Tous les cinéphiles soucieux de leur culture doivent absolument avoir vu "L'Alpagueur", it's a must ! Why ? Parce que c'est le modèle du NAVET, c'est un navet absolu, la quintessence du navet. Cela commence doucement, la première scène est crédible et se tient bien puis petit à petit cela devient mauvais jusqu'à l'extrêmement mauvais à savoir la scène finale qui se déroule sur le pont supérieur d'un Boeing 747 en plein vol, totalement irréaliste et délirante où même le costume de Belmondo est inapproprié (en imperméable cintré mais vautré en 1ère classe destination Nouméa).
Philippe Labro avait déjà commis en 1973 "L'Héritier" qui était déjà très mauvais, on peine à croire que Bébel se soit laissé entraîner de nouveau dans un film avec Labro pire encore. On se demande aussi ce que fait Jacques Lanzman dans cette galère mais il est vrai que l'on sait que parmi ses livres (dont certains sont excellents) il y a aussi de l'alimentaire.
Cela dit "L'Alpagueur" est intéressant du point de vue de la mécanique du navet car c'est de plus en plus mauvais, comme pris dans un engrenage infernal car partis avec des ingrédients catastrophiques : un méchant (Bruno Cremer qui fait ce qu'il peut dans cette soupe) totalement improbable, steward de profession et braqueur, inutilement et inexplicablement très sanguinaire ; un autre méchant (il faut les multiplier car sinon le film ne ferait que 50 min) qui est à la tête d'un "réseau d'évasion", oui, oui : "un réseau d'évasion" ça existe ! Une musique qui consiste en quelques rares notes agaçantes égrenées lors des scènes censées "de suspens". Beaucoup petits éléments achèvent le ridicule : les méchants marquent microscopiquement leurs billets de banque (c'est bien le seul film du monde où on voit çà, et pour cause quelle pourrait être l'utilité d'une telle chose ?), le gardien de prison se présente devant Bébel révolver en main "tu vas mourir" lui dit-il et attend sagement de se faire avoiner, la scène totalement irréaliste du camion de vin (avec une cuve d'eau chaude fumante en plein champ, des routiers qui se font justiciers, Bébel qui rattrape un camion déjà fort éloigné à la course), bref n'en jetez plus ! On navigue entre honte et consternation, mais il faut positiver car "L'Alpagueur" a le grand mérite de montrer à quel point il est difficile de faire un bon film, Labro avait beau avoir : Crémer, Belmondo, beaucoup de moyens financiers, il en a fait un désastre total.