Après avoir visionné un tel film, on reste sans voix! Elio Petri nous livre un réquisitoire féroce contre les hommes puissants de la police. Gian Maria Volonte livre ici sa prestation la plus violente, la plus enragée, la plus cynique, la plus malhonnête, la plus charismatique de sa filmographie. Il faut avouer que le réalisateur lui offre un rôle en or, lui qui aime jouer le rebelle, il trouve ici une occasion de montrer le système scandaleux, immoral et corrompu du corps de la police en Italie. On apprend ainsi que chaque citoyen est fiché, peut être écouté à n'importe quel moment et peut servir de bouc émissaire à tout instant selon ses activités. Le film raconte l'histoire d'un homme puissant dans le monde de la police qui se permet toutes ses fantaisies, l'apogée étant pour lui de commettre un crime, de faire peser toutes les preuves contre lui-même afin de prouver que le système même s'il sait qu'il est un meurtrier fera tout pour étouffer l'affaire afin de le rendre toujours intouchable. Ce long-métrage est donc une façon d'illustrer à quel point le pouvoir peut rendre un homme fou et décadent, à quel point il peut en arriver à se payer la tête de tout le monde y compris des journalistes et de ses propres collègues. Gian Maria Volonte incarne un homme torturé dans le sens où son pouvoir ne lui a pas permis d'impressionner la femme qu'il aimait. Le mépris de cette femme envers lui, elle qui ne cesse de le provoquer, de le rabaisser, de le pousser dans ses retranchements là où personne n'aurait osé le défier l'a rendu au fil du temps complètement masochiste. Il fréquentait cette femme pour être humilié, pour être ridiculisé, pour qu'il se sente au niveau où il croit être. Sa fascination pour la résistance de cette femme lui vaut de devenir au fil des jours un homme qui perd sa confiance, qui perd sa virilité, qui perd ses vertus, qui s'abandonne au vice bref un homme qui sombre totalement dans une grave dépression. Le scénario est riche en profondeur, la psychologie du protagoniste est très bien analysée, la réalisation est flamboyante avec une musique très stridente d'Ennio Morricone. Au final, Elio Petri nous sert un film parfait dans tous les domaines porté par un acteur au sommet de son art. Un chef-d'oeuvre!