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pierrre s.
426 abonnés
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2,0
Publiée le 16 octobre 2019
Une idée de départ géniale mais un film qui malheureusement l'est beaucoup moins. La faute au sur-jeu des comédiens et à de nombreuses longueurs. A noter tout de même, la magnifique BO d'Ennio Morricone.
Démonstration satirique jusqu'au grotesque du pouvoir policier en Italie à l'époque, tout autant que de l'effroyable anarchie politique qui traversait la société, ce film d'Elio Petri prend une dimension quasi prophétique sur ce qu'est devenue l'Italie dans les décennies suivantes. Il offre surtout, au-delà de ses qualités plastiques indéniables et de son ton corrosif, un écrin de choix pour Gian Maria Volonte, dont le personnage atteint à une perversité et un machiavélisme sans bornes, et que son talent exalté sert magnifiquement. Il était déjà rare, et encore aujourd'hui, de concevoir un film centré sur une figure aussi malsaine et qui parvienne à garder l'intérêt jusqu'au bout. Jouant de tous les clichés jusqu'à la limite de l'exagération (limite parfois franchie), cette satire typique d'un certain cinéma italien s'avère être un exercice périlleux et pourtant rondement mené.
L'intérêt est roi. Voilà le thème que Petri choisit pour ouvrir sa trilogie de la névrose et revisiter Kafka de nouveau, dont il utilise une citation pour fermer son récit.
En surface, il s'agit du symptôme du capitalisme contre lequel la jeunesse s'insurge, foule d'agitateurs estudiantins s'élevant contre l'ordre et qu'on se doit de réprimer. Mais Kafka oblige, on est dans un monde de paradoxes, où l'autorité érigée à l'extrême, presque fascisante bien que la police italienne se défende d'être la Gestapo, devient la seule garante de liberté. Là où Petri se sépare de l'auteur, c'est dans sa manière de faire imploser le système plutôt que de le pousser dans ses limites et d'en créer une victime. Il implose même très tôt sous la forme du commissaire sans nom joué par le glaçant Gian Maria Volontè. Il commet le meurtre de son amante, dont il va être lui-même chargé de l'enquête.
Traitant d'une civilisation avancée, organisée et hiérarchisée, fière d'être guidée par la raison et de ne plus être mussolinienne, Petri va traiter de la frustration qu'exercent toutes ces pressions sur l'Homme de la manière la plus originelle, bestiale : le fantasme sexuel. Voilà ce qui, pour le spectateur, sera longtemps le vrai motif du crime. Socialement brimé, victime de sa propre excellence dans une société ne jurant que par la justice, le commissaire a laissé exploser ce qui le rendait humain là où il pouvait encore l'être : l'intimité.
La névrose, quant à elle, agit pour faire du fantasme sexuel un fantasme de société. Figure d'autorité, intouchable, le commissaire est au-dessus de tout soupçon. Ça fait partie du fantasme, mais où est le plaisir sans l'excitation de braver l'interdit et le risque d'être pris ? Alors, pour lui, ce n'est bientôt plus du fantasme en soi qu'il s'agit, mais de le perpétrer en continu, avec une obsession pour la douleur.
Le commissaire n'a plus de notion de bien ou de mal : le mal est un bien puisqu'il s'en fait pour se sentir exister. Mais le système ne le veut pas. Pour ce dernier, il n'est que l'outil d'un achèvement sociétal n'admettant pas d'être contredit. Pour l'homme qu'il est et qui ne cessera plus de vouloir "être", il n'y a plus que deux solutions : poursuivre sur la voie du fantasme kafkaïen qui lui fera littéralement confesser son innocence, ou prendre la voie de Petri qui verra l'élimination de l'anomalie et le retour à la norme étouffante. Le choix se fait en rêve, ou bien il n'est pas fait : Kafka vs Petri, c'est au spectateur de choisir.
Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon est un des films les plus diversement profonds de Petri. Plus seulement hypothétique ni politique ou pamphlétaire, il transfère de toutes nouvelles valeurs sociales à des endroits où elles bourgeonnent comme jamais.
Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon est un film policier italien (à la limite de la comédie grinçante) très intéressant. L'histoire est assez puissante et marque les esprits par son personnage principal, qui à la fois profite de sa situation pour faire inculper quelqu'un d'autre pour son forfait mais donne parallèlement des pistes à la police qui le mène à lui (jusqu'à le crier sur les toits). Ce film est une satire parfaite de la police italienne des années 70 (où un grand nombre de pontes de la police et de la politique ont les mains bien sales et s'entraident pour conserver entre eux une omerta bien opaque). Gian Maria Volontè est très bon dans le rôle principal (il y a une part de folie dans son regard qui colle parfaitement à cette volonté de se sauver et de se saborder dans cette enquête). Très bonne satire.
Film politico policier d'Elio Petri qui dénonce en pleine année 70 et dans l'air du temps, la collusion entre la police, la justice et la politique. Petri attaque les policiers qui se mettent au dessus des lois, la servilité des citoyens lambdas et surtout une supposée connivence et de l'entre soi du pouvoir qui défendrai ces serviteurs. La charge est lourde et on frôle trop souvent la théorie du complot de l'époque, cela se vérifie dans la scène finale qui gâche quand même un peu le film... à voir tous ces importants personnages autour de l'excellent Gian Maria Volontè (chef de la section politique) pour le sauver de lui même et l'empêcher de tacher leur honneur, on se dirait plus dans une secte franc maçonne que dans la réalité.... c'est dommage car le film est vraiment bon et les acteurs aussi. Le scénario aurait gagné à rester dans le domaine policier. Quant au complot, oui il y en a mais le policier ne se serait pas mis en marge de ses collègues.... fiction pure....
C'est le genre de film dont on ne ressort pas indemne ou presque. L'histoire est prenante et fait plutôt froid dans le dos. Un commissaire de police commet un crime, laisse plein d'indices sur place pour être confondu. Néanmoins il reste insoupçonnable et cela tourne presque à la farce. On revoit par de petits flash-backs successifs sa relation d'homme névrosé avec cette femme sublime, tout autant névrosée. Le film est un peu long peut-être mais la musique de Morricone est là heureusement. J'y ai retrouvé des tonalités de Daft-Punk. De même il m'a fallu du temps pour retrouver où jamais entendu la voix française de Gian Maria Volonte, c'est bien sur celle de T. Curtis dans Amicalement votre.
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1,5
Publiée le 28 avril 2021
La scène d'ouverture du film est géniale mais dans l'ensemble je l'ai trouvé très décevant. Le point de vue politique sur les citoyens au-dessus de tout soupçon est exprimé avec toute la subtilité d'une massue et le personnage principal est à la fois antipathique et peu crédible. La réponse à la question quelle est la motivation du personnage ne devrait pas être pour prouver un point politique que le réalisateur veut faire. Je ne suis même pas antipathique à la politique mais je pense simplement qu'elle n'est pas exprimée efficacement dans un long métrage s'il manque une caractérisation plausible. Bien sûr on pourrait opter pour la satire pure et simple mais bien qu'il ait flirté avec cette approche Petri s'en tient a l'essentiel et cela ne fonctionne pas parce que l'intrigue est artificielle...
Dans un genre très Orwell, ce film est un objet assez unique. Que ce soit dans ces gros-plans anxiogène, nous donnant l'impression d'être dans leurs têtes et d'y étouffer. Du béton en veux tu en voilà. Des scènes aussi violente qu'irrationnel, bref c'est pas une sinécure. On a des formules très littéraires permettant une théâtralité évidente à la caméra. Le propos du film étant assez clair je n'ai pas eu l'impression que le sujet du film se trouve dans sa dénonciation des idéologies et des privilèges qu'elle peuvent donner. A la place j'ai la sensation de voir un film plus sur la névrose, jusqu'où on peut allé dans la contradiction. D'où cette surdose de très-gros-plans. Laissant le contexte être comprit à travers les personnages. Très ingénieux, du moins ça n'est pas un procédés qui me semble très utilisé au cinéma. C'est à vrai dire plus propre aux romans comme 1984 pour citer ce qui me semble le plus évident. C'est donc une transposition intéressante lié à un cinéma Italien qui a cette qualité d'être le cinéma intellectuel par excellence (pour moi, on s'entends). Maintenant je ne suis pas fan non plus vue que ce cinéma de mal-être m'est rarement agréable (non pas qu'il ne m'intéresse pas). En cela je pense que c'est bien mais je ne le reregarderais pas de nouveau pour le plaisir.
Original dans son propos, la dénonciation des atteintes liberticides d'un Etat policier, le film a cependant vieilli. Trop bavard (et mal sonorisé?), la charge se change peu à peu en farce tragi-comique.
Je n'ai pas réussi à entrer dans l'atmosphère de ce film. Trop de longueurs et de démonstrations pénibles. Décidément ce cinéma italien politique me laisse indifférent. Très décevant...
A Rome, au début des années 70, face à une contestation croissante, le pouvoir est proie de ses pires turpitudes. Pour survivre, il est prêt à sauver un des siens qui s'autoaccuse d'être le meurtrier de sa maitresse afin de prouver que l'autorité et la loi sont respectées, ce qui est inacceptable pour le régime. Finalement, notre héros rentrera dans l'ordre. Thriller d'abord politique et psychologique, très en vogue en Italie à cette époque,, le film est dur et sans concessions dans sa dénonciation d'un régime aux abois mais qui est toujours en place…. Grandiose interprétation de Gian Maria Volonté, comédien malheureusement quelque peu oublié, et inoubliable musique de Ennio Moricone, Malgré le sujet scabreux, le film a obtenu ll'Oscar du meilleur film en langue étrangère et, moins étonnant, le Prix spécial di jury à Cannes.
Tout est dans le titre du film. C'est terrible. Volonte dans le rôle d'un petit commissaire de police névrosé qui tue sa maîtresse et ensuite mène lui-même l'enquête. Mensonges, dédoublements, dissociations, abus de pouvoir... Un film qui fait réfléchir...
Ça part bien et au début le personnage est intéressant (marrant, charismatique) mais au bout d'une heure il devient lassant. Le film est un peu trop fou et le message politique, trop simpliste.
Il s'agit d'une parabole. Y a t'il un lien entre la perversité de l'Etat et celle d'assassins de droit commun ? En somme n'est-ce pas ce que Pasolini essaya de nous dire dans "Salo" ? Les écoutes téléphoniques mises en scène avec grandiloquence ne ressemblent-elles pas pas au voyeurisme (certes auditif) ? Le macabre des jeux de rôles entre le chef de la police et sa maîtresse ne nous évoquent-ils pas le sadomasochisme des citoyens qui acceptent sans broncher d'être les sujets d'un pouvoir sans limites ? Car il n'y aurait aucun sadique si personne ne se mettait à genoux ! Bien entendu que ce type de récit parabolique peut avoir un aspect démonstratif et manquer de naturel. Mais c'est le risque à prendre. Et il fût pris à une époque sombre de l'Italie. Quant au jeu de Gian Maria Volonte, il me semble très subtil. Bien entendu il peut sembler froid et sans aucune émotion, presque chirurgical. Mais n'est-ce pas la caractéristique de la perversion ? En somme,c'est une parabole satirique qui donne à réfléchir sur nos structures de gouvernement et sur l'Etat de droit et sa perversité. Un bon film et le plaisir de retrouver Gian Maria Volonte dans un rôle de composition. Car s' il doit jouer est le chef de la police eil doit aussi incarner la figure de l'Etat. Ce qui n'est certes pas évident pour un comédien.?...