« Prends-le du bon côté. Au moins, on a appris à faire des frites. »
A la fois conte (de Noël ?) et comédie romantique à l’eau (et aux pétales) de rose, Un Prince à New-York porte la double marque d’Eddy Murphy, dans le côté ultra-prévisible de l’histoire et de ses rebondissements mais aussi dans le déroulé de son cabotinage en personnages multiples, et de John Landis, certes pas le plus inventif des réalisateurs étasunien des années ’80, mais dans des petits détails qui font rire et la satire sociale, jusqu’au clin d’oeil à son autre œuvre en forme de conte, Un Fauteuil Pour Deux (1983).
L’interprétation, parlons-en puisque Eddy Murphy s’est construit un rôle sur mesure de prince à mi-chemin entre Beaumarchais et les romans courtois, propre sur lui, pur, noble dans sa quête, généreux et désintéressé, à l’accent exotique un rien caricatural… Bon, c’est Eddy Murphy, quoi, et ça se sent dans les autres rôles qu’il interprète, comme sur la scène du Saturday Night Live. On notera la réplique parfaite de son serviteur campé par un Arsenio Hall hélas trop rare au cinéma en comparaison de sa carrière télévisuelle. Les autres interprètes jouent juste, même si la voix de James Earl Jones cherchant son fils rappelle Star Wars, et on s’amusera des premiers pas de Cuba Gooding Jr et de Samuel L. Jackson. L’aspect révolutionnaire du film, on l’aura compris, tient dans une distribution presque 100 % noire dans un film tout public réalisé par un blanc. On regrettera seulement que, comme dans le Wakanda de l’Univers Marvel, les rôles africains soient tenus par des Américains.
Succès populaire au temps où Eddy Murphy les enchaînait, Un Prince à New-York n’est ni un mauvais ni un excellent film, c’est une chouette comédie qui se déguste comme un hamburger préparé par un vrai cuistot. De la junk food de qualité.