L'inspecteur de police Barnero (Bernard Fresson) fait les frais d'un règlement de compte entre gangsters. Son collègue et ami (Michel Bouquet) entreprend de châtier les coupables en flic (en condé)...spoiler: et en assassin . Boisset est un cinéaste attachant parce qu'il a dénoncé en tout temps les dérives institutionnelles du pouvoir, les groupes d'influence et les petits fachos. Il s'attaque ici à la police toute puissante à travers les méfaits d'un flic assermenté mais crapuleux, et son film dérangea la censure de l'époque au point d'être un temps interdit. Aujourd'hui, "Un condé" n'a plus grand'chose de surprenant ou subversif et a même pris un sérieux coup de vieux tant le postulat de Boisset, aussi engagé et direct soit-il, détermine un film plein de raccourcis, de maladresses et de lacunes. Ses personnages, flics et truands, sont des figures de cinéma, tout en clichés, mal dirigés, mal servis par des dialogues de cinéma. A tous, il manque l'épaisseur humaine ou psychologique qui justifie leurs actes ou leurs paroles, et principalement pour le rôle de Bouquet, dont le caractère si peu étayé n'explique pas le comportement excessif. Sombre et dépouillé, le film de Boisset évoque un avatar de Jean-Pierre melville, mais du sous-Melville. L'intrigue est par ailleurs simpliste autant qu'invraisemblable, et son dénouement n'est pas la séquence la moins grotesque!
« Un Condé » est le 3ème long-métrage de Yves Boisset sorti en 1970… après des réticences de la censure via le Ministre de l'intérieur, Raymond Marcellin qui était en fonction en mai 1968, du fait de la « violence sans état d’âme du personnage principal ». Mais l’effet sur le public fut inverse avec un très beau succès commercial lors de la sortie du film ! L'inspecteur Favenin (Michel Bouquet) revient en poste après avoir été écarté pour indiscipline. Il retrouve et accompagne son vieil ami l’inspecteur Barnero (Bernard Fresson) qui est abattu sous ses yeux alors qu'il enquêtait sur un règlement de comptes entre 2 gangs de la drogue. Favenin réclame alors de pouvoir mener seul l’enquête au commissaire principal qui a quelques accointances avec un parti politique d’extrême-droite dans lequel un des 2 caïds de la drogue - « le mandarin » - est partie prenante. L’enquête lui est malgré tout confiée et Il va la mener froidement, méthodiquement et de façon directe. Il parle peu ou propose des « marchés » truqués du fait qu’il est assermenté et quand il met ses gants noirs, cela va barder pour les malfrats ! A noter la présence de Françoise Fabian (après son énorme succès dans « Ma nuit chez Maud » d’Éric Rohmer - 1969) qui est la sœur de Roger Dassin le narco-caïd tué par la bande du mandarin, et la présence également de Rufus dans le rôle d’un brocanteur anarchiste. Comme toujours avec Yves Boisset, le film est clair et net même si Favenin est toujours sur le fil, enfreignant même parfois la loi mais mu par son désir de venger la mort de son collègue/ami. Michel Bouquet est particulièrement glaçant dans ce rôle singulier pour lui.
Excellent film policier, polar, avec un Michel Bouquet obsessionnel à retrouver et tuer le tueur de son ami, flic idéaliste (Bernard Fresson) et donc naïf. Pour y arriver, il est prêt à tout, mensonge, meurtre, torture, passage à tabac. Tout y passe dans ce film où les bandits sont pourris, où les flics sont pourris, où les honnêtes gens sont pourris (ceux qui ne sont pas flics ou bandits). Le film contient son lot de meurtres pour égrener l'enquête suicidaire que mène Michel Bouquet. Le film contient son lot de scènes d'anthologie: l'affrontement avec Beausourire et Lupo, puis la scène du pistolet avec Lupo. Ainsi que la rencontre avec Michel Constantin, ou les scènes avec Adolfo Celi, parfait en commissaire principal politique, obséquieux et torve. La musique du film, assez déstructurée est peu utilisée et à bon escient: elle contribue au climat du film, où beaucoup de lieux visités paraissent déserts (hormis le commissariat). Ce qui donne aussi au film un ton, pas irréel, mais en suspension, un peu abstrait, du plus bel effet.
Film très violent pour l'époque et il a pas échappé à certaines scènes coupées. Une vengeance made in Bouquet, ça reste inoubliable. Un grand et magnifique polar .
