ca en devient parfois ridicules. Honnêtement il n’y a rien : pas de suspens, pas d’enquête digne de ce nom, un procès sans grand intérêt car il recoupe tout les clichés du genre, et un coté scabreux et sexuel totalement bâclé. C’est regrettable, mais pendant 1 heure 40 il est difficile de ne pas s’ennuyer ouvertement, et de regarder sa montre en espérant que le spectacle finisse.
Visuellement le budget était quand même élevé, et donc on a le droit à un travail assez luxueux. Cela transparait dans des décors globalement élégants, faisant preuve d’un certain raffinement, et donc l’âge du film lui a conféré, comme pour Basic Instinct d’ailleurs une patine assez agréable. La photographie est elle aussi de belle facture, et permet de profiter de ce point de vue d’un métrage classieux. Uli Edel à la réalisation se débrouille en revanche de manière tout à fait inégale. Certains passages valent vraiment le coup, dont le final lors de la chute dans la piscine, très joliment mis en scène, mais d’autres sont ratés, et en particulier toutes les scènes érotiques. Le réalisateur devait être pris entre deux feux, à la fois faire le plus provoquant possible, mais sans rien montré, et le souci c’est qu’il n’est pas parvenu à concilier les deux, et l’on se retrouve avec des scènes pathétiques. Elles sont simplement mal filmées, et sur ce genre de séquences, ca ne pardonne pas. Une d’entre elle peut-être surnage un peu, celle du garage, mais enfin il ne faut pas non plus s’enflammer. En tout les cas c’est toujours très soft, et vous verrez essentiellement la poitrine de Madonna, un peu ses fesses, et globalement c’est tout. La bande son est par contre excellente, dans un style jazz mélancolique, teinté de blues par moment, c’est raffiné, très agréable à l’oreille, et bien dans le style du film. Dommage que le reste ne soit pas de ce niveau.
Au final Body est un film luxueux, indéniablement, mais au service de pas grand-chose. L’histoire est en papier mâché, et elle a beau essayé de multiplier les scènes provoc elle reste ennuyeuse, lente et fade. Le casting est par ailleurs décevant, et si Madonna sauve à peu près les meubles, Dafoe est totalement perdu. J’accorde alors un 1.5 à Body, pour ses décors, sa photographie, sa musique, quelques beaux passages de mise en scène, mais je ne peux guère aller plus loin.