A voir le film plus ou moins classé dans le genre historique, je m’attendais à voir plus ou moins un biopic, attente renforcée par l’amorce du film portant le message comme quoi ce film s’appuie sur la vie de Frank T. Hopkins. Eh bien non, ce film n’est pas vraiment un biopic. Cet homme fut le plus grand spécialiste des courses d’endurance à cheval, et est connu pour avoir gagné près de 400 courses longue distance, et pour avoir réussi à faire pérenniser les mustangs. Bien que les faits soient plus moins contestés par certains historiens en raison de l’absence d’archives qui pourraient corroborer les faits, le réalisateur Joe Johnston nous propose d’assister à une seule épreuve, la plus dure, la plus atypique, et la plus étonnante qui soit. Si Franck T. Hopkins était donc vraiment devenu un véritable héros en devenant l’un des plus grands cavaliers du monde, rien n’aurait été possible sans sa monture, un mustang répondant au nom d’Hidalgo. Dans des décors à couper le souffle, le spectateur suit l’épopée de cette monture et de son cavalier, couple animé d’une évidente complicité (d’ailleurs Viggo Mortensen racheta un des cinq mustangs ayant servi pour Hidalgo afin de le ramener chez lui). On remarquera en particulier l’incroyable travail de dressage. Quant à l’acteur vedette, son flegme sert à bien faire sentir au spectateur la sagesse de son personnage, en corrélation avec l’état d’esprit de son hôte, le Cheikh des Cheikhs, Riyadh, interprété par… Omar Sharif, très convaincant. Alors pour peu qu’on aime les chevaux, "Hidalgo" est un film formidable, me direz-vous. Eh bien je n’irai pas jusque-là. La course qui nous est présentée ici est une épreuve nommée "L’océan de feu", pour laquelle il faut parcourir 5000 kilomètres, au cours desquels les participants doivent traverser les déserts de sable d’Arabie, longer le golfe persique et de l’Irak, puis affronter les dunes de Syrie pour rejoindre Damas. Eh bien cette course, nommée aussi "La grande course de chevaux des bédouins", rien n'en prouve l’existence alors qu'elle est sensée avoir lieu depuis près de dix siècles. "Hidalgo" serait alors un tissu de mensonge ? On ne peut ni l’affirmer ni l’infirmer. Aussi je conseille de voir "Hidalgo" comme une pure fiction aventurière. L’affiche du film nous place dans le ton du film, présentant les aventuriers du désert dans des contrées à la fois hostiles et fascinantes, et la trame générale est assez réussie car elle nous divertit efficacement. Malgré le fait que le film dure 2h15, on ne voit guère le temps passer, malgré une grosse incohérence, et de taille !
Alors que le duo touche enfin au but (ce qu’on ne sait pas encore à ce moment-là), Hidalgo s’écroule, épuisé, avec des écoulements sanguinolents aux naseaux. Autrement dit, c’est la fin. Ben non ! Après l’apparition de mirages, puis des concurrents les plus sérieux, le cheval se relève pour lancer un sprint final dont je pense que tout le monde connaissant le milieu équestre s’accorderait à dire que c’est bonnement impossible : quand un cheval s’écroule d’épuisement, il ne se relève pas. Mais là, il se relève pour se lancer à la poursuite des concurrents, grâce à des accélérations dignes de l’effet qui se produit quand on appuie sur avance rapide. Dur à croire, d’autant plus que le cheval a hérité d’une blessure plus ou moins superficielle peu de temps auparavant.
Alors histoire vraie ou pas ? Nul ne sait en fin de compte. Moi je dis que tout ceci n’est qu’un prétexte pour alimenter le fait que Frank T. Hopkins ait servi la cause des mustangs. Il reste donc une fabuleuse aventure, à l’épilogue certes contestable, mais qui a le mérite de nous faire voyager, de nous divertir, et de nous faire partager une belle complicité entre un animal à quatre pattes et son cavalier. Un beau film d’aventures épiques à la qualité visuelle plaisante, traité avec sérieux par Joe Johnston.