Depuis le temps que j'avais envie de voir un film jouissif ! Je ne pouvais pas être mieux servie. Summer of Sam est mon préféré des 3 films de Spike Lee que j'ai vus pour l'instant (et la barre était haute). C'est un film atomique, explosif, captivant, et jubilatoire. La BO, tantôt rock, tantôt disco, est à se rouler par terre et donne un rythme pas croyable à certaines scènes (celle de la dispute en voiture entre Vinnie et Dionna sur du Abba ou leur autre dispute sur Don't leave me this way, deux scènes géniales où les réparties fusent, où la colère transpire des acteurs et où on prend un pied de malade à suivre l'engueulade). Les acteurs sont excellentissimes, Adrien Brody est ultra crédible dans son rôle de punk déviant (c'est d'ailleurs une énorme surprise de le découvrir dans un rôle pareil, moi qui ne le connaissais que sous des rôles assez proches les uns des autres physiquement), et John Leguizamo et Mira Sorvino que je découvre ici font vivre avec une grande intensité ce couple qui ne comprend pas. L'idée de suivre en parallèle l'évolution d'une enquête policière (mais du seul point de vue de la population : on ne passe pas du côté "flics" de l'enquête) et l'évolution d'une bande de potes est parfaitement utilisée : on aurait pu trouver le rapprochement entre les 2 histoires tiré par les cheveux, alors qu'ici il est juste naturel. Le fait que la bande décide de jouer les détectives joue grandement dans cette cohérence entre les deux aspects du film. Les déductions et la "liste" de ces apprentis flics sont d'ailleurs hilarants, ils sont filmés avec ironie mais toujours avec un petit respect amusé. Tiens, parlons de l'humour du film. Très ghetto, basé sur les joutes verbales et la culture de la rue où règnent machisme, sexisme et paranoïa, il est absolument parfait. Voilà du vrai film qui fait rire (et pourtant ce n'est pas ce qu'on peut appeler une comédie -d'ailleurs il est un peu inclassable, ce n'est pas non plus un film policier ou un thriller-). Et mélangé à une ambiance chaude (au sens propre comme figuré) très sensuelle, parfois décadente, tout ça réussit à nous transporter dans un autre monde, celui du New York des Seventies. Comme toujours avec Spike Lee, on a cette réflexion sur les minorités (ici en plus des minorités ethniques on a la confrontation punk/queer vs disco/macho), sur ce qui les unit et ce qui les sépare, sur l'amitié, la violence. Ajoutez enfin à ce melting pot de bonnes idées une caméra géniale, qui nous donne droit à des scènes d'une grande beauté (celles tournées en boite de nuit), et vous obtenez Summer of Sam. Vraiment une bonne grosse claque, et je ne m'y attendais pas en plus !