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    Hors du temps
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Hors du temps" et de son tournage !

    Naissance du projet

    Olivier Assayas a écrit Hors du temps à la fin du confinement, alors qu'il venait d’achever le pilote de la série Irma Vep. Par chance, le cinéaste n'a pas attrapé le COVID, mais s'est retrouvé pendant toute une semaine avec une mystérieuse fièvre. Il se rappelle : "Mais je n’avais rien à faire, sinon faire passer le temps, assis dans mon jardin."

    "J’ai alors commencé à écrire dans cet état flottant, comme une sorte de rêverie. Juste après Irma Vep, c’est comme si j’avais dérivé vers une écriture nouvelle, qui prendrait en compte, ou intégrerait, ou représenterait ce que nous venions de vivre, et qui me semblait extraordinaire mais à la fois abandonné à la question de savoir quoi en faire au juste."

    "J’ai commencé par écrire une scène, sur un registre autobiographique très littéral, puis une autre sur un registre de comédie et puis tout le scénario, dans l’ordre chronologique, sans savoir où j’allais, sans savoir où allaient ces personnages. Sans savoir ce qui allait advenir d’eux, et sans savoir non plus ce que moi-même j’allais faire de cette succession de scènes."

    "Et peut-être aussi donner un sens à ce moment d’immobilité. Cette circulation entre le passé et le présent s’est donc aussitôt imposée. C’était le véritable objet des notes que je prenais. Je me trouvais dans la maison de mon enfance, mes souvenirs revenaient vers moi sans que j’aie besoin de les susciter, je ne vois pas comment j’aurais pu y échapper."

    "Et en même temps ce retour du passé me renvoyait à une interrogation sur le devenir. C’est l’été, il n’y a pas encore de vaccin, on déconfine sans trop savoir quel est l’épisode suivant."

    Références picturale

    Dans Hors du temps, les références sont littéraires et surtout picturales. Olivier Assayas précise : "Au centre de l’œuvre de Hockney, comme chez beaucoup de peintres que j’admire, il y a la question de la figuration. Comment peut-on être à la fois moderne et figuratif ? Les tenants de l’art contemporain jugent qu’elle appartient au passé. Hockney pense, et moi avec lui, que l’art peut être à la fois figuratif - c’est-à-dire dans le cas du cinéma raconter une histoire, portée par des personnages crédibles - et en même temps, être à l’avant-garde des pratiques de son époque."

    "Il y a des percées, des avancées, des inventions qui sont spécifiques au cinéma et qui stimulent aussi les autres arts, avec lesquels le cinéma, d’une manière ou d’une autre est toujours en dialogue."

    Retrouvailles

    Pour jouer le réalisateur Paul, Olivier Assayas a fait appel à Vincent Macaigne, qu'il venait de diriger dans la série Irma Vep et qu'il avait sollicité pour Doubles Vies : "On venait de tourner ensemble Irma Vep où, de la même manière, il s’était inspiré de moi pour inventer un personnage de cinéaste. C’était une sorte de pastiche, il s’appropriait mes travers, mes tics de langage, ma gestuelle."

    "On ne se ressemble pas du tout physiquement, donc j’aimais bien qu’il y ait cette distance qui me permettait de me sentir libre par rapport à la façon dont il me représentait. Parce qu’en vérité je ne me reconnais pas tant que ça. En fait je suis même la dernière personne capable de voir à quel moment Vincent m’imite ou ne m’imite pas. On me le dit donc je le crois", se rappelle le metteur en scène.

    Un contrepoint

    Dans la répartition des rôles, Etienne, incarné par Micha Lescot, est le contrepoint de Paul qu’interprète Vincent Macaigne. Olivier Assayas précise : "Il y a un paradoxe qui fait tenir le film debout. C’est que Micha me ressemble plus que Vincent. Autant j’ai souvent joué avec une certaine ironie vis-à-vis de moi-même - je me représente très névrosé, mais plus névrosé que je ne le suis réellement (et plus un personnage de comédie que je ne le suis réellement) - autant j’étais beaucoup plus précautionneux quand il s’agissait de représenter mon frère car je voulais le faire de la façon la plus bienveillante possible."

    "D’une certaine façon, il y a des choses que je m’autorisais avec le personnage de Vincent que je ne m’autorisais pas avec le personnage de Micha qui avec pudeur et avec tact était toujours sur le fil."

    Détails importants

    Il y a, dans Hors du temps, une attention aux gestes, aux chemins répétés, aux itinéraires et à la façon dont le sentiment se traduit mieux parfois par une action. Olivier Assayas raconte : "J’aimais l’idée de faire un film où les évènements les plus marquants seraient aussi dérisoires que le fait de brûler une casserole ou raboter une porte, ce sont les deux coups de théâtre..."

    "Aussi, parce que je ne me suis jamais posé de question de dramaturgie ou de narration en l’écrivant au fil de la plume, sans jamais savoir où j’allais, le film s’est déployé dans le processus de son faire. C’est toujours comme ça d’une manière ou d’une autre mais cette fois c’était plus radical."

    Film hanté

    Olivier Assayas a tourné Hors du temps chez lui... Une chose qu'il redoutait beaucoup : "Au-delà du désagrément matériel, qui n’est pas négligeable de faire entrer chez soi, dans son intimité, une équipe de cinéma. Au résultat cela s’est mieux passé que ce que je craignais. J’avais même parfois suffisamment de distance pour me sentir un peu comme le décorateur de mon propre film. Cela dit, avec le recul, il demeure quelque chose qui relève de l’inquiétante étrangeté. Je parle souvent, et peut-être toujours, de fantômes dans mes films."

    "Et là c’est un film qui est vraiment hanté. Ni Paul, ni Etienne ne sont chez eux, ils sont chez leurs parents et persistent à être chez leurs parents. Mais leur rapport avec ces fantômes est différent. Etienne a refait faire sa chambre, pour se débarrasser du passé. Il l’a modernisée. Il l’a remise au temps présent. Tandis que Paul a, lui, un rapport irrésolu avec le passé. Et au lieu de le mettre à distance il fait l’inverse, il fait un travail sur lui-même pour s’immerger dans le passé et parvenir à habiter la chambre de sa mère."

    "Il y a quelque chose de littéral dans cette présence des fantômes. On est dans une maison où tous les objets, y compris les plus dérisoires, sont pour moi habités ; pas forcément pour les spectateurs, même si je pense qu’ils le ressentent par d’autres voies. J’ai vécu avec ces objets, je les connais, je sais d’où ils viennent, je sais quand mon père les a achetés. Mon père qui avait beaucoup voyagé en Orient collectionnait les objets d’art asiatique. Ce que je veux dire par là c’est que je vois constamment en 3D là où les autres voient en 2D."

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