Le cinéma du réalisateur suisse Lionel Baier ne laisse jamais indifférent, que cela soit pour le choix de ses sujets ou pour ses mises en scène, pas vraiment neutres. Avec La Cache, il s'attaque à un roman autobiographique, genre délicat, notamment vis-à-vis des lecteurs, rarement satisfaits de l'adaptation qui en est faite. Le film se déroule en mai 68, cette année erratique, dans un appartement qui constitue une sorte de refuge, et l'on comprendra seulement au fil du long métrage pourquoi il en est ainsi. Baier convoque la fantaisie et même l'absurde, avec un célèbre invité en sus, mais si La Cache exprime bien sa liberté narrative, en se focalisant sur le pittoresque de ses personnages plus que sur une intrigue peu exaltante, le film ne convainc qu'à moitié et ne touche pas autant qu'il le souhaiterait, sans doute. Œuvre de groupe, aucun acteur ne tire la couverture à soi et l'homogénéité de l'interprétation, à travers 4 générations, contribue à ne pas se sentir totalement exclu de cette famille à la fois resserrée sur elle-même et originale. Michel Blanc, pour son dernier tournage, joue avec tout son talent un rôle qui se fond dans un ensemble hétéroclite mais chaleureux. Il n'est pas interdit de trouver cet adieu touchant et plutôt à son image, d'homme bienveillant et altruiste.