Ararat : les secrets du tournage

Dans Ararat, Charles Aznavour interprète Edouard Saroyan, une référence au personnage qu'il jouait dans Tirez sur le pianiste de François Truffaut et qui portait déjà ce nom.

Atom Egoyan a ressenti le désir impérieux de faire un film sur le génocide arménien en tournant une scène du Voyage de Felicia où un Irlandais évoque le meutre de son grand-père par des Anglais en 1916, un an après le génocide arménien.

Elevé au Canada dans le souci de l'intégration, Egoyan n'a pris conscience de la spécificité de la culture et de l'histoire arménienne qu'à l'âge de 18 ans à l'Université: "Je savais déjà à cette époque, qu'un jour, dans le travail artistique que je voulais entreprendre, j'éprouverai le besoin de me confronter à la question du génocide arménien."

Mais le réalisateur a choisi d'évoquer cette épisode tragique en suivant des personnages contemporains : "Cela me permettait de montrer les conséquences flagrantes que représente une perte humaine ou matérielle."

Avant de tourner Ararat, Atom Egoyan a revu America, America d'Elia Kazan. Ce film revêt une certaine importance pour le cinéaste puisque c'est un des premiers à évoquer directement le génocide arménien.

La séquence de la douane qui se situe à la fin du film est inspirée d'une expérience qu'Atom Egoyan a vécu au moment du tournage de Calendar. Il rentrait avec des copies 16 mm du film et se fit arrêter avec. Le douanier lui demanda d'évaluer leur valeur. Une réponse dont le cinéaste n'avait bien sûr alors aucune idée.

Atom Egoyan avait d'abord pensé traiter le génocide arménien à travers un drame historique. Il décida finalement de partir d'une reconstruction depuis le présent des évènements pour réflechir sur les conséquences et la représentation d'un tel événement. On peut noter ici que dans d'autres de ses films comme Exotica et De beaux lendemains, le cinéaste s'attachait déjà aux moments qui suivaient une tragédie intime plutôt que le drame en lui-même.

Atom Egoyan projetait depuis quelques années de travailler avec Charles Aznavour: "Son agent m'avait contacté il y a quelques années, en me disant que Charles aimerait me parler pour envisager de travailler ensemble. Nous nous sommes brièvement rencontrés à Cannes en 1996, et j'ai pensé que ce serait formidable de l'inclure dans un film qui parlerait de la disapora arménienne."