Le film est d'un noirceur très appuyée, plus que le drame policier en soi, Yves Boisset nous plonge dans un monde froid, fataliste et désespéré. Boisset n'est pas encore au summum de son art. On décèle déjà son goût pour les sujets d'actualité plus ou moins brûlants, pour une mise en scène directe, immersive et hyper réaliste. Ainsi les accointances de la police avec les politiques sont montrées du doigts même si ça reste peu exploitées, les violences policières sont par contre au centre du film, de la torture à l'interrogatoire à la simple exécution le film devance le futur "Inspecteur Harry" (1971) à l'exception notable que les américains placent le flics au-dessus des voyous ; en effet, dans le film de Boisset on tombe légèrement dans l'hôpital qui se fout de la charité quand on entend un gangster affirmer que "tous les flics sont des pourris". Mais le plus gênant reste le choix de Michel Bouquet dans le rôle principal. S'il reste un acteur fabuleux et qu'il incarne un être froid et glacial à la perfection, il est déjà beaucoup moins crédible en gros bras qui bouscule les caïds. Site : Selenie
Réalisé sobrement par Yves Boisset, un polar noir brutal qui oppose sans foi ni loi la police et la pègre, servi par un excellent casting, et notamment un monumental Michel Bouquet.
Quelques scènes d'action intéressantes dans ce film mais comme souvent dans les films français, c'est trop violent ou pas assez. Et pas sans incohérences. Une seule balle tirée à 30 m dans l'obscurité suffit à tuer un policier mais il en faut 4 ou 5 pour abattre Constantin à deux mètres. Des types reçoivent une pluie de coups et en ressortent avec tout juste un petit filet de sang au coin de la bouche. Curiosité : on voit Serge Nubret apparaître au début dans une scène de racket mafieux et on se dit : ça va castagner vu le gabarit de l'acteur et finalement, rien du tout, ça tombe à plat et lui tombe à terre sans avoir donné un seul coup ; d'où la question : dans quel but Boisset l'avait recruté ? A signaler, quelques sorties bien frappées comme celle de Bouquet "Tu avais dit non deux fois je crois ?" avant de tirer une seconde balle. Donc, un bon film sans plus, méritant deux étoiles et demie sur cinq.
Un polar qui a plutôt bien vieillit , Comme toujours avec Boisset l'arrière plan politique est aussi important que le suspens du polar. Mais le film doit beaucoup à la magnifique interprétation de Michel Bouquet , exceptionnel de rigueur , du sens du détail, tout en intériorité, qui donne une profondeur inentendue au film.. Le plaisir de revoir aussi Françoise Fabian , excellente actrice , charmeuse et mystérieuse , un petit rôle pour une grande actrice . D'autres seconds rôles formidables : Bernard Fresson , M.Constantin et surtout Rufus , dans un joli rôle de révolté , personnage marquant et attachant des 70's.
Tout d'abord merci à Arte de d'avoir rediffusé ce film le 5 octobre 2021. Un Condé a pourtant beaucoup vieilli, mais c'est aussi ce qui fait son charme. Les scènes de bagarre, les nombreux meurtres où les acteurs meurent en en faisant des tonnes, sont ma foie assez drôles. C'est un plaisir de revoir des acteurs comme Constantin, mais aussi Garcin dans le rôle de Beausourire et Rufus en jeune acteur. Le personnage de Bouquet est celui qui fait le plus parler: on peut ne pas aimer car il est violent sans vraiment s'en donner les moyens: la scène où il tabasse Rufus n'est pas la meilleure. Il aurait pu s'en tenir à son rôle d'homme froid et agressif. Mais il reste le personnage central et il le fait bien.
Plutôt efficace avec son atmosphère glaciale teintée de cynisme, Un Condé représente une tentative sérieuse (et non comique comme d'autres films l'ont fait) de montrer police et truands sous un jour sombre. S'attachant peut-être un peu trop aux personnages et ne dépeignant le contexte de son époque qu'en quelques images pour ne plus y revenir, c'est surtout l'occasion de numéros d'acteur impressionnants, à commencer par Michel Bouquet, et de scènes aux lenteurs calibrées qui engendrent une tension diffuse et malsaine.
Après "Canicule" et "Le juge Fayard dit le shériff", ma troisième incursion dans la filmographie d'Yves Boisset pour découvrir ici un polar à la forme assez classique mais qui possède un fond nettement plus intéressant, politiquement engagé traitant des notions de justice, de vengeance au sein de la police française et de la pègre. Porté par un Michel Bouquet magistral de noirceur électrique dans un ton subtil, presque monolithique, un film policier qui offre une réflexion sur la corruption morale de la fonction de policier et de l'engagement psychologique inhérent. Un ensemble qui a vieilli dans sa mise en scène mais qui demeure accrocheur et moderne par son questionnement intellectuel. Un bon film.
Film qui a un peu vieillit helas..Michel Bouquet en flic implacable est quand meme bien..Michel Constantin est ici en sous emploi...dommage..Il a perdu du poids..peut être un de ces derniers films...L'histoire par contre n'est pas plus captivante que ca ni d'ailleurs les dialogues qui sont longuet....du sous Jean Pierre Melville..c'est dommage mais à découvrir quand même..