Hasard de ma programmation, l’après-midi je regarde « Léon Morin, prêtre » et le soir « Joyeuses Pâques ». Le point commun à ces deux films : Jean-Paul Belmondo.
A ma gauche, un Jean-Paul Belmondo 1961, la vingtaine mince, une des figures de la Nouvelle Vague au jeu sobre et dirigé ; à ma droite, un Jean-Paul Belmondo 1984, la soixantaine robuste au jeu en roue libre, cabotin à souhait.
A ma gauche, on salue Jean-Pierre Melville ; à ma droite, on salue Jean-Paul Belmondo.
A ma gauche, le personnage Léon Morin, prêtre est vu à travers les yeux du personnage féminin Barny joué par Emmanuelle Riva ; à ma droite, aucun point de vue, seul Jean-Paul Belmondo cannibalise ses partenaires.
Au centre du ring, l’évolution de l’acteur qui se fâchera avec Jean-Pierre Melville après « L’aîné des Ferchaux » après avoir joué « Le Doulos » et s’affranchira peu à peu de l’influence Nouvelle Vague pour se tourner vers d’autres réalisateurs qui le mèneront « à muscler » son jeu vers des polars ou des comédies populaires, sans connotation péjorative, au contraire, dans le sens noble du terme.
Cependant avec « Joyeuses Pâques », ça sent comme une fin de règne avec cette répétition des cascades en hors-bord et pendant le générique de fin.
Une fin de règne pour qui ?
Pas pour Belmondo qui tournera encore deux films d’action - « Hold-up » et « Le solitaire » avant de s’orienter vers des films plus apaisés comme ce virage pris avec Claude Lelouch « Itinéraire d’un enfant gâté », et de se consacrer au théâtre.
Avec « Joyeuses Pâques », Belmondo se retrouve en sandwich entre deux générations, la sienne avec Marie Laforêt qui arrive à sortir son minois des pitreries de son partenaire et celle de ce début des années 80 avec Sophie Marceau dont Georges Lautner s’amusera à citer « Fort Saganne ».
Pour moi, Jean-Paul Belmondo fait partie de ces rares acteurs (actrices) à qui on pardonne tout parce qu’il a donné beaucoup de plaisir au spectateur que je suis. Son « Joyeuses Pâques » est épuisant comme l’était « L’animal » mais ce serait être malhonnête de ne pas avouer que j’ai souri à plus d’une reprise…