Avec "La ley del deseo" sorti une décennie après la mort de Franco, c'est un véritable pavé dans la mare espagnole que jette Pedro Almodovar. Une histoire mettant en scène des gays, un trans, un prêtre pédophile, le tout assaisonné de cocaïne, ça ne passe pas inaperçu dans un pays de forte tradition catholique qui a été tenu d'une main de fer par un dictateur pendant près de 40 ans. La visée catharsique d'une telle œuvre est évidente quand on connaît l'homosexualité d'Almodovar. Maintenant, que vaut vraiment "La ley del deseo" ? Sur le plan de l'émotion et de la sensualité c'est une réussite. Le choix de la BOF (cocorico au passage), la tendresse qui se dégage des parties de jambes en l'air, ... c'est choupinou tout plein. En revanche, les moult rebondissements invraisemblables nuisent à l'intrigue. A force de vouloir remuer le spectateur, Almodovar finit par le perdre. L'homosexualité était, à mon sens, un thème assez vaste pour ne pas avoir à partir dans un délire transo-oedipo-anticléricaliste. D'autant que notre ami Pedro, loin de se satisfaire de ce joli foutoir, double son mélo d'un thriller boiteux. L'enquête est absolument risible, les indices apparaissant et disparaissant comme par enchantement. Et que dire de la dernière scène, qui pourrait faire croire qu'il s'agit d'un film de série Z ? Dans ce passage final, les acteurs semblent s'être concertés pour jouer le plus mal possible. "Talons aiguilles" est, dans ce domaine, un film largement supérieur.