Histoires de vies brisées : les double peine de Lyon : les secrets du tournage

Bertrand Tavernier et Alain Choquart ont collaboré sur plusieurs films : L 627, L'Appât, Capitaine Conan, Ca commence aujourd'hui, le documentaire Histoires de vies brisées : les double peine de Lyon et Laissez-passer.

En décembre 1997, une première grève de la faim (17 jours) rassemble de nombreuses personnes touchés par "la double peine". De cette manifestation surgit un grand sentiment de révolte qui touche immédiatement la fibre sensible du citoyen et cinéaste engagé qu'est Bertrand Tavernier. Mais le rendez-vous entre les principaux protagonistes et le réalisateur est manqué.

En Avril 1998, une 2ème grève éclate, conduit par les mêmes "double peine", qui n'ont réussi à se faire entendre la première fois. Tavernier qui tourne Ca commence aujourd'hui, profite d'une interruption de tournage et part à Lyon, avec Nils, son fils et assistant. Sur place, les Tavernier rencontre plusieurs désorientés par les des lois iniques. Ils décident donc de mettre en lumière tous les injustices et préjugés qui s'abattent sur les manifestants.

En juin 1999, c'est au tour de Lila Bouguessa, femme d'un détenu, de manifester. Tavernier est encore là, comme porte-voix. Au fil des rencontres, c'est elle qui deviendra l'héroïne de documentaire militant.

Toute personne ayant commis un délit est passible d'une condamnation. Si cette personne est étrangère, en plus de la condamnation, une deuxième mesure peut être prise : l'expulsion du territoire national. Soit à titre administratif (on parle alors d'Arrêté Ministériel d'Expulsion), soit à titre judiciaire (c'est l'Interdiction du Territoire National, qui peut être provisoire ou définitive). C'est ce qu'on appelle la "double peine". L'un des grands principes du droit stipule pourtant que, selon la phrase célèbre de Valéry Giscard d'Estaing, "nul ne peut être puni deux fois pour le même délit".

Ces vingt dernières années, la double peine aurait concerné directement environ 17 000 personnes en France et indirectement (parents, proches) plus de 100 000. (Source : Michaël Faure, Voyage au pays de la double peine, l'Esprit frappeur, 2000)