La Loi du désir, 1986, de Pedro Almodovar, avec Carmen Maura, Antonio Banderas, Eusebio Poncela. Seul Almodovar est capable de nous parler d’amour, à partir d’une histoire totalement saugrenue entre trois homosexuels, et la sœur de l’un d’eux, qui est en fait son frère devenu transsexuel par amour du père incestueux. A priori donc, un melo-roman-photos provocateur, de mauvais goût. Et pourtant, c’est une merveille. Non seulement par la qualité de l’interprétation, par la façon de filmer, grandiose, baroque, qui colle au rythme des passions/aversions, mais surtout par l’exposé qui nous est fait d’un trop plein d’humanité. Le désir, sa violence et son pouvoir de transgression, sont ici les clés pour évoquer l’amour passion, l’amour fraternel, l’amitié, l’érotisme homosexuel, depuis la jalousie jusqu’à la folie et le meurtre, le tout saupoudré d’un peu de poudre blanche sur un magnifique thème musical, Ne me quitte pas ( Brel) interprété de façon bouleversante. Les amateurs repèreront la « mauvaise mère », l’inceste, les coulisses du spectacle, la fraîcheur de l’enfance et même, façon Hitchcock, une brève apparition d’Almodovar !