Le 26 novembre 2008, une dizaine d'attaques terroristes ont eu lieu à Bombay. Deux terroristes ont notamment pris en otage quinze personnes dans l'hôtel Taj Mahal. Des explosions ont aussi eu lieu dans le bâtiment. De nombreux autres clients sont restés barricadés dans leurs chambres jusqu'à la fin de l'attaque le samedi 29 novembre. Cette histoire vraie a été racontée au réalisateur de Taj Mahal, Nicolas Saada, par l'oncle d'une jeune fille de 18 ans qui était prisonnière de sa chambre au moment des faits. Il s'est inspiré de son récit pour réaliser son long-métrage.
Pour écrire son scénario, Nicolas Saada s'est entretenu longuement avec la vraie Louise afin qu'elle lui raconte en détail cette nuit enfermée dans l'hôtel et le pourquoi de sa présence à Bombay. Le réalisateur explique : "Narrativement, psychologiquement, ce que cette jeune fille m’a raconté était très pur. Je me suis dit qu’il fallait que je reste le plus fidèle possible à son récit, sans le surcharger de signifiants. Il ne s’agissait pas d’exploiter son témoignage mais de lui donner une forme."
Nicolas Saada a eu quelques difficultés à trouver l'actrice pour le rôle de Louise, mais c'était sans compter sur l'aide de la directrice de casting, Antoinette Boulat. Elle a présenté Stacy Martin au réalisateur en juillet-août 2013, quelques mois avant la sortie de Nymphomaniac, de Lars Von Trier, dans lequel joue l'actrice.
Afin de mieux rentrer dans la peau de son personnage, Stacy Martin a rencontré plusieurs fois la vraie Louise, qui n'est pas son vrai nom. Lors de leurs entretiens, elle n'a pas osé lui demander trop de détails, mais elle voulait surtout en savoir plus sur ses réactions pendant l'attaque et sur ce qu'elle est devenue car c'est une question qui est posée à la fin du film.
Au niveau de la réalisation, Nicolas Saada explique : "J’ai essayé de coller le plus fidèlement possible à ce que la vraie Louise me racontait de son arrivée en Inde, de sa difficulté à s’installer, de ce sentiment d’entre deux quand elle et sa famille sont à l’hôtel. (...) La rencontre de ce nouvel espace provoque en Louise beaucoup de questionnements, on la sent indécise et intranquille. L’attaque est comme un précipité, le prolongement à une autre échelle, de ses inquiétudes."
Le tournage de Taj Mahal a débuté le 17 octobre 2014 et a duré huit semaines. Nicolas Saada et son équipe sont partis filmer des ambiances et des atmosphères à Bombay, qui correspondent à la découverte de l'Inde par la jeune fille, appelée Louise dans le film. Taj Mahal a ensuite été tourné dans des studios à Epinay dans lesquels la chambre d'hôtel a été reconstruite. Pour son long métrage, le réalisateur avait un budget d'environ 6 millions d'euros.
Lors des premiers voyages en Inde, l'équipe du film a été mise en garde contre la difficulté de tourner à Bombay. Pour Nicolas Saada, il était impossible que le tournage ne se déroule qu'en studio, il lui fallait au moins quelques plans extérieurs. Il a alors rencontré Guneet Monga, la productrice de The Lunchbox, et elle lui a expliqué que de filmer avec une caméra à l'épaule est autorisé. Le réalisateur a aussi obtenu une autorisation pour filmer la façade de l'hôtel, ce qui a permis ensuite de faire un Taj Mahal numérique grace aux effets spéciaux.
Le film de Nicolas Saada est en partie un huis clos assez oppressant et est raconté selon le point de vue du personnage principal. Taj Mahal suit aussi les parents de Louise, interprétés par Louis-Do de Lencquesaing et Gina McKee, qui tentent de rejoindre l'hôtel et une autre femme, jouée par Alba Rohrwacher, prisonnière dans le bâtiment.
Dans Taj Mahal, l'attaque des terroristes est perçue seulement par le son. L'ingénieur du son, Erwan Kerzanet, est parti une journée avec son équipe et une quinzaine de figurants dans un hôtel abandonné à Bombay afin de mettre en scène une fausse attaque terroriste.
Pendant douze jours, Stacy Martin a joué seule dans la chambre d'hôtel, un exercice difficile et pas banal. L'actrice avait une oreillette dans laquelle elle pouvait écouter le texte de son père au téléphone, lu par un comédien, et les sons de l'attaque enregistrés afin de se repérer plus facilement dans le jeu. Nicolas Saada a expliqué que Stacy Martin a fait de la danse auparavant et que cela l'a aidée à être précise dans ses gestes et dans ses directions du regard.
Après Espion(s), Nicolas Saada a de nouveau collaboré avec Caroline de Vivaise, costumière. Cette dernière a eu pour défi de faire évoluer la chemise de Louise qui se "transforme" pendant les cinq minutes d'attaque dans le film. "Louise passe de l'état quasi princesse à celui de zombie.", explique le réalisateur. Nicolas Saada a aussi eu comme challenge la reconstruction de la suite du Taj Mahal et la façade en décor qu'il fallait raccorder avec les prises de vues extérieures effectuées en Inde et celles en studio. Pour le décor de la suite, Pascal Le Guellec, le chef décorateur, a ramené de Bombay de nombreux accessoires.
Pendant cette attaque terroriste, Louise se retrouve seule dans sa chambre d'hôtel, mais entend rapidement une voix provenant de la pièce à côté. Sa voisine devient son seul soutien et les deux femmes peuvent se voir et se parler. L'Italienne, jouée par Alba Rohrwacher, tente par tous les moyens de rassurer Louise et de lui faire croire qu'elles vont s'en sortir alors qu'elle n'en a pas la moindre idée. Cette aide entre les deux prisonnières est réellement arrivée pendant l'attaque.
Cinq ans après son premier long-métrage, Espion(s) avec Guillaume Canet, Nicolas Saada réenfile sa casquette de réalisateur pour Taj Mahal. Entre temps, il a tourné deux courts-métrages, La Quarantième marche et Aujourd'hui. Il signe donc ici son deuxième long-métrage.
Taj Mahal était en compétition pour le prix Orizzonti à la 72e Mostra de Venise qui a eu lieu du 2 au 12 septembre 2015. Le film a également sélectionné aux festivals de Telluride aux Etats-Unis, et à Gand, en Belgique.
Taj Mahal retrace l'histoire vraie d'une jeune femme de 18 ans prise au piège dans l'hôtel Taj Mahal pendant les attentats à Mumbai en 2008. Un sujet sensible au vu de l'actualité et de ce qu'il s'est produit le 13 novembre 2015. Malgré cela, le distributeur du long-métrage, Bac Films, en accord avec Patrick Sobelman, le producteur, et Nicolas Saada, le réalisateur, a décidé de maintenir la date de sortie du film (le 2 décembre 2015) car "le cinéma est là pour ouvrir au dialogue" et il permet "dans ces moments difficiles de regarder le monde tel qu’il est".