Revoir ce film aujourd'hui, en bientôt 2017, m'a fait le même effet que lors de sa sortie : un coup de poing dans le coeur. On aimerait, on prierait presque pour que ce film magnifique et poignant sur le rejet des différences, sur le racisme, l'homophobie et la xénophobie ne soit plus du tout, du tout d'actualité... mais nous savons tous que ce n'est pas le cas. Nous savons qu'il est si facile de montrer du doigt, d'accuser, de juger, de rejeter, voire de démolir tous les êtres que nous ne comprenons pas, que nous estimons trop différents de nous, parce que nous voudrions nous complaire et stagner dans une uniformité rassurante et pourtant complètement illusoire... Nous souhaiterions que l'autre soit le parfait miroir de nos pensées, nos à-priori, nos principes, notre culture et des images bien balisées que nous avons dans la tête. Pourtant, "Il suffirait de presque rien" comme dit le poète, pour que nous comprenions que ce qui nous rassemble est bien plus intéressant que ce qui semble nous séparer, que nous pouvons explorer l'autre comme un nouveau et passionnant continent, que nous pouvons même essayer de se mettre un instant à sa place pour comprendre ses joies et ses souffrances, ses expériences et ses échecs, et que nous pouvons même - apprendre - de tout cela ! Oui, nous pouvons choisir l'échange, le dialogue, l'entraide, et même l'amitié plutôt que ce torrent de haine, de cynisme et de défaitisme sans fin qui se déverse sur nos réseaux, sur nos écrans, sur nos vies et même sur notre imaginaire... Autrement, nous pourrons bientôt dire adieu à notre Humanité, à son coeur même, sa raison d'être.