Le rôle principal de Novo est joué par le comédien espagnol Eduardo Noriega qu'on a pu apercevoir jusqu'ici dans Tesis et Ouvre les yeux d'Alejandro Amenabar ou L' Echine du diable de Guillermo Del Toro. Jean-Pierre Limosin l'a repéré dans Vies brûlées de Marcelo Pineyro. Il est allé le rencontrer pour lui proposer le rôle. Le comédien ne parlant pas le français, il a dû apprendre tous ses dialogues par phonétique pour les deux mois de répétitions avec ses partenaires.
Christophe Honoré qui a co-écrit Novo avec Jean-Pierre Limosin, alors en pleine rupture sentimentale parle de ce que lui évoque le film : "Aujourd'hui, lorsque je regarde Novo, j'y vois l'album des sentiments entre lesquels j'oscillais alors, j'y vois la colère et la vengeance, aussi la douceur et le pardon, j'y vois un film sur la rupture, sur l'idée de l'amour comme un Eden perdu avec nos petits coeurs déchus qui peinent à s'en remettre, un film sur l'extrême éphèmère, sur l'impossibilité de se poser, de partager un territoire à soi. Mais la disgrâce n'est pas la perte du bonheur, semble me dire Jean-Pierre, lorsque je regarde son film, non la disgrâce c'est avant tout l'oubli du bonheur."
Avec Novo, Jean-Pierre Limosin a voulu filmer le sexe de manière totalement nouvelle : "Il fallait faire le contraire de la pornographie-business qui retranscrit le temps dans sa durée réelle, pour faire croire que tout est vrai, pour intimider, pour se situer du côté de la performance, de la compétition par haine du sexe et de l'Eros. Le contraire, c'était de filmer par zestes, par éclats, d'inscrire que rien n'était vrai mais plutôt un mensonge vrai.
Par petites touches de signes et de sens, on s'est rapproché de la sensualité, de la volupté. Je voulais vraiment valoriser le plaisir charnel, qu'il ne soit plus directement lié à la culpabilité, à la mort ou à une misérable provocation."
Jean-Pierre Limosin évoque l'amnésie de son personnage principal : "Dans Novo, Graham est momentanément atteint d'une mémoire à court terme. Il vit ce moment comme une nouvelle expérience. Il n'est pas préoccupé par le fait de retrouver son identité, ni de revivre le moment dramatique où il a perdu la mémoire lui-même. Dans Novo, la défaillance amnésique n'est qu'un ingrédient fictionnel pour parler d'amour. je me suis servi de cette absence pour rendre présent le plaisir et le désir sexuel. Partir d'un manque pour arriver à une pleinitude tout simplement."
Si le traitement du sujet est très léger dans le film, Jean-Pierre Limosin a commencé à s'intéresser à ce phénomène quand sa mère a été gravement atteinte d'amnésie au point de ne plus pouvoir le reconnaître.
Jean-Pierre Limosin a abordé la mise en scène de Novo avec un esprit ouvert à toutes les expérimentations. Le style du film n'est ainsi jamais parfaitement fixé. De même pour la structure de Novo, le cinéaste a préféré adopter une structure complexe, "reflet de la structure mentale de Graham" plutôt que de suivre une narration linéaire.
L'écriture de Novo s'est faite en deux temps. Jean-Pierre Limosin a écrit un premier jet tout seul avant de se rendre compte que son scénario était trop proche de ses films précédents. Il a alors décidé de faire appel à Christophe Honoré dont il apprécié le style en tant qu'auteur. La deuxième phase d'écriture a pris un an. De nombreux éléments ont été ajoutés comme le personnage du fils qui n'existait pas du tout à l'origine.
Avec Novo, Jean-Pierre Limosin se place dans la lignée d'artistes ayant cherché avec leurs oeuvres à atteindre "une sagesse paradoxale et insolente, la recherche d'une innocence subversive." Le cinéaste cite ainsi comme référence Bouvard et Pécuchet de Gustave Flaubert et Les Idiots de Lars von Trier.