Le ventre de Juliette : les secrets du tournage

Pour écrire le scénario de son second long métrage, Le Ventre de Juliette, Martin Provost s'est inspiré de l'expérience d'une de ses amies. Enceinte et abandonnée par sa compagnon, elle avait fait du futur cinéaste son confident pendant cette période si particulière de sa vie.

"Quand j'écoutais mon amie parler, que je la voyais se transformer au fil des mois, je sentais de plus en plus cette présence, ce ventre obsédant qui changeait tous les comportements, le sien, celui de sa famille, du père de l'enfant, jusqu'au mien qui l'écoutait. Il avait une existence à lui. Il était au centre de tout, comme aujourd'hui au centre du film."

En plus de son rôle principal, Martin Provost a tenu à soigner le casting du Ventre de Juliette. Stéphane Rideau venait d'être père et avait une simplicité naturelle qui convenait au rôle de Mathias. Le cinéaste voulait travailler depuis longtemps avec Nathalie Richard qui parvient à imposer des rythmes particuliers à ses personnages. Carmen Maura était déjà l'héroïne de Tortilla Y cinema, le précédent long métrage de Martin Provost. La comédienne pouvait atteindre le pathétique que le cinéaste cherhait à donner à ce personnage. Tom Novembre, Patrick Chesnais et Ariane Ascaride se sont par la suite intégrés au casting. Ils correspondaient exactement à la vision qu'avait Martin Provost de leurs personnages.

Martin Provost tenait à tourner à Marseille pour plusieurs raisons : "La lumière d'abord, et puis la vie. Ca grouille, mais pas comme à Paris. "Le Panier" par exemple, le quartier populaire où habitent Mathias et Juliette est en plein coeur de la ville. C'est comme un ventre. Un refuge possible pour ces être déracinés qui se sont installés là.

Aucun d'eux n'est né dans cette ville, mais pour tous il s'y passe quelque chose qui est de l'ordre de la naissance. Quand j'ai écrit le scénario, ça m'a paru évident que tous ces personnages ne pouvaient que vivre là, dans ce port ouvert sur le monde, qui accueille mais qui permet aussi de passer, de partir..."

Le ventre de Juliette a été tourné en super-16mm. En terme de mise en scène, Martin Provost a cherché essentiellement à rester au plus près des corps et des regards de ses acteurs. Pour cela, la caméra devait conserver la plus grande liberté de mouvement possible.

Martin Provost voulait à tout prix associer une comptine au personnage de Juliette. Un jour où le cinéaste recevait des amis chez lui, Edith Baudrand a joué quelques notes sur un piano désaccordé. Martin Provost a immédiatement voulu intégrer le morceau à son film. La musicienne a donc dû faire l'effort de se souvenir de l'air qu'elle venait juste d'improviser quelques minutes auparavant. Pour le film, l'équipe a enregistré le morceau sur un vieux piano qui ne servait plus depuis longtemps pour obtenir un son simple et un peu maladroit.