Molinaro s’essaye ici au film de cape et d’épée, pour un métrage qui rappellera par le mélange de sérieux et de légèreté quelques classiques du genre avec Delon ou Philippe. Ici, en plus, il y a un peu de grivoiserie aimable !
Mon oncle Benjamin n’est pas un grand film, mais il est un divertissement plus qu’honnête. Les acteurs sont à l’aise, surtout Jacques Brel qui campe à merveille ce personnage qui semble devoir parfaitement lui correspondre. Physiquement, moralement, il s’empare de son personnage avec une maitrise certaine, et il est entouré de talentueux seconds rôles. La charmante Claude Jade, un Bernard Alane très convaincant et idéal pour son rôle, un amusant Robert Dalban, et la discrète Lyne Chardonnet, décédée trop tôt. D’ailleurs lorsqu’on parle des seconds rôles on a un sacré lot, si l’on ajoute encore Rosy Varte, Bernard Blier, lequel trouve un rôle sur mesure pour lui ! De beaux numéros d’acteurs donc, et surtout Brel qui s’impose.
Le scénario est un peu léger. Des enjeux restreints, une dernière partie qui par moment m’a paru un peu déconnecté du reste du film, il y a aussi quelques petites lourdeurs comiques. Néanmoins, on assiste à un spectacle tout à fait plaisant. C’est assez rythmé, il y a de l’humour, c’est gentiment sexy, ce qui n’est pas nuisible pour un film sur le XVIIIe siècle, qu’on imagine facilement coquin, et il y a aussi assez de sérieux quant il faut pour permettre à l’aspect aventure de s’installer. C’est agréable à suivre, c’est frais, coloré, et peut-être que la faiblesse du genre aujourd’hui fait qu’il y a aussi une teinte d’originalité qui renforce l’intérêt du métrage.
Visuellement Molinaro signe un film très propre : de jolis costumes, des décors de qualité (les paysages auraient pu être mieux mis en valeur cependant), et une mise en scène étonnemment dynamique de la part de Molinaro, ce qui apparait notamment dans un très bon duel à l’épée. Mon oncle Benjamin est un film à l’esthétique réussie, et une bande son bien vue le complète avec efficacité. Evidemment, Jacques Brel pousse un peu la chansonnette, ce qui devrait plaire au fan. On a une galerie de petites chansons grivoises qui font épisodiquement leur apparition, parfois c’est assez bizarre car pas réellement pertinent, mais enfin…
Mon Oncle Benjamin est donc un film de cape et d’épée plaisant, que je peux conseiller à ceux qui aime le genre, et aux fans de Brel qui trouveront leur idole très à l’aise ici. Un divertissement sans prétention comme en a fait souvent Molinaro, mais qui ne se moque pas du spectateur, là aussi comme souvent chez Molinaro. 3.5