Le Beau rôle : les secrets du tournage

Victor Rodenbach a trouvé l'inspiration dans sa propre expérience, puisqu'il est en couple avec la metteuse en scène de théâtre Pauline Bayle. Ils se sont rencontrés lorsqu'ils étaient étudiants, elle au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris, et lui à La Fémis : "Je vis donc depuis toutes ces années au plus près d’une vie de théâtre, la sienne, faite de répétitions, de premières, de tournées et ça me fascine encore aujourd’hui. J’aime les personnages passionnés, engagés, qui cherchent un rapport à la vie plus intense et le trouvent dans les théâtres."

Avec Le Beau Rôle, le réalisateur souhaitait explorer la difficulté de concilier la vie, l'amour et le travail, ainsi que la complexité des relations créatives dans le milieu artistique : "Henri et Nora tombent amoureux l’un de l’autre comme on trouve une scène, leur couple se forme comme on monte un spectacle. Ces deux mouvements créateurs se nourrissent l’un l’autre avant de se retourner contre eux."

Le titre porte une double signification, comme l'explique le réalisateur : "Le « beau rôle », ça peut être celui que Nora doit redistribuer après le départ d’Henri comme celui après lequel Henri court dans les castings qu’il va passer à Paris. Mais c’est aussi celui qu’on tente tour à tour de se donner dans le couple quand ça commence à tanguer et que la conversation patine. Bas les masques !"

Victor Rodenbach connaissait William Lebghil depuis 2013 : il l'avait dirigé dans un court-métrage qu'il avait co-réalisé avec Hugo Benamozig. Ils se sont recroisés des années plus tard durant le confinement, "au hasard de nos promenades quotidiennes, et je me suis rendu compte que c’était sa voix que j’entendais en travaillant sur le film que j’étais en train d’écrire. C’était comme une évidence. William est un acteur extraordinaire, infiniment sensible, sincère et profond."

Quant à Vimala Pons, le réalisateur l'a découverte dans La Fille du 14 juillet "où elle crevait l’écran, et j’ai suivi passionnément son travail par la suite au cinéma et sur scène. Ses spectacles font partie des propositions les plus singulières et bouleversantes que j’ai pu voir dans ma vie. Je savais donc que j’allais rencontrer une actrice mais aussi une autrice/metteuse en scène passionnante, un mélange idéal pour Nora."

Dans le film, le personnage de Nora monte la pièce Ivanov de Tchekhov. Au cours de l'écriture du scénario, la pièce a changé deux fois : il y a d'abord eu Platonov de Tchekhov, puis Dom Juan de Molière. Le réalisateur revient sur le choix d'Ivanov : "Pour la langue de Tchekhov, d’abord. Au moment où les acteurs sont arrivés sur le projet, elle m’a semblé plus directement romantique et accessible que celle de Molière, ce qui était important car les scènes de théâtre à proprement parler ne sont pas si nombreuses dans le film."