Julien Duvivier, c’est quand même quelqu’un dans l’histoire du cinéma français. Un cinéaste à qui l’on doit certains classiques comme « Marie-Octobre » (1957), « Le Petit monde de Don Camillo » (1952) ou encore « Pépé le Moko » (1937). Autrement dit, Duvivier, c’est un calibre. Jean Gabin, pareil, c’est un calibre, un monstre sacré de notre cinoche qui lui aussi est tributaire d’une bonne palanquée de classiques cinématographiques, dont un cité juste au dessus. Rien que ça, ça m’a suffit pour m’intéresser à « Voici le temps des assassins… », et je dois bien admettre que j’attendais beaucoup de ce film. Mais au final, c’est la déception qui m’anime. Je n’ai pas été emballé plus que ça. Pourtant le style de Duvivier, caractérisé par un pessimisme continu et des personnages évoluant constamment dans une atmosphère sombre, ça me branche vachement, mais sur ce coup là non, ça ne m’a pas fait d’effet particulier. Pendant les trois quarts du film, l’histoire, enfin plus précisément le déroulement de l’histoire est tout de même vachement linéaire et convenu. Et le rythme n’est pas des plus enlevés. On s’ennuie donc pas mal. Pour que l’ensemble se décante et que la machine démarre vraiment, il faut attendre le moment durant lequel le personnage joué par Jean Gabin découvre la machination dont il est la victime. Vraiment, pour moi, en ce qui concerne le contenu de ce film noir, c’est mi-figue, mi-raisin. En ce qui concerne le jeu des acteurs, c’est la même chose. Grande surprise: Gabin n’est pas dans une grande forme, n’est donc pas aussi impérial que d’habitude et n’est pas très convaincant. C’est quand même rare. Gérard Blain est à baffer. Celle qui fait la meilleure impression, c’est Danièle Delorme. « Voici le temps des assassins… » était sans aucun doute un film puissant pour l’époque, mais le temps en décide autrement. Aucun film, même majeur n’est à l’abri.