Laurence Olivier avait, en 1953 au Phoenix Théâtre de Londres, mis en scène et interprété avec son épouse Vivien Leigh la pièce de Terence Rattigan, Le prince endormi. L'adaptation cinématographique par l'auteur lui-même et la mise en images par un Laurence Olivier qui avait fait la preuve de sa maîtrise de cinéaste en portant à l'écran plusieurs pièces de Shakespeare, comme Henri V (1944), Hamlet (1948), ou Richard III (1955), semblaient autant de garanties de succès pour une production que Marilyn Monroe avait voulue sienne en la finançant elle-même. Fière de produire enfin son premier film et de consacrer son travail à un rôle de composition, c'est avec plein d'ardeur qu'elle débarque en Angleterre.
Une véritable guerre éclate entre Marilyn Monroe et Laurence Olivier. La star est accompagnée de son coach Paula Strasberg - l'épouse du fondateur de l'Actor's Studio, Lee Strasberg - qui exige du metteur en scène d'interminables répétitions avant chaque prise. Excédé, Olivier exprime publiquement son impatience et sa colère et obtient enfin le départ de Paula Strasberg. Mais le jeu de Marilyn ne lui convient pas pour autant. La star est vexée et se venge : retards, absences, maladies imaginaires, panique devant la caméra, prises ratés et recommencées jusqu'à épuiser le jeu d'Olivier.
C'est Marilyn Monroe qui demanda à engager le chef opérateur Jack Cardiff dont elle admirait le travail sur Le Narcisse noir (1947, Michael Powell), Les Chaussons rouges (1948, id.) et L' Odyssée de l'African Queen (1951, John Huston).
Malgré l'instabilité et la dépression qui guette, c'est l'actrice qui, dans ce duel au sommet, parvient à éclipser son prestigieux partenaire. La critique fut effectivement sévère et ne retint du film que la performance de Marilyn.