La 7ème compagnie au clair de lune est très différent des deux précédents épisodes. Il leur est inférieur certes, mais surtout il y a un coté étonnamment mélancolique, un peu crépusculaire. Il y a de l’humour, et pourtant on sent que la saga touche à sa fin, beaucoup de pages se sont tournées par rapport aux épisodes antérieurs, des personnages ont disparu. Cela fait qu’il est probablement plus difficile d’entrer pleinement dans le film.
Le trio principal est toujours au rendez-vous avec Mondy-Lefèbvre-Guybet. Ils livrent tout trois un numéro sans surprise, mais qui parvient toujours à être efficace et amusant, même si la complicité Lefèbvre-Guybet est moins bien exploitée ici. Il y a par ailleurs quelques seconds rôles de qualité, notamment ceux de Gérard Hérold, Gérard Jugnot et André Pousse. A noter le petit rôle de Jean Carmet aussi. Tout ce casting assure un divertissement sympathique, mais il est vrai qu’il y a un coté plus réaliste, avec une absence presque totale de personnages décalés, au contraire de ce que proposait les deux films antérieurs, et surtout le 2.
Le scénario est ici un peu étrange. En fait il avance assez péniblement, s’intéressant cette fois au milieu de la résistance, mais en paraissant stagner. Après un début prometteur, jusqu’à la séquence de l’avion, ensuite le film s’enlise, ne sachant trop quelle direction prendre. Il n’a plus vraiment d’enjeu, les décisions des personnages sont plutôt contradictoires. Par ailleurs le rythme est nettement moins soutenu, et les gags s’enchainent de façon plus poussive. Si quelques-uns sont toujours efficaces, malheureusement leur fréquence est assez rare, avec de surcroît, une dimension « aventure » moins cocasse.
Sur la forme, la 7ème compagnie au clair de lune est dans la continuité des épisodes antérieurs. La mise en scène est assez convaincante. Lamoureux souffre toujours d’un léger manque de fluidité dans son travail, avec quelques séquences d’action qui en souffrent un peu (celle du bateau à la fin), néanmoins c’est très convenable, et il y a des passages réussis (la course poursuite avec les allemands). La photographie est sobre mais réaliste et élégante. Elle sert parfaitement les décors naturels et la reconstitution d’époque, qui s’avère très bonne. C’est bien l’âme des années 40 que délivre ce film, et c’est franchement prenant. De ce point de vue il n’y a rien à redire. Enfin, la musique est toujours au rendez-vous, le thème bien connu de la série qui d’entrée saisit le spectateur.
Au final, la 7ème compagnie au clair de lune est un métrage convenable, mais qui marque un certain essoufflement par rapport aux deux précédents films. L’intention de Lamoureux en changeant l’univers de sa saga est louable, mais il s’est coupé de beaucoup trop d’éléments pour inscrire ce troisième film dans la continuité des deux autres. Par ailleurs, il a visiblement peiné lui-même pour garder le même dynamisme, et le même allant comique. Heureusement il reste les acteurs principaux et un travail formel de qualité, pour continuer d’entretenir un réel intérêt.