Marie vit pauvrement dans une petite cabane aux abords du village de Tellier. Sa condition de marginale, de sauvageonne, ne lui vaut qu'insultes et mépris de la part de quelques figures notoires, généralement pleutres et hypocrites, du village (bourgeois, ouvriers et curé confondu).
Pour se venger,
la belle Marie décide de monnayer ses charmes afin de ruiner ces notables médiocres et concupiscents.
Ce n'est plus qu'un défilé chez Marie, où chacun, triste figure du conformisme provincial, essaie de s'attacher les faveurs de la jeune femme, incarnation de la liberté et de la sensualité.
Devant cette peinture de moeurs corrosive, comment ne pas penser à Bunuel et à l'ironie surréaliste en général? En prospérant, Marie accumule des biens de consommation dont elle n'a pas besoin, et que ses clients, les pourvoyeurs de ce faux luxe, dans un accès de rage,
finiront par saccager.
Tout un symbole. Il en est un autre qui fait d'André (Michel Constantin), venu de la ville et projectionniste de cinéma, donc de culture et d'imaginaire, le seul personnage civilisé et respectueux.
Entre surréalisme et naturalisme ( la situation d'ensemble est outrée mais les portraits individuels ne sont pas aussi caricaturaux qu'il y parait), la satire de Nelly Kaplan moque intelligemment une ruralité bête et méchante, mesquine et arriérée.
Face à Bernadette Lafont, rayonnnante et sensuelle, dont on peut penser qu'elle est aussi la femme rebelle au sexisme des hommes, les autres comédiens s'en donnent à coeur-joie dans la veulerie et le grotesque, figurant un triste reflet de l'humanité.