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calamarboiteux
28 abonnés
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4,0
Publiée le 5 avril 2011
Au cours d’un règlement de compte entre malfrats, l’ami de l’inspecteur Favenin (Michel Bouquet) est tué. Favenin veut le venger et emploie pour ce faire tous les moyens. La dénonciation est cette fois celle d’une police qui par souci d’efficacité se croit au-dessus des lois. On a donc affaire au policier faisant justice lui-même, thème trivial, mais développé dans un registre bien différent de celui des films de Jacques Deray où opère Belmondo. Le climat tendu et le réalisme de la violence brossent une toile prenante, angoissante, sur laquelle chaque acteur peint une prestation sans faute, les plus remarquables étant Rufus, en gauchiste tendre, fidèle en amitié, ainsi bien sûr que Bouquet, dans un rôle majeur de policier glaçant, méthodique, pratiquant le chantage sans vergogne, tuant sans état d’âme, mû par une pulsion unique. Un individu qui fait froid dans le dos rien qu’à le voir apparaître ; un remarquable numéro d’acteur. Ce qui a l’époque a choqué le milieu des forces de l’ordre, c’est que la hiérarchie d’un tel homme le couvre, on a même cherché à censurer la scène le montrant (celle du stand de tir). Boisset réalise ici un excellent polar, au scénario linéaire à la fois crédible et lisible, doublé comme toujours chez lui, d’un film a thèse, mais la thèse n’est heureusement cette fois ni omniprésente ni trop pesante, n’amidonnant pas l’action. A voir ou à revoir.
Outre l'aspect récurrent des scénarios de Boisset revendiquant des idées "de gauche" mais souvent avec de gros sabots, ce film vaut pour l'immense acteur qu'est Bouquet, ici dans un rôle inhabituel de Dirty Harry à la francaise. Boisset se souvient du maître Melville et ménage de long silences dans certaines séquences psychologiques (la mort de Michel Constantin, toujours aussi impressionnant) ou bien fait intervenir le regard extérieur d'un enfant lors du passage à tabac de son père, le non moins grand Rufus. Au débit du film, une Françoise Fabian décorative et loin de Rohmer, et un premier rôle confié à un Italo-Croate de séries B, pas trop à la hauteur des ambitions du réalisateur. A voir quand même une fois.