Adieu Philippine est un film typique Nouvelle Vague, moment du cinéma français dont je ne suis pas du tout fan en général, mais qui passe plutôt bien avec ce film, le premier, de Jacques Rozier, réalisateur assez rare du cinéma français. Avec ce premier film, il signe une œuvre rafraichissante, bénéficiant d’abord d’excellents interprètes. Tous plus ou moins débutants, sauf Marco Perrin dans un petit rôle, le trio de tête, Jean-Claude Aimini, Yveline Céry et Stefania Sabatini est réellement au top. Il porte le métrage sur ses épaules, chacun faisant preuve d’un naturel déconcertant. Leurs répliques sont ciselées mais parfaitement naturelles, il y a la petite touche d’humour qui va bien, les familiarités de l’oral, le reflet d’un réel qui tourne ici volontiers vers quelque chose de gentiment burlesque, et c’est ce qui fait le charme de ce film Nouvelle Vague par rapport à d’autres.
Alors certes, il n’y a pas d’intrigue. On suit les tribulations de notre trio de héros dans des aventures quotidiennes, puis dans des vacances en Corse. Il s’agit de tranches de vie que pourraient partager finalement n’importe quel français avec eux. L’ensemble reste très sympathique et divertissant, en particulier car il y a de l’humour, une petite touche sexy, un côté rocambolesque dans la dernière partie. Maintenant, je dois reconnaître que le film est un peu trop long, que la deuxième partie n’a pas la saveur d’observation de la première qui a une dimension plus satirique, notamment du monde de la télé et de la pub. Rozier essaye d’équilibrer en tirant la deuxième partie en longueur, dommage, son film aurait fait 90 mn au lieu de 105 et je pense que l’ensemble aurait vraiment gagné en saveur.
Formellement, Adieu Philippine est plutôt propre. Rozier filme les paysages de Corse avec un plaisir évident et on retrouve déjà son intérêt porté à la mer, très présente dans son cinéma. On plonge bien dans les années 1960 et il y a de belles idées de réalisation, notamment une séquence dans la rue que j’ai trouvé hyper maline. Tout paraît naturel mais est en réalité extrêmement travaillé, et ça se sent. A noter que la bande son est particulièrement remarquable et soutient carrément la mise en scène.
Pour ma part Rozier signe un premier film emballant, malgré ses longueurs et son manque d’intrigue qui finit quand même, à la longue, par produire une petite lassitude. Maintenant, dur de ne pas aimer la fraîcheur du métrage, plein de légèreté et piqueté d’humour. Ok, la dernière partie est un peu plus aléatoire en terme de qualité, mais pour ma part l’ensemble mérite un bon 3.5.