De tous nos grands classiques d'avant la Guerre, ce sont bien ceux de Marcel Pagnol qui sont les moins à même de séduire de nos jours. En terme de mise en scène, on était sur quelque chose de très académique, de très statique, loin, si loin d'un Duvivier, d'un Renoir ou d'un Gremillon. On évoluait dans un univers disparu depuis bien longtemps et qui n'a absolument aucune chance de revenir un jour d'entre les cendres. Mais, d'un autre côté, Pagnol, c'était des acteurs venant d'ailleurs (Raimu, Fernandel, Charpin, Demazis...), un phrasé unique en son genre et une langue qui a su donner à notre Cinéma certains de ses plus beaux dialogues. "La femme du boulanger", c'est tout cela en même temps. L'histoire est ici traîtée très sommairement, mais d'un autre côté, on s'en fout pas mal, ce qui compte, c'est d'admirer (et j'insiste sur le terme), le numéro de Raimu. Lequel joue comme on aime : tout en puissance et en faisant vrombir sa voix tonitruante. Clairement, on pourra trouver cela trop basique, trop lent et trop long (et il y a un peu de cela), mais il y a là-dedans un sérieux goût de reviens-y. D'ailleurs, la Pomponette n'est-elle pas la première à y revenir ?