Comme tous les films que Elodie Lélu a réalisés, Colocs de choc s’inspire de la vie de la réalisatrice. Ainsi, quand elle avait seize ans, sa grand-mère a développé la maladie d’Alzheimer : "Plutôt que de sombrer dans la tragédie, nous avons choisi l’humour, l’excentricité ferait désormais partie de notre quotidien. Quand ma grand- mère a commencé à nous confondre les uns avec les autres, on a décidé de ne pas la contredire et de jouer les personnes qu’elle voulait qu’on soit."
"Cette approche a eu un impact positif sur sa maladie. Au lieu de se replier sur elle-même, elle a continué à communiquer avec nous, elle n’avait pas peur de dire des inepties et je crois que ça l’a vraiment libérée. Nous sommes entrés dans son monde, quitte à parfois nous perdre."
Colocs de choc alterne entre comédie et drame, entre plans longs et plans-séquence pour les moments émotionnels et plans courts pour les scènes comiques : "Cette variation de styles crée un rythme dynamique et permet des effets comiques au montage. Bien que Manon soit le personnage principal, la caméra capture aussi des moments légers avec les personnages secondaires. Le montage a débuté dès le tournage pour trouver l’équilibre parfait entre les deux genres", confie Elodie Lélu.
Bien que son film soit inspiré d’une histoire vraie, Elodie Lélu a pris ses distances avec la réalité pour créer le personnage de Manon, incarné par Fantine Harduin. La cinéaste se rappelle : "Le choix de la jeune actrice s’est rapidement imposé, je voulais qu’elle corresponde à l’âge du rôle. Fantine Harduin, âgée de quatorze ans à l’époque, incarnait parfaitement la dualité de Manon, entre timidité et affranchissement."
"Son évolution de l’adolescence à la femme épanouie nécessitait une transformation physique réelle, à laquelle elle a adhéré en acceptant de décolorer complètement ses cheveux en blond. Cette prise de risque a enrichi son jeu, son changement physique étant devenu une réalité captivante à filmer."