Nicolas Bellenchombre, créateur, directeur et metteur en scène du cabaret la Sirène à Barbe, à Dieppe, s'est violemment fait agresser pour des raisons homophobes en 2020. Immédiatement naît en lui l’envie de construire un endroit sécurisant pour tous. Cet acte politique et militant permet d’offrir à ceux qui n’en avait pas, un lieu confortable mais aussi, d’accueillir des personnes étrangères à ce milieu qui viennent découvrir, rire, s’encanailler.
C’est un lieu important autant dans sa construction personnelle que dans l’équilibre de la ville de Dieppe. C’est devenu un point de rendez-vous pour une poignée d’habitués et très rapidement, le projet du cabaret a dépassé ses ambitions professionnelles. Il a créé des liens forts avec la troupe de drags queens avec qui il travaille et qu’il aime comme des sœurs.
L’envie de faire un film est venue à Nicolas Bellenchombre dès l’ouverture du cabaret. Un soir, Arthur Delamotte, aujourd’hui coréalisateur, chef-opérateur et monteur de La Sirène à barbe, puis Gaëlle Jones, productrice, sont venus boire un verre au cabaret et, le temps de cette soirée, ont décidé de suivre le réalisateur dans ce projet.
Nicolas Bellenchombre a mis deux nuits pour établir les bases du scénario, comme il s'en rappelle : "Tout était déjà là. Le reste de l'équipe était principalement constitué des employés du cabaret. Nous avions donc les moyens physiques, scénaristiques et humains pour concrétiser ce film. Et comme rien ne garantissait la pérennité de cette situation, nous avons décidé de travailler dans l'urgence, de tout miser sur l'adrénaline que ce projet fédérateur procurait à chacun."
"Avec Gaëlle Jones, nous avons dévié des schémas de production classiques. Nous avons financé ce film en fonds propres. Nous avons toujours rêvé de faire du cinéma comme on peint un tableau, d'un coup de pinceau, d'un geste. Avec ce film, nous avons pu nous en approcher."
La Sirène à barbe est ancré entre les quatre ports de Dieppe, une ville dont les couleurs et les lumières ont permis à Nicolas Bellenchombre et son équipe de créer des contrastes dans le film. Il précise : "Dieppe est une ville socialement et architecturalement très riche, pleine d’histoires. Beaucoup de personnages étranges viennent s’y échouer, c’est eux que nous voulons représenter."
Nicolas Bellenchombre et son équipe ont conçu le film comme un témoignage, en synergie avec le réel, en cherchant à montrer ce que les gens peuvent voir en venant à la Sirène à Barbe et aussi ce qu'ils ne peuvent pas voir. Il précise : "Nous voulons partager un morceau de vie de ces personnes qui nous entourent, raconter leurs histoires, ,leurs amours et aussi leur solitude. Il émane une grande mélancolie du métier de drag queens, comme des clowns tristes, elles sont très entourées et en même temps constamment en errance."
"Nous avons imaginé un montage dans lequel les récits de vie s'entrecroisent, se répondent et se succèdent comme les spectacles chaque soir. À l'exception de Beluga, qui est un personnage romancé basé sur l'histoire de Nicolas et joué par un comédien, toutes les drag queens sont de véritables artistes du cabaret. Nous avons écrit les dialogues pour elles et souvent en collaboration avec elles."