Cette fois-ci ça y’est, après tout ce temps j’ai enfin eu l’occasion de visionner le dernier film du duo de réalisateur/scénaristes Disney à qui on doit aujourd’hui 6 classiques Disney. Et si vous avez suivi mes critiques, vous savez que j’ai aimé tout les long-métrages d’animation qu’ils nous ont offerte, parce que si au pire leurs films se limitaient à être sympa et fun, au mieux ils étaient géniaux. Pour résumer rapidement mon avis sur leurs autres films et dans l’ordre de leur sorti : "Basil Détective privé" était une très bonne surprise surtout pour son univers à la Sherlock Holmes, "La petite Sirène" est surement le moins bon de leur film à mes yeux malgré ses excellentes qualités, "Aladdin" est mon deuxième film préféré de leur filmographie, "Hercule" était très amusant et enfin La princesse et la grenouille est mon troisième Disney favoris derrière "Le Roi Lion" et devant "La Belle et la Bête". Maintenant que c’est fait, qu’en est-il de "La Planète au Trésor" ?
Et bien, maintenant que je l’ai vu, je suis vraiment dépité de voir qu’il n’a pas connu un succès à sa sortie et qu’il n’a même pas réussis à rentabiliser son budget. D’un autre côté ce film n’est pas sorti au meilleur moment puisque, avant cela, et malgré le succès de "Lilo et Stitch", "Atlantide l’empire perdu" qui est sorti juste avant avait été massacré par la critique et s’en est pris plein la poire au box-office et ce Disney avait définitivement fait perdre l’estime du public envers les studios d’animation aux grandes oreilles. Et malheureusement, même avec Musker et Clements aux commandes de ce film, je considère que La Planète au Trésor est injustement méconnue, alors c’est parti pour une défense à la dure.
Commençons d’abord par les personnages avec notre héros, Jim Hawkins qui est un adolescent rebelle pourtant brillant mais qui vit sa crise d’adolescent depuis le départ de son père. Mais d’un autre côté Musker et Clements n’en ont pas fait un personnage fermé et qui ne fait que tirer la tronche à tout son entourage, il sait s’ouvrir aux autres, il a un caractère appréciable et il apprend au fur et à mesure de son voyage inter spatial grâce aux liens qu’il noue avec John Silver, et en plus il a une certaine classe quand il fait du surfe spatial, et non il n’est pas beau gosse juste pour attirer les minettes, les beaux adolescents de son âge qui sont en conflit avec leur mère ça existe aussi dans la vraie vie, donc au final ça en fait un héros Disney qui ne me laisse pas indifférent pour un sou et franchement réussi. Sarah Hawkins, bien que peu présente, est assez intéressante elle aussi, elle est censée être la mère à bout qui n’arrive plus à gérer sa concilier sa relation avec son fils et son travail et pour le peu de temps qu’elle sera à l’écran c’est plutôt bien fait, même si on aurait pu creuser leur relation davantage. Delbert Doppler, bien que n’étant pas détestable fait parfois office de comique de service pas vraiment drôle lors de ses premières apparitions surtout lorsqu’il cherche à rectifier ses paroles qui le font presque passer pour un abruti détestable (autant dire ce qui est), mais passé le premier quart d’heure il se révèle assez sympathiques et développe une relation plus qu’agréable avec la capitaine Amélia. D’ailleurs cette dernière est une « cat-lady » très fun et chatoyante (ok j’arrête les jeux de mots sur les chats, sinon ça va vite être saoulant), intelligente mais vantarde et du genre à blablater à toute allure, personnellement je l’adore. Mais ma vraie surprise dans ce film, ça a été le méchant que Musker et Clements ont non seulement rendu classe avec un excellent design mais en plus de cela attachant voire même touchant avec sa relation envers Hawkins. John Silver est un cyborg et un pirate (je pense ne pas vendre la mèche en disant ça) qui part d’un cliché à la base mais qui se prend d’une certaine affection pour Jim et leur relation est le principal point fort parmi les protagonistes dans ce film, c’est ce qui fait marcher une grande partie de l’histoire.
John se voit en Jim tel qu’il l’était auparavant et le prend en affection car il revoit sa jeunesse en lui, plein de projet et de rêve tandis que maintenant c’est un vétéran mais qui a fait des sacrifices pour ses ambitions, et Jim le prend en exemple une fois qu’il sera sous son aile,
et ça marche vraiment bien. Et d’un autre côté, John a un côté machiavélique digne d’un corsaire de l’espace qui le rend vraiment classe. Honnêtement j’avais peur de voir un énième méchant raté de Disney comme avec les précédents films (Coucou Rourke, Clayton et Radcliffe) mais Musker et Clements m’ont surpris en réussissant leur méchant à chaque film : Ratigan était diabolique et il aimait l’être, Ursula était une vraie sorcière comme on les aime chez Disney, Jafar avait le charisme qui lui fallait, Hadès était hilarant, Facilier avait le vaudou et l’au-delà pour le rendre stylé, John Silver lui est une réussite lui aussi. Du côté des comiques de service, son petit compagnon Morph est bien mignon, assez mémorable et la manière avec laquelle il est animé lors de ses transformations est assez créative, je ne pense pas avoir à m’en plaindre, quant à Ben le robot, il n’apparaît pas tant que ça au final et n’arrive qu’à la fin du second acte mais autant vous le dire tout de suite : soit vous allez l’adorer, soit vous allez le trouver insupportable à cause de sa nervosité et le fait qu’il détraqué va soit vous faire rire ou le trouver énervant. Pour ma part… ça dépend des moments mais bon, c’est pas Jar Jar Binks ou un comique à la Transformers je vous rassure, j’attendais juste quelque chose de bien mieux et en plus de ça il a une animation assez bizarre je trouve, on sent qu’il est en 3D sur un fond d’animation 2D et comparé aux autres mélanges des deux styles d’animation du film ça parait assez bancal. En résumé, des personnages mémorables et réussis dans l’ensemble à l’exception d’un ou deux.
Du côté du doublage français, comme d’habitude on a une VF vraiment excellente, ceci étant dit : je ne saisis pas pourquoi on a engagé David Hallyday pour doubler Jim Hawkins si ce n’est que pour attirer les fans du chanteur lors de l’unique chanson du film (on va en reparler), je ne dis pas qu’il fait un mauvais travail au contraire il fait très bien ce qu’il a à faire et vocalement sa voix colle sans problème avec le personnage mais pour une fois je reproche vraiment ce choix de comédien uniquement pour rendre le film populaire. Mais à part ce détail, les autres comédiens font un super boulot, Bernard Alane et Jacques Frantz sont toujours aussi fun, l’un pour le professeur Doppler et l’autre pour John Silver, Michèle Laroque aussi était parfaite et le reste des comédiens également. Pour en revenir à la chanson du film, j’ai encore du mal à saisir son intérêt, certes "Un homme libre" est vachement sympa à entendre et certaines paroles ont un sens avec l’histoire, en plus j’ai bien apprécié mais… je sais pas, ça m’a laissé un drôle de ressenti la première que je l’ai entendu.
Mais à côté de la chanson du film dont je remets un peu l’utilité en cause (juste un peu), on avait James Newton Howard qui était à sa troisième collaboration avec les studios et l’orchestration musicale du film est vraiment excellente, plus je découvre ses compositions plus ce mec grimpe dans mon estime. Le thème principal donne envie de partir à l’aventure et ne manque pas de panache, les mélodies sont calme et plus tendre lorsqu’il le faut et l’orchestration devient dynamique et endiablé lors des scènes d’actions dans l’espace, brève encore une fois avec James Newton Howard ce n’est que du bon et je lui tire mon chapeau.
Et je vais aussi tirer mon chapeau à un autre aspect que ce film a bien plus développé que la plupart des Disney : son univers et l’animation de ce film. Disney avait déjà tenté de développer un univers élargi avec Atlantide l’empire perdu, ici, avec un budget de 140 000 000 $, ils vont plus loin et les animateurs ont laissé libre court à leur imagination pour créer un monde spatial vraiment imaginatif et plein de petites trouvailles, le design du port spatial lunaire, les effets de lumières des comètes, la supernova et le trou noir sans oublier la planète au trésor qui regorge d’un paquet d’idée assez originales sans oublier les instruments du cyborg John Silver. Mais en plus de cela, une autre idée qui m’a vraiment plu, c’est le fait de mélanger l’aspect futuriste avec des éléments d’époques comme les tenues de certaines personnages, l’auberge de la mère d’Hawkins ou encore la bibliothèque du professeur Doppler, ce mix apporte vraiment du charme à cet univers à la fois déroutant mais riche et varié. A tel point que… j’aurais aimé que ça aille encore plus loin, j’en demande peut être trop mais ils auraient pu faire un spatio-port pour les navires ou même enrichir cette traversée spatial avec des planètes à traverser avant d’atteindre le trésor de Billy Bones, mais bon ne soyons pas trop gourmand, ce qu’on nous offre ici est plus que satisfaisant, et l’animation rend cela encore plus prenant, surtout lors des scènes de surf de Jim Hawkins qui mélangent très bien la 3D et la 2D, ça bouge et ça nous entraîne dans le feu de l’action, quand Hawkins s’éclate en faisant du surf on s’éclate aussi et quand il y a un danger qui guette dans l’espace on se sent impliqué au centre même du danger, c’est triste de voir un film développer autant son univers sans avoir été vraiment remarqué au final parce que ça valait vraiment la peine.
Terminons avec le dernier point avec le script, écrit par Musker et Clement comme dans chacun de leur film. Alors pour ceux qui voudront me poser la question, oui je connais L’île au trésor de Robert Louis, mais non je ne l’ai pas lu (pas encore) par contre j’ai déjà vu une adaptation du roman auparavant en film qui ne m’avait pas tellement marqué donc je connais un peu l’histoire dans les grandes lignes. Et franchement, voir une version spatiale de cette histoire en mélangeant l’époque temporelle du roman peut paraître déroutant mais comme dis plus haut, je trouve que ça lui donne vraiment de l’ampleur et de la dimension, même si par moment au niveau de l’intrigue on n’est pas à l’abris de 2 voir 3 maladresses ou idioties au niveau du scénario, pour résumer rapidement et simplement :
Ben et Jim volent le vaisseau de John et ses hommes pour récupérer la carte sur le bateau spatial (et un chouette face à face entre l’homme écrevisse et Jim) puis ils retournent sur la planète pour rejoindre Doppler et le capitaine avant de se rendre compte que John et ses hommes les ont pris en otage… mais alors comment Jim et Ben n’ont pas pu s’en rendre compte puisque pour rejoindre leur cachette ils devaient revenir sur les mêmes lieux ??? Peut être qu’il y avait un autre accès mais comme c’est pas mentionné… mouais. Un peu plus tard, Doppler se libère de ses menottes et piège le pirate resté pour le surveiller lui et Amélia… et quelqu’un peut me dire d’où sort le flingue qu’il avait en poche alors qu’il avait été fait prisonnier ??? Vous n’allez pas me dire que les pirates sont débiles au point d’avoir oublié de les désarmer quand même ???
Après j’ai rien remarqué de bien méchant, mais par moment ce film prend quelques facilités à certains passages, comme celui ou la mère de Jim accepte… très facilement (je trouve) de le laisser partir en voyage spatial au péril de sa vie sans plus insister au final. On va dire que ça passe, mais autrement l’histoire a ses qualités et remplit son principal objectif : nous faire voyager à travers l’espace avec des héros auquel s’attacher, même le méchant ! Et j’ai voyagé en m’attachant au lien qui s’est crée entre Jim et Silver, j’ai pris mon pied avec l’animation et les effets spéciaux à la manière d’un film de SF de divertissement, j’ai même ressenti de l’émotion à certains moments, c’est amplement suffisant pour l’apprécier.
Je terminerais rapidement en disant que "La Planète au trésor" m’a surpris, si je dois le classer parmi les films de Musker et Clements il bat pour moi "Basil Détective privé", "Hercule" et "La Petite Sirène" mais reste en dessous de "La princesse et la grenouille" et "Aladdin". Ce film est injustement méconnu alors si vous ne l’avez pas vu, vous pourriez être très agréablement surpris. Et je serais prêt à le revoir volontiers dans les mois à venir.