Seconde moitié du XIXème siècle : Dans les grandes plaines glacées de Russie, sous le plancher des maisons et dans un monde similaire au nôtre, vivent des souris. Malheureusement pour elles, les chats sont craints et sèment la terreur, c'est alors qu'une famille décide de réaliser le rêve américain et de tenter sa chance dans le nouveau monde.
C'est sur Fievel, le fils de cette famille, que Don Bluth axe son oeuvre, et dès les magnifiques premières séquences en Russie, il le rend terriblement attachant, comme l'ensemble de la famille d'ailleurs. Peu à peu il va mettre en place une galerie de personnages autour de lui, aucun ne laissant indifférent que ce soit dans un sens comme dans l'autre, tandis qu'il va emmener cette petite sourie au coeur d'une belle et dangereuse aventure, trouvant un bon équilibre entre les tons (une ambiance plutôt sombre, en alternance avec quelques, excellentes, chansons) et rendant son récit, riche en rebondissements, palpitant.
Tout le long, il fait le parallèle entre le monde des souris et le nôtre, prenant ici acte dans l'immigration à une époque où les États-Unis faisaient rêver les gens des autres continents, désirant y trouver sécurité et surtout prospérité. Un contexte déjà passionnant qui est en plus merveilleusement exploité ici, donnant à l'oeuvre un charme fou qui n'est pas sans rappeler The Immigrant de Chaplin. Les références y sont nombreuses mais jamais lourdes, tandis qu'on retrouve sur le nouveau continent les regroupements entre différentes nationalités, les séparations, la dureté de trouver un travail, de se faire une place et de s'adapter à une nouvelle civilisation, mais aussi l'entraide. Tout cela est intelligemment traité sans jamais que ça ne gêne l'évolution des personnages et l'histoire en elle-même. À travers le monde des souries, Don Bluth raconte surtout l'histoire de l'Amérique et les racines de ce peuple d'émigrant.
L'ambiance, parfois magique, alterne entre quête désespérée et sombre, avec de vrais moments dramatiques et d'autres un peu plus joyeux à l'image de Fiével. Elle est tout le long prenante et dégage aussi un certain côté rétro que l'on retrouve dans les dessins avec un véritable savoir-faire donnant un résultat somptueux et bien plus beau que l'animation d'aujourd'hui. Les traits sont assez fins et l'ensemble précis tandis qu'il y a une certaine science du détail et, qu'à l'image des couleurs participants pleinement à l'ambiance, ils sont toujours d'une grande richesse. La bande-originale est là-aussi somptueuse et accompagne le récit avec brio. L'oeuvre propose de nombreuses images marquantes, à l'image de l'introduction ou toute la dernière partie, et surtout, arrive à nous faire passer par tout un panel d'émotion, allant du rire mais surtout aux larmes (toujours touchant mais sans jamais tomber dans la mièvrerie), tout en restant passionnant et attachant, tant par ses personnages que son contexte.
Spielberg voulait concurrencer Disney et, en plus de réussir commercialement, il réussit aussi artistiquement et livre là une petite pépite, terriblement passionnante et attachante, tant par son contexte que les personnages et l'aventure proposée. Un vrai régal et un petit cocktail d'émotion.