Ce "Casse" m'a très agréablement surpris. Je m'attendais à du Verneuil/Belmondo mineur, au vu de la faible notoriété du film. En réalité ce fut un succès à l'époque (plus de 4 millions d'entrées), mais des problèmes de droits ont freiné sa distribution par la suite. Alors qu'il s'agit d'un divertissement généreux.
Ca démarre par un long cambriolage presque mutique, que n'aurait pas renié Jean-Pierre Melville. Où Belmondo incarne un expert en coffre-fort, qui use de techniques "modernes" pour l'époque, qui gardent à l'écran un certain charme (ordinateur "portable", processeur à carte...).
Et avant même la fin du premier tiers, on a le droit à une mémorable course poursuite dans les rues d'Athènes, menée par le spécialiste Rémy Julienne. Clairement inspirée par "Bullitt", avec l'utilisation des rues en pente et l'absence de musique. Mais on est loin du plagiat sans âme, il s'agit ici d'une belle démonstration technique à la française.
On pourrait croire que le film va ensuite grandement s'assagir, ayant livré ses plus beaux morceaux. Que nenni ! "Le Casse" reste mené tambour battant, grâce à un moteur scénaristique classique mais ici très efficace. A savoir le flic pourri qui traque les voyous, espérant récupérer le magot à son compte.
L'une des meilleures idées est d'avoir engagé Omar Sharif pour incarner ce méchant, élégant, froid, sadique et dangereux. L'occasion de beaux duels psychologiques. Dont une scène de dégustation de gastronomie grecque, qui met autant l'eau à la bouche chez le spectateur, que la pression chez nos protagonistes.
Le contexte athénien est par ailleurs bien exploité, apportant un certain exotisme, ainsi qu'un enjeu dans le récit (les héros cherchent à quitter le pays avec leur butin). On passera juste sur le fait que tout le monde parle parfaitement français. Toutefois, ne vous attendez pas à voir Bébel vagabonder au Parthénon, le tournage s'est plutôt effectué autour du port du Pirée.
Par contre, Belmondo s'est clairement fait plaisir sur place. Il livre quelques cascades motivées, peut-être histoire de faire concurrence à Rémy Julienne au volant ? Et il sait manier l'auto-dérision, jouant l'homme largué devant les éléments érotiques de l'intrigue. D'ailleurs "Le Casse" propose quelques touches d'humour aussi inattendues que réussies... dont une utilisation cocasse d'une lampe à claquement !
Un beau divertissement, qui n'a rien perdu de son efficacité.