Joe Johnston a réalisé avec Hildago ce qu’il sait faire le mieux : un divertissement sans prétention, mais ici il a rajouté un peu plus de souffle et du coup on a un film d’aventure tout à fait plaisant.
Les acteurs d’abord se débrouillent très bien, avec pour ma part un excellent duo entre Mortensen et Sharif. Tout deux jouent magistralement bien, et la rencontre est tout à fait à la hauteur de ce que l’on pouvait légitimement attendre. Mortensen fait sans problème oublier Lord of the Ring, et Sharif revient en puissance dans la peau d’un vieux sage arabe. Je l’aurai bien vu jouer Saladin un jour, mais maintenant c’est un peu tard. Pour le reste c’est un peu plus inégal, avec de bonnes prestations mais un cran en dessous du coté de Zuleikha Robinson ou de Taghmaoui. Surtout les personnages sont moins attrayants, et plus attendus ou clichés.
Le scénario est très correct. Il a les qualités générales d’un Johnston : bon rythme, sens du rebondissement, esprit ludique. A cela il faut ajouter un certain souffle épique, un peu d’émotion, et un exotisme des plus dépaysant. Sans oublier un soupçon d’humour. En revanche il faut avouer qu’Hidalgo n’est pas dépourvu d’une certaine consensualité tout de même. Il peine aussi à choisir totalement son registre, et des passages styles La Momie laissent un peu dubitatif au milieu d’un ensemble qui se veut un peu plus réaliste tout de même. A noter deux ou trois incohérences (notamment un passage avec des pièges).
Visuellement Hidalgo a un gros budget et l’exploite bien. Johnston offre une mise en scène tout à fait décente. Curieusement il est un peu plus brouillon dans ses scènes d’action que pour le reste, ayant visiblement à cœur d’offrir de superbes plans d’ambiance, mais s’avérant juste convenable dès qu’il s’agit d’offrir des combats ou des courses poursuites. Le morceau dans la ville du méchant notamment n’est pas des plus enthousiasmants, sans démériter non plus. Les décors sont superbes, rien à redire sur ce point, avec notamment des paysages splendides, et la photographie est parfaitement au diapason, offrant un spectacle réjouissant. Quant aux effets spéciaux, qui apparaissent bien dans quelques passages, ils sont toutefois utilisés avec parcimonie, et s’avèrent tout à fait appréciable. Globalement de ce coté là il n’y a rien à redire pour un film qui commence à vieillir, et dieu sait si dans ce domaine les choses évoluent vite. Quant à la bande son c’est surtout une musique d’atmosphère, avec ce qu’il faut d’exotisme et de qualité pour finir de faire d’Hidalgo un très agréable métrage.
En clair Hidalgo n’est pas un chef-d’œuvre, car il manque toujours à Johnston une véritable ambition. Il sait prendre du plaisir dans ce qu’il fait, et le communiquer dans la plupart de ses films, et ici, doté de bons acteurs, d’un scénario consistant, il passe dotant mieux. Toutefois il ne semble pas assez audacieux, semblant douter du potentiel qu’il a pour faire un film vraiment marquant, alors que je n’en doute pas, en creusant davantage dans les émotions, en balayant l’ensemble d’un souffle presque métaphysique, Hidalgo aurait pu s’installer sans problème dans la cour des plus grands. 4.