La réalisatrice Emmanuelle Bercot qualifie le casting du jeune héros du film comme "une véritable épreuve de force". Elle explique : "Il était essentiel qu'on puisse croire qu'une femme puisse tomber amoureuse de lui. Mais, avant toute chose, il fallait qu'il puisse comprendre le sens de cette histoire, croire qu'une telle histoire était possible. Olivier Guérité avait ça. (...) Ca ne doit pas être très facile pour un garçon de cet âge-là d'accepter de jouer un rôle pareil. C'est l'âge où on a beaucoup de pudeur, souvent une grande peur du regard des autres. Je le trouve extrêmement courageux d'avoir voulu faire ce film."
La Puce, moyen-métrage réalisé par Emmanuelle Bercot en 1998, avait suscité le débat en raison de son sujet : une jeune fille découvrait le sexe avec un homme âgé d'une trentaine d'années. Dans Clément, le jeune héros connaît également sa première relation sexuelle avec une personne plus âgée. Pour Emmanuelle Bercot, mettre en lumière cette différence d'âge n'est pas consciemment voulu : "Ca tient aux histoires que j'ai envie de raconter, plus qu'à une fixation sur le thème de la différence d'âge. Je n'ai de toute façon pas le sens de la normalité, de la conformité. Quand je rencontre un couple de gens ayant une grande différence d'âge, ça ne me vient même pas à l'idée de faire une distinction. En revanche, l'idée de la différence tout court m'intéresse. La différence entre les êtres, c'est le noeud de toutes les histoires."
Emmanuelle Bercot se refuse à dévoiler ce qui lui a inspiré le sujet de Clément. Pour la réalisatrice française, le public n'a pas besoin de connaître tous les secrets de fabrication d'un long-métrage et doit savoir découvrir celui-ci par lui-même. "On offre son film au regard, à l'appréciation, au jugement des gens", explique Emmanuelle Bercot. "Je ne crois pas qu'il soit nécessaire de livrer plus de clés qu'il n'en comporte déjà en lui-même. C'est bien de garder une part de d'ombre et de secret sur la raison (si tant est qu'il y en ait une) qui nous pousse à faire un film et sur la façon dont ce film a été "fabriqué""
Clément est le premier long métrage d'Emmanuelle Bercot. A l'occasion de ce baptème derrière la caméra, la Française s'est octroyé l'un des principaux rôles du film. Une expérience de comédienne qui n'est pas nouvelle, la jeune femme ayant déjà joué pour certains des plus grands cinéastes de l'hexagone, de Michel Deville (La Divine poursuite, 1996) à Claude Miller (La Classe de neige, 1997), en passant par Bertrand Tavernier (Ca commence aujourd'hui, 1998) et Claude Lelouch (Une pour toutes, 1999).
Clément fait partie de la sélection officielle cannoise 2001, dans la catégorie Un certain regard. Le long métrage d'Emmanuelle Bercot bénéficie d'une sortie en salles deux ans après ce passage sur la Croisette.