S’appuyant sur le roman éponyme de Piers Paul Reed, "Les survivants" propose de revenir sur la tragédie du 13 octobre 1972. Cet événement qui a endeuillé le monde du rugby et toute une nation aurait pu s’arrêter là, comme toute catastrophe aérienne. Mais là où ce tragique accident prend toute sa singularité, ce n’est pas tant dans le fait qu’il y ait eu des survivants (quoique ça reste exceptionnel au vu des conditions climatiques), mais dans le mode opératoire de leur survie. Ainsi, la stupeur glacée venue tout droit de la Cordillère des Andes sera suivie d’un véritable choc qui aura bouleversé l’opinion publique, les médias, ainsi que les instances politiques et religieuses. Tel un rescapé, c’est John Malkovich en personne qui ouvre le récit (et pour cause, il a pris le rôle de Carlitos plus âgé). Par son allocution, il apporte sa nouvelle vision de la vie. Rien d’étonnant, nombreux sont ceux qui héritent de cette nouvelle approche quand ils ont frôlé la mort. C’est donc tout naturellement que le spectateur est amené à bord du vol 571 de la Fuerza Aérea Uruguaya. Sans même connaître l’histoire, le spectateur devine très rapidement qu’il se trame quelque chose de grave, par cette alternance de de plans extérieurs et intérieurs lors de la traversée de la célèbre Cordillère. La reconstitution du crash est assez réaliste pour l’époque (il est vrai qu’en 1993, les moyens étaient déjà intéressants), et c’est ce qui a valu une classification aux Etats-Unis quant aux moins de 17 ans qui devaient être accompagnés d’un adulte. Cependant les faits exposés relatifs au crash ne sont pas super fidèles à la réalité. Pour le vérifier, je vous invite à naviguer sur la toile : vous n’aurez aucun mal à trouver les renseignements concernant cette catastrophe. Malgré les petites libertés à la fois pour le crash et ses suites qu’on considèrera prises pour se faciliter le tournage, l’essentiel des faits est tout de même repris. Et puis surtout, le reste (ou presque mais j’y reviendrai plus tard) semble réaliste : les maux que cause la montagne, les réactions des uns et des autres s’avèrent pour certaines très différentes les unes des autres, on se raccroche tant bien que mal à de brefs moments de joie…
quel fabuleux entrain pour les anniversaires ! C’est ironique, bien sûr…
Parce que la principale préoccupation que les infortunés ont, c’est avant tout de survivre… ou de mourir. A leur place, nous aurions tous la même, non ? Pour ce qui a défrayé la chronique en plus du crash, rien de vraiment dégueulasse à l’écran. Du moins quand on regarde le film en 2018. Ce n’est pas explicite à proprement parler, puisqu’on est autant dans la suggestion que dans la démonstration. Je veux dire par là que nous n’avons pas d’images gores tels que nous pouvons en voir dans le cinéma d’aujourd’hui. Mais le spectateur sera très vraisemblablement parcouru de frissons très désagréables quand… quand… quand… ben vous verrez, mais cela parce qu’il n’aura aucun mal à se mettre à la place des personnages. Ah ben tiens les personnages, parlons-en justement. Leurs interprètes, sans être exceptionnels, s’en tirent avec les honneurs. Bon après, rien de plus normal : ils sont pour la plupart à quelque chose près au début de leur carrière. Parmi eux, vous reconnaitrez quelques têtes qui, depuis, ont fait leur bout de chemin comme José Zuniga, Josh Lucas, et surtout Ethan Hawke. Rien à dire sur la réalisation, elle est propre et a respecté la sobriété du scénario dans le sens que rien n’a été romancé à outrance, pour la bonne et simple raison qu’il se contente de raconter une histoire. "Les survivants" a certes aujourd’hui un peu vieilli par ses effets spéciaux (par exemple l’avalanche aurait un meilleur rendu avec les moyens actuels), mais cela offre l’avantage de se plonger sans trop de mal en cette année 72. Mon plus gros bémol (et c’est là le point que j’ai précédemment différé) réside en le fait que les barbes ne poussent pas beaucoup, que les dents restent blanches… bon en même temps ils n’ont pas grand-chose à becqueter mais bizarrement, les corps ne vont pas en s’amincissant.
Autrement dit, le cannibalisme n’est pas un régime des plus probants !
Ce film aurait gagné en crédibilité si tous ces éléments avaient été davantage pris en compte mais il est tout de même assez conforme à ce qui se faisait dans les années 90 malgré une entame hyper accrocheuse menée de main de maître par Frank Marshall. Après ça se délite un peu, même si on a tout de même pas mal de séquences intéressantes notamment dans la description et l’évolution psychologique des personnages. Quand bien même, "Les survivants" a le mérite de rendre un bel hommage aux victimes par un "Ave Maria" lors du générique de fin, même si ce chant n’est pas le plus beau que j’ai entendu